Warrior de Gavin O'Connor
Réalisateur : Gavin O’Connor
Année : 2011
Origine : Etats-Unis
Durée : 2h20
Avec : Joel Edgerton (Brendan Conlon), Tom Hardy (Tom Conlon), Jennifer Morrison (Tess Conlon), Frank Grillo (Frank Campana), Nick Nolte (Paddy Conlon), etc.
FICHE IMDB
Synopsis : Ancien Marine brisé, Tommy Conlon rentre au pays et demande à son père de le préparer pour un tournoi d’arts martiaux mixtes qui lui permettrait de gagner une fortune. Personne ne sait ce qu’il espère faire de cet argent. Le propre frère de Tommy, Brendan, décide lui aussi de s’engager dans la compétition pour essayer de sauver sa famille.
Réalisé par Gavin O'Connor (Le prix de la loyauté), Warrior est un film ayant comme trame principale les combats. D’un point de vue chronologique, il arrive après The wrestler et surtout après Fighter, sorti la même année au début de 2011. C'est d'ailleurs ce qui fait la grande limite de Warrior. Ce long métrage a la malchance d'arriver après l'excellent Fighter de David O.Russell et son histoire forte entre deux frères, interprétés brillamment par Mark Wahlberg et Christian Bale.
Dans Warrior, il est aussi question d'une relation conflictuelle entre deux frères. Sauf que si dans Fighter, toute la relation et tout le passé était clairement fouillé, décrypté et ressassé, dans Warrior il n'en n'est rien. On comprend simplement ici qu'il y a un lourd contentieux familial entre Brendan Conlon, professeur de physique qui a fondé sa famille et Tom Conlon, déserteur de l'armée. Tom est celui qui est l'écorché vif, qui en veut au monde entier, et notamment à son frère à qui il reproche de ne pas l'avoir suivi avec sa mère quand ils en ont eu l'occasion. Les deux frères nourrissent une rancœur entre eux mais aussi contre leur père.
Voilà pour le contexte mais on peut clairement reprocher au film de David O'Connor de ne pas insister davantage sur ce contentieux familial alors que le film dure tout de même 2h20 !
Même en faisant abstraction à l’existence de Fighter, on a tout de même l'impression en regardant Warrior d'avoir vu ce film de combat des dizaines de fois. Il faut dire que le scénario est loin d'être fin et l'histoire est même cousue de fil blanc. On voit que pour des raisons différentes les deux frères se remettent à combattre – ce qu'ils n'avaient plus fait depuis un bout de temps – et parviennent à s'inscrire à un tournoi de combat qui regroupe 16 des plus talentueux combattants du globe. On va donc avoir droit à toute une série de combats, qui ont d'ailleurs le mérite d'être plutôt bien filmés, d'être dynamiques et de donner de l'intensité au film.
Cela étant dit, il aurait été appréciable de relancer l'action avec d'autres intrigues car une fois que ce tournoi est lancé, on a droit plus qu'à cela. Du coup, même si les combats sont bien filmés, ils se révèlent assez redondants.
De plus, il faut reconnaître que l'on se doute bien que l'on aura en fin de compte une finale entre les deux frères. Si ce dernier combat attendu est marqué du sceau de l'intensité, notamment sur le plan émotionnel, il aura tout de même fallu attendre longtemps pour se prendre au jeu.
Du côté de la distribution, rien à redire. C'est notoirement la qualité première du film. Joel Edgerton est très bon dans le rôle de cet homme acculé par les dettes et qui a besoin de réussir ce tournoi pour se sortir d'un mauvais pas. Il interprète très bien ce gentil garçon qui veut prouver au monde ce qu'il peut faire. L'acteur Tom Hardy lui rend parfaitement la pareille dans le rôle difficile de Tom Conlon. Ce dernier est certainement le personnage le plus complexe, qui doit composer avec son lourd passé qui est encore ouvert comme une plaie béante. On notera aussi la présence de Nick Nolte, impeccable dans le rôle du père qui était autrefois alcoolique, a commis beaucoup d'erreurs dans le passé et tente désormais de se racheter.
Au final, Warrior est un film qui se suit très correctement mais auquel il manque sérieusement un scénario digne de ce nom. C'est dommage car les séquences de combat sont plutôt bien fichues et on sent tous les acteurs particulièrement investis dans leurs rôles respectifs.
Un beau matin de Mia Hansen-Løve (critique film + DVD)
Réalisatrice : Mia Hansen-Løve
Année : 2022
Origine : France
Durée : 1h49
Avec : Léa Seydoux, Melvil Poupaud, Pascal Greggory, Nicole Garcia, etc.
Editeur : Blaq Out
Date de sortie en DVD : 7 mars 2023
Synopsis : Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu'elle s'engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps...
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2022, Un beau matin est sans conteste une des œuvres plus réussies de Mia Hansen-Løve, que l’on peut ranger aux côtés des excellents Le père de mes enfants (2009) et Un amour de jeunesse (2011). Mine de rien, cette jeune cinéaste commence à se faire une belle place au sein de la cinéphilie française, à tel point qu’elle a eu droit en septembre 2022 à une rétrospective à la cinémathèque française.
Avec Un beau matin, le spectateur se trouve en face d’une chronique touchante qui évolue au gré des saisons. L’influence de l’un des réalisateurs fétiches de Mia Hansen-Løve, Eric Rohmer, est évidente. D’ailleurs, le casting en est une preuve concrète. On retrouve un probant Melvil Poupaud qui a certes un peu vieilli mais donne tout de même l’impression d’être sorti de Conte d’été. Et puis il y a un acteur récurrent de Rohmer, le très bon Pascal Greggory. Pour rendre la pareille à ces deux acteurs, Mia Hansen-Løve a fait confiance à l’une des actrices actuelles les plus en vue, à savoir Léa Seydoux. On ne l’imagine pas forcément dans un univers rohmerien. Et pourtant, l’actrice est convaincante dans le rôle de Sandra, une jeune femme élevant seule sa fille et s’occupant d’un père de plus en plus dépendant (Pascal Greggory). Le hasard met sur sa route son amour de jeunesse (Melvil Poupaud), clin d’œil évident par son scénario au formidable Conte d’hiver de Rohmer et à son final réjouissant.
Par le cinéma, Mia Hansen-Løve cherche à se rapprocher de la vérité. Elle souhaite faire des films qui parlent de la vie. Et c’est effectivement ce dont parle Un beau matin. C’est un long métrage à l’image de la vie, avec des moments de gaieté (la passion amoureuse) et des moments plus difficiles (aider son père de plus en plus dépendant, symbole du temps qui passe). Avec un talent indéniable, Mia Hansen-Løve parvient à contrebalancer des moments de tristesse avec des instants de joie. A cette occasion, Léa Seydoux tient clairement un de ses meilleurs rôles. Elle est crédible à la fois en mère, fille et amante. Dans le rôle de Sandra, elle est habituée à être au service des autres avec son travail de traductrice/interprète, l’éducation de sa fille et donc l’accompagnement de son père. Sans aucun pathos, le film aborde la maladie neuro-dégénérative du père, enseignant émérite à la retraite, qui a bien conscience de ce qui lui arrive : « Cette maladie me punit dans ce que j’ai de plus cher : la lecture ». Comme à son habitude, Pascal Greggory est excellent. On n’a même pas l’impression qu’il joue un rôle.
Dans le même temps, ce beau matin met en avant la passion amoureuse qui gagne Sandra dans la relation qu’elle entretient avec son amoureux. Il faut voir à quel point cette femme irradie lorsqu’elle reçoit le texto tant attendu, alors qu’elle est dans le quotidien des transports en commun. La réalisatrice filme sans fards des scènes d’étreinte, d’excitation. Tout cela remplace des discours qui seraient totalement superflus. Beaucoup de choses ont lieu dans des non-dits.
Par l’ambivalence de son long métrage (alternance des bons côtés et des moments plus douloureux), Mia Hansen-Løve semble signaler au spectateur la nécessité de profiter de la vie et plus généralement de chaque minute de celle-ci, car tout cela est précieux.
Film simple en apparence, Un beau matin constitue une œuvre forte, délicate et à la portée universelle. En cela, la réalisatrice Mia Hansen-Løve continue de tracer son sillon au sein du cinéma français. C’est une digne héritière de Rohmer, à tel point qu’à l’issue de la projection, on a une forte envie de (re)voir Conte d’hiver.
Caractéristiques du DVD édité par Blaq Out :
L’image : Elle est impeccable et rend justice à la belle photographie de ce film, qu’il s’agisse des scènes en extérieur ou à l’intérieur d’appartements parisiens et d’EHPAD.
Le son : Un son en dolby digital 5.1 (et en 2.0) tout à fait satisfaisant. On louera une nouvelle fois l’excellente initiative de Blaq Out de mettre à disposition des sous-titres pour les sourds et malentendants. Mais aussi l’option offerte de consulter le film en audio-description.
Supplément : Mia Hansen-Løve par Mia Hansen-Løve, une leçon de cinéma, animée par Frédéric Bonnaud et Bernard Benoliel, dans le cadre de la rétrospective Mia Hansen-Løve, à la cinémathèque française du 21 au 26 septembre 2022. Ce bonus permet d’apprendre de nombreuses anecdotes autour de Mia Hansen-Løve la cinéaste et de sa filmographie. Toutefois, ce bonus souffre de deux écueils : il est trop long (1h22) avec une interaction avec le public qu’au bout d’1h14. Par ailleurs, cette « leçon de cinéma » n’est pas en lien direct avec le film. Il eut été plus pertinent de faire un entretien d’une demi-heure avec la cinéaste Mia Hansen-Løve.
Destination finale 5 de Steven Quale
Titre du film : Destination finale 5
Réalisateur : Steven Quale
Année : 2011
Origine : Etats-Unis
Durée : 1H35
Avec : Nicholas d'Agosto (Sam Lawton), Emma Bell (Molly), Miles Fisher (Peter), Ellen Wroe (Candice), Jacqueline Macinnes-Wood (Olivia), P.J. Byrne (Isaac), Arlen Escarpeta (Nathan), David Koechner (Dennis), Tony Todd (Bludworth), etc.
Synopsis : Dans ce cinquième épisode, la Mort est toujours aussi omniprésente et se déchaîne après qu’un homme soit victime d’une terrible prémonition, laquelle permet de sauver ses collègues de l’effondrement d’un pont suspendu.
Le premier Destination finale, alors mis en scène par James Wong, comportait une vraie originalité par son scénario. En effet, un personnage avait des visions d'un événement tragique qui le concernait, et réussissait à en réchapper avec certains de ses camarades. Grâce à ses visions, il échappait à la mort. Tout l'intérêt du film résidait alors dans le fait que la Mort, qui avait prévu que ces « survivants » décèdent, s'attache à faire disparaître ces personnages un à un. Une fois le scénario établi, le film peinait à se renouveler. On assistait simplement à une succession de décès. Pour autant, par son originalité initiale, Destination finale demeurait un film d'horreur correct.
Avec Destination finale 5, la singularité du film original a complètement disparu. Le réalisateur, Steven Quale, dont le fait principal de guerre consiste alors à avoir été le superviseur des effets visuels d'Avatar, se contente ici de reprendre les mêmes idées que le premier film de cette saga et de les adapter dans un environnement différent. Le film est beaucoup plus attendu, même si on le suit sans déplaisir.
Et puis les acteurs du film sont loin d'être transcendants. On peine à s'identifier à eux, tant leur jeu est prévisible et stéréotypé.
Cependant, on a tout de même droit dans les premières minutes du film à une scène spectaculaire qui voit un pont s'effondrer et causer du même coup des morts et des dégâts matériels importants. Comme dans les autres Destination finale, un personnage aura vu avant tout le monde cette scène et aura donc pu sauver avec lui sept de ses camarades (les Destination finale ont bien souvent des héros assez jeunes, le film étant destiné à un public plutôt de teen).
La suite – logique quand on connaît le principe des Destination finale – va donc consister à montrer les décès des rescapés de la catastrophe du pont, qui se révèlent assez sadiques, cyniques (comme le dernier à la fin de ce long métrage) et violents. C'est d'ailleurs l'intérêt principal du film que de voir se succéder les morts. On peut d'ailleurs pour s'amuser chercher à savoir quel personnage va être la prochaine cible de la Mort.
La variété des morts des personnages est aussi une qualité de ce film d'horreur : l'un décède en faisant de la gymnastique ; un autre lors d'une séance de massage ; un autre en allant voir son ophtalmo (il ne manquait plus que le dentiste !), etc. La Mort peut frapper n'importe où et à n'importe quel instant. De surcroît, la personne qui va décéder ne meurt pas forcément de la façon dont on l'imaginait au départ. Ce dont on est sûr, c'est que ces morts paraissent inéluctables. Comme le dit un mystérieux personnage du film, « un à un la Mort vient les prendre ». En effet, « la mort déteste être trompée ».
Destination finale 5 a donc quelques atouts dans sa manche. C'est un film d'horreur pop-corn qui est relativement plaisant à voir même s'il reprend les vieilles recettes de Destination finale. Le film ne fait que décliner le concept de base de Destination finale.
Au final, en dépit d'un manque d'originalité sur le plan scénaristique et de personnages pour le moins caricaturaux (ceci certainement en raison d'un ton orienté teen movie), Destination finale 5 se suit plutôt agréablement en raison de scènes de meurtres tout à la fois cyniques et sanglantes.
Ce n'est clairement pas le film de l'année mais cela reste regardable. Par contre, au regard du manque d'ambition de ce film et de sa mise en scène classique (il aurait pu être fait par n'importe quel réalisateur), ce nouvel épisode de cette franchise reste à réserver aux amateurs.
Limitless de Neil Burger
Réalisateur : Neil Burger
Année : 2011
Origine : Etats-Unis
Durée : 1H45
Avec : Bradley Cooper, Robert De Niro, Abbie Cornish, etc.
Synopsis : Eddie Morra rêve d’écrire, mais l’angoisse de la page blanche le paralyse. Sa vie sans éclat bascule lorsqu’un ami lui fait découvrir le NZT, un produit pharmaceutique révolutionnaire qui lui permet d’exploiter son potentiel au maximum. Eddie peut désormais se souvenir de tout ce qu’il a lu, vu ou entendu ; il peut apprendre n’importe quelle langue en une journée, résoudre des équations complexes et subjuguer tous ceux qu’il rencontre – tant qu’il reste sous l’influence de cette substance qui n’a pas encore été testée.
Neil Burger est un cinéaste dont la filmographie oscille entre le bon et le franchement mauvais. Réalisateur du sympathique film L'illusionniste (2007), il est également coupable du peu captivant et assez ridicule Voyagers (2021) avec Lily-Rose Depp. Heureusement, Limitless fait partie des bonnes cuvées. L’'histoire est celle d'Eddie Morra, un écrivain raté, qui a de sérieux problèmes financiers, est lâché par sa copine et est en train de sombrer dans un début de dépression. C'est alors que par hasard il tombe sur son ex beau-frère qui lui offre une pilule qui va littéralement changer sa vie. En effet, cette pilule, le NZT, agit comme une drogue qui va décupler ses capacités intellectuelles. Du coup, Eddie n'est plus du tout le même homme. Il voit les choses beaucoup plus vite qu'auparavant et il peut utiliser à fond toutes les possibilités offertes par son cerveau. En quelques jours, il réussit à boucler le livre dont il n'avait jamais pu achever la première page !
Rapidement, Eddie gravit quatre à quatre les échelons de la société. Il s'attaque au monde de l'économie afin de gagner un maximum d'argent. On peut voir ici un parallèle entre le principal protagoniste de ce film et celui de Pi de Darren Aronofsky. En effet, dans les deux cas, les personnages réfléchissent sur les chiffres de la Bourse, en pensant qu'ils ont des suites logiques. Et puis comme dans Pi, le personnage principal est pourchassé. Enfin, comme dans Pi, les personnages sont victimes de violents maux de tête.
Ici, Eddie doit faire face aux autres personnes qui ont eu accès au NZT et qui cherchent à nouveau à utiliser ce produit. On se retrouve donc dans une sorte de thriller mâtiné de fantastique. Le film comprend de nombreux rebondissements. D'autant qu'Eddie, doit en même temps résoudre le problème les effets indésirables (vomissements, trous de mémoire très importants) liés au NZT.
Si ce long métrage est avant conçu comme un divertissement grand public, le réalisateur Neil Burger a tout de même voulu faire passer un message. Ainsi, l'évocation du monde de la finance avec la plus grande fusion d'entreprises de l'histoire n'est pas anodine. Elle est là pour appuyer l'idée selon laquelle de nos jours certaines personnes sont capables de gagner beaucoup d'argent en peu de temps. Le réalisateur critique ouvertement la génération de jeunes gens, genre Facebook ou Youtube, qui se font de l'argent en un rien de temps. On est dans une société de l'argent facile.
Pour bien étayer son propos, le cinéaste Neil Burger a confié le rôle principal du film à Bradley Cooper, le beau gosse de Very bad trip, qui campe ici avec brio un personnage ayant des ambitions de plus en plus importantes. On notera aussi la présence au casting d'un Robert de Niro d'une exemplaire sobriété. Ca le change clairement de certains rôles sur-faits où on a pu le voir en train de cabotiner à mort. Limitless est donc un film qui bénéficie de plusieurs qualités. Pour autant, le réalisateur gâche un peu l'ensemble en raison d'une mise en scène jouant beaucoup trop sur le côté clinquant. Les effets de mise en scène sont incontestablement un peu trop tape-à-l'oeil. Certes l'idée est de montrer ce que ressent le personnage lorsqu'il ingurgite le fameux NZT. Pour autant, le réalisateur en abuse en nous assénant des travellings avant à tout va, des accélérés ou encore des déformations de l'image. Tout cela paraît un peu surfait et surtout cela prouve une fois de plus que nombre de réalisateurs américains ne peuvent s'empêcher de prendre indirectement le spectateur pour un imbécile, en surlignant au possible certaines scènes. Et puis ces effets visuels finissent par donner mal au crâne, comme le héros ! C'est dommage. Dans le même ordre d'idée, une voix-off nous explique tout ce qui se passe.
Au final, Limitless (littéralement « sans limites ») est une sorte de thriller qui parvient largement à capter l'attention du spectateur par un scénario plutôt bien pensé. Cependant, la mise en scène clippesque du réalisateur finit franchement par moments par exaspérer le spectateur et amoindrit donc une partie du plaisir que l'on prend à regarder ce film. Je conseille tout de même le visionnage de ce long métrage qui ne manque pas d’attrait.
One dark night de Tom McLoughlin (critique film + blu ray)
Titre du film : One dark night (critique film + blu ray)
Réalisateur : Tom McLoughlin
Année : 1982
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h38
Avec : Meg Tilly, Melissa Newman, Robin Evans, Leslie Speights, Donald Hotto
Editeur : Rimini Editions
En édition collector blu ray + DVD + livret le 16 février 2023
Synopsis : Afin d’intégrer une confrérie étudiante, Julie doit se soumettre à un rite d’initiation : passer une nuit entière dans un imposant monument funéraire, sous le contrôle de deux autres étudiantes. Or, le mausolée est celui d’un ancien mage, qui possédait de terrifiants pouvoirs psychiques.
One dark night (Nuit noire en français) est le premier long métrage de Tom McLoughlin. Il est principalement connu des amateurs de cinéma d’horreur pour avoir mis en scène le sixième opus de la saga Vendredi 13 : Jason le mort-vivant, d’ailleurs un des plus réussis.
Sorti en 1982, One dark night est clairement sous influence de plusieurs œuvres réalisées peu de temps auparavant. Avec cette étudiante qui va devoir passer une nuit dans un mausolée, on songe forcément à l’excellent Phantasm de Don Coscarelli daté de 1979. Tom McLoughlin ne se contente pas de faire dans la redite, il apporte sa patte à ce film très personnel. On apprécie évidemment l’ambiance étrangère et mortifère qui se dégage via le mausolée et les tombes.
Mais il y a aussi le côté très réaliste de One dark night qui surprend pour un film destiné avant tout à un public d’adolescents et/ou de jeunes de jeunes adultes. Le début du film est étonnant avec ces personnes décédées dans des circonstances étranges lors d'un incendie. On se croirait presque dans Henry portrait d’un serial killer. D’emblée, on comprend que l’on n’est pas dans un film d’horreur classique avec un déroulement attendu.
Ce long métrage a en quelque sorte deux histoires en une : d’un côté on a l’histoire la plus intéressante avec ce sorcier télékinésiste dont on apprend progressivement les méfaits, de l’autre il y a cette jeune fille innocente qui va passer une nuit dans ce mausolée. C’est forcément quand il sort des sentiers battus et quand il joue totalement sur la notion de peur que One dark night est le meilleur. Parmi les meilleures scènes, il y a les visions morbides de la fille du télékinésiste décédé, des cauchemars particulièrement bien rendus. Et puis il y a le rapport des expériences faites par son père. Autant de moyens de faire monter la tension ce qui est fondamental dans un film manquant tout de même d’action.
Si One dark night est certes réussi par son ambiance macabre, il n’empêche que le film patine un peu, mettant trop de temps à installer ses personnages et à en venir à l’essentiel. On sent que la première heure a vraiment pour but de préparer le terrain.
Cela étant, les (télé)spectateurs qui seront restés en auront vraiment pour leur argent. Le dernier tiers du film est un modèle du genre. Les amateurs seront aux anges avec une horreur frontale impromptue dans ce genre de production. On a tout de même des morts en décomposition, de la chair putride, dans un environnement morbide au possible et sans échappatoire (le mausolée et ses longs couloirs). On navigue quasiment dans une atmosphère digne de Lovecraft avec des morts-vivants sortis d’un film de Fulci (L’enfer des zombies, 1979 et L’au-delà, 1981). Rien que pour sa dernière demi-heure, Nuit noire est hautement recommandable.
Au niveau de la distribution, il est amusant de constater que le rôle principal échoit à une jeune Meg Tilly, dans un des premiers rôles au cinéma, et qui est la sœur cadette de Jennifer Tilly, que l’on a vu dans plusieurs épisodes de la saga Chucky. Tout cela est donc parfaitement cohérent. Meg Tilly n’est pas forcément marquante même si elle remplit son rôle. On retiendra sans doute sa bonne petite bouille permettant au public cible de s’identifier à elle. L’actrice jouant la fille du télékinésiste paraît plus inspirée.
Un petit mot sur la musique d’ambiance participant à l’atmosphère lugubre de l’ensemble, en particulier lors des séquences horrifiques.
En synthèse, One dark night est une bonne surprise. Si le film est inégal, il comporte une ambiance unique et un dernier tiers génial. Voilà un film oublié que Rimini Editions a eu la bonne idée d’exhumer. De nouveaux spectateurs auront l’occasion de le découvrir.
Caractéristiques du blu ray édité par Rimini Editions :
L’image : l’éditeur avertit en préambule du film que « le master haute définition réalisé par les ayants-droits du film présente quelques défauts ». Pour autant, après visionnage, la copie nous paraît tout à fait convenable, surtout pour un film datant de 1982.
Le son : le film dispose d’un solide DTS-HD 2.0 tant en anglais (avec sous-titres français) qu’en français. Le doublage français d’époque rappellera de bons souvenirs à ceux ayant vu ce film à la télévision sur la défunte La cinq.
Les suppléments : aucun bonus, en dehors du film-annonce.
La dérive des continents de Lionel Baier (critique film + DVD)
Titre du film : La dérive des continents (au sud)
Réalisateur : Lionel Baier
Année : 2022
Origine : film franco-suisse
Durée : 1h26
Avec : Isabelle Carré, Théodore Pellerin, Tom Villa, Ursina Lardi, Ivan Georgiev, Adama Diop,etc.
Editeur : Blaq Out
En DVD le 7 février 2023
Synopsis : Nathalie Adler est en mission pour l’Union Européenne en Sicile. Elle est notamment chargée d’organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants. Présence à haute valeur symbolique, afin de montrer que tout est sous contrôle. Mais qui a encore envie de croire en cette famille européenne au bord de la crise de nerfs ?
A l’origine de La genèse des continents (au sud), il y ala vision de ces enfants échoués sur les plages italiennes en 2012-2013. On songe notamment aux centaines de migrants décédés ou portés disparus après le naufrage de leur bateau en 2013, sur l’île de Lampedusa, en Italie.
Plutôt que de proposer un énième documentaire sur le sujet, le cinéaste suisse Lionel Baier met en scène une fiction où l’Union européenne est loin d’apparaître sous son meilleur jourpar sa politique migratoire contestable, à commencer la représentation de celle-ci. Isabelle Carré joue le rôle de Nathalie Adler, une femme missionnée par l’Union européenne à Catane, en Sicile, pour que tout se passe bien lors de la visite attendue de Macron et Merkel.
Le réalisateur Lionel Baier se moque ouvertement de cette mise en scène grotesque et pathétique dans la représentation des migrants. Le représentant de l’Elysée est ainsi mécontent car il ne voit pas assez de misère. Eh oui, il ne faudrait surtout pas montrer des migrants qui vont bien ! Le top de la crétinerie est atteint lorsque l’on reproche àun figurant de jouer un sénégalais parlant trop bien français !
La dérive des continents se moque (gentiment) de tous ces faux-semblants, d’une Europe peinant à être unie et à gérer de façon cohérente cette question épineuse des migrants. On ne cesse de parler des migrants mais à aucun moment on ne leur demande leur avis, et comment ils ressentent les choses.
Lionel Baier fait le choix d’évoquer la crise migratoire par des ressorts comiques qui ont le mérite de dédramatiser un sujet sensible. D’un côté, on a un personnel administratif ridicule dissimulant la réalité aux yeux du grand public. De l’autre, quelques scènes surréalistes à l’image de cette météorite s’écrasant sur une voiture. Cette séquence, que ne renierait pas Quentin Dupieux (réalisateur de Rubber, Au poste !ou plus récemment de Fumer fait tousser), est totalement absurde, et révélatrice de ce qui se passe.
Car sans avoir l’air d’y toucher, La dérive des continents est une œuvre où tout le monde parle plein de langues différentes. On croit se comprendremais en réalité on ne se comprend pas. A commencer par le couple franco-allemand qui établit en permanence un jeu de pouvoirs.
L’incommunicabilité est au cœur de l’intrigue, et trouve sa meilleure caractérisation dans la relation entre Nathalie Adler et son fils. La rencontre est forcément explosive entre deux êtres que tout sépare : une fonctionnaire docile travaillant pour une Union européenne aux méthodes contestables pendant que le fiston est engagé dans une ONG. Leurs retrouvailles seront l’occasion de mettre à plat des années de rancœur et d’incompréhension.
Gageons qu’il en soit de même pour l’Europe et que l’on parvienne enfin à s’entendre autour de la gestion de la crise migratoire. Car derrière ces problèmes économico-politiques, il y a la vie d’êtres humains qui est en jeu.
Avec un sens de l’humour et de la dérision assumée, La dérive des continents se moque de nos dirigeants et de cette politique migratoire. Cela étant, si l’on rit parfois, il manque quelque chose à ce film pour qu’il devienne vraiment marquant. Le constat effectué est tout à fait juste mais il manque un coup de folie, que l’on retrouve par exemple dans le cultissime et ô combien politique To be or not to be d’Ernst Lubitsch.
Caractéristiques du DVD édité par Blaq Out :
L’image : La qualité d’image du DVD est excellente, ce qui est d’autant plus visible que les scènes diurnes et en extérieur sont nombreuses dans le film.
Le son : Un son en dolby digital 5.1 (et en 2.0) bien réparti dans l’espace. Comme souvent chez Blaq Out, on apprécie que des sous-titres soient disponibles pour les sourds et malentendants. Mais aussi l’option offerte de consulter le film en audio-description.
Les suppléments : Un seul bonus, mais tout à fait appréciable, puisqu’il s’agit d’un entretien avec le réalisateur d’une durée de 26 minutes. Le cinéaste suisse est très clair sur ses intentions et par rapport au ressenti de son film. Voilà un excellent complément au film.
Les émotifs anonymes de Jean-Pierre Amérys
Titre du film : Les émotifs anonymes
Réalisateur : Jean-Pierre Amérys
Année : 2010
Origine : France
Durée : 1h20
Avec : Benoît Poelvoorde (Jean-René), Isabelle Carré (Angélique), etc.
Synopsis : Jean-René, patron d’une fabrique de chocolat, et Angélique, chocolatière de talent, sont deux grands émotifs. C’est leur passion commune pour le chocolat qui les rapproche. Ils tombent amoureux l’un de l’autre sans oser se l’avouer. Hélas, leur timidité maladive tend à les éloigner.
Réalisé par Jean-Pierre Améris, Les émotifs anonymes est comme son titre l'indique un film sur les émotifs. Et le cinéaste sait précisément de quoi il parle étant donné qu'il en est lui-même un.
Pour aborder ce sujet qui peut être problématique pour ceux qui sont particulièrement émotifs, le réalisateur français a choisi de l'aborder par le ton de la comédie. Et il a décidé de marier là-dessus une histoire romantique. Pour jouer les rôles principaux, deux acteurs chevronnés et de grande qualité ont été retenus : Benoît Poelvoorde interprète Jean-René le chef d'une entreprise de chocolaterie qui vivote alors qu'Isabelle Carré joue pour sa part Angélique, une chocolatière de grand talent.
Évidemment, avec de tels rôles, on comprend aisément que ces deux personnes vont être amenées à se rencontrer. Jean-Pierre Améris a la bonne idée de tirer parti du fait que ses deux personnages principaux sont émotifs pour apporter un peu d'originalité dans un genre, la comédie romantique, extrêmement balisée.
Ainsi, Jean-René se révèle assez peu avenant lors de la première rencontre avec Angélique car il a peur des gens et notamment des femmes, alors qu'Angélique cache le fait qu'elle est un grand chef, pour ne pas perdre tous ses moyens.
Pour se guérir de son émotivité ou en tout cas pour mieux vivre avec, chacun a son truc. Angélique va dans des rencontres d'émotifs anonymes (c'est d'ailleurs par là que débute le film), que l'on ne trouve en France que dans des villes très importantes. Le système est le même que pour résoudre d’autres maux comme celui de l'alcool par exemple. Chacun évoque ses soucis devant d'autres personnes rencontrant le même problème. En dehors de ça, Angélique se répète qu'elle a « quand même confiance » en elle.
De son côté, Jean-René déteste répondre au téléphone car il ne sait pas qui va être à l'autre bout du fil. Ses moyens pour vaincre son émotivité sont le fait d'écouter des cassettes et surtout d'aller voir un psychanalyste qui lui propose des solutions opérationnelles pour mieux vivre au quotidien sa timidité maladive. Une de ses citations exprime plutôt bien sa pensée : « Je n'ai pas de problèmes avec les femmes, elles me terrorisent, c'est tout. »
Les situations de timidité de l'un et de l'autre donnent lieu à certaines scènes amusantes, comme le fait qu'Angélique fait passer ses créations en matière de chocolaterie derrière celles d'un soi-disant ermite afin de ne pas être sur le devant de la scène. De son côté, Jean-René laisse carrément en plan Angélique lors d'un repas au restaurant, n'arrivant pas à se sentir à l'aise.
Même si l'émotivité est au cœur de ce film, on regrettera tout de même qu'elle soit traitée de manière superficielle, voire carrément caricatural par instants. Le fait d'en faire des tonnes (les employés qui pressent leur patron et l'accompagnent pour retrouver Angélique) finit par desservir le film.
C'est dommage car les deux acteurs, Benoît Poelvoorde et Isabelle Carré sont plutôt bons et ne sont nullement à remettre en cause. Au contraire. Si le film s’en sort, c'est grâce à leur charisme et à leur interprétation.
Côté mise en scène rien de marquant n’est à signaler. En revanche, la photographie a été bien travaillée, de telle manière que l'on a l'impression d’un film atemporel. Il a un petit suranné qui est agréable et lui donne un charme certain. Le thème du chocolat apporte lui aussi une vraie gourmandise à ce long métrage plein de bons sentiments.
Côté charme, on ne pourra d'ailleurs qu'être conquis par la superbe déclaration d'amour que fait Jean-René à Angélique lors d'une rencontre d'émotifs anonymes.
Au final, Les émotifs anonymes est un film sympathique qui aurait mérité de traiter avec plus de sérieux le thème de l'émotivité. D'autant que le scénario comporte peu de surprises et se déroule comme on aurait pu aisément l'imaginer. Les acteurs de ce long métrage sont heureusement là pour permettre au spectateur de passer somme toute un bon moment.
Sauvée par amour de D.J. Caruso
Titre du film : Sauvée par amour
Réalisateur : D.J. Caruso
Date de sortie en DVD : 3 janvier 2023
Editeur : Saje distribution
Origine : Etats-Unis
Durée : 2h09
Avec : Abigail Cowen, Tom Lewis, Famke Janssen, etc.
Synopsis : 1850, Californie, au cours de la ruée vers l'or. Angel est une enfant qui se voit vendue pour se prostituer. Après des années de violence, de dégoût de soi-même et de mépris, elle rencontre Michael Hosea. L'amour va l'aider à panser ses plaies.
Sauvée par amour est une adaptation du roman à succès (plusieurs millions d’exemplaires vendus dans le monde) de Francine Rivers sorti en 1991. A cette occasion, le scénario du film est d’ailleurs signé Francine Rivers et D.J. Caruso est à la réalisation.
Il s’agit d’un drame romantique avec en toile de fond la prostitution, la rédemption et...l’amour. Soyons honnête, le film aurait bien du mal à se démarquer du tout-venant et notamment des nombreux téléfilms qui pullulent, s’il ne comportait pas un personnage féminin au passé traumatique et une dimension religieuse importante.
Sauvée par amour se passe donc en Californie en 1850. Un jeune fermier, Michael, prie Dieu pour qu’il lui permette de rencontrer la femme de sa vie. C’est ce qui se passe lorsqu’il aperçoit en ville Angel, une prostituée dont il tombe immédiatement amoureux. Le scénario du film n’est pas franchement renversant, mais il comporte un aspect romanesque évident, qui devrait plaire aux amateurs de films et séries romantiques.
Et puis il y a tout de même un côté dramatique mis en avant à plusieurs reprises par le biais de flashbacks nous racontant la jeunesse d’Angel et la façon dont cette dernière s’est retrouvé à vendre son corps dans une maison close. Destiné sans nul doute à un public très large, le film aborde pourtant des thématiques assez dures telle que la prostitution forcée, l’adultère et même la pédophilie ! Voilà qui évidemment donne du piment à une œuvre pas aussi lisse qu’on aurait pu l’imaginer au départ.
Les cinéphiles remarqueront également que Sauvée par amour comporte de nombreuses allusions à la religion catholique, à l’instar du roman original. L’histoire d’Angel est celle d’une rédemption en plus de celle d’une femme qui va ouvrir progressivement son cœur. Par ailleurs, Angel s’appelle en fait Sarah et les parallèles avec la célèbre figure biblique sont clairs, à commencer par la stérilité supposée. Enfin, on constate que le personnage de Michael s’en remet souvent à Dieu, point qui est encore plus marquant dans le roman.
Si la mise en scène du film est avant tout fonctionnelle et pourrait être l’œuvre de n’importe quel cinéaste, en revanche on relève un bel effort concernant la photographie. Un véritable soin a été apporté à l’éclairage, que ce soit dans les scènes à l’intérieur des maisons ou lors des séquences privilégiant le lever ou le coucher de soleil avec nos deux protagonistes. Quoi de plus romantique !
Au niveau de la distribution, Michael est joué par Tom Lewis. L’acteur a malheureusement le rôle le moins intéressant et le plus lisse. L’aspect passionnel et invétéré de son amour devrait certes ravir les amateurs du genre. Toutefois son personnage manque forcément de profondeur. A l’inverse Abigail Cowen s’en sort bien mieux dans le rôle d’Angel. Il faut dire que son personnage est bien plus complexe, cabossé par les événements de la vie. Et puis elle refuse à de nombreuses reprises l’Amour qui est lui proposé.
Un petit mot relatif au lieu du tournage. Contrairement à ce que l’on imagine, le film n’a pas été tourné aux États-Unis mais en Afrique du Sud ! Le réalisateur et son équipe ont en tout cas choisis des endroits pertinents, laissant penser au spectateur que l’on est bien dans la Californie de 1850.
Sauvée par amour manque sans doute d’ambition et se retranche (souvent) derrière un schéma convenu. Cela étant, son aspect romantique est évident et ce long métrage ose aborder des thèmes pas si courants dans ce genre de film. Et puis pour ne rien gâchzr les acteurs principaux sont...beaux ! Voilàun film à même de séduire les âmes romantiques.
Caractéristiques du DVD édité par Saje distribution:
L’image : La qualité d’image du DVD est magnifique avec une définition superbe, que ce soit dans les scènes d’intérieurs ou dans les scènes extérieures.
Le son : Un son en dolby digital (et en stéréo) bien réparti sur le plan spatial. On peut regarder Sauvée par amour aussi bien en VOSTF qu’en VF. Le doublage français se révèle tout à fait satisfaisant.
Les suppléments : On a uniquement des bandes-annonces de DVD édités par Saje distribution : Infidel, The chosen saison 1 et Paul apôtre du Christ.
Hostel 3 de Scott Spiegel
Réalisateur : Scott Spiegel
Année : 2012
Origine : Etats-Unis
Avec : Thomas Kretschmann, John Hensley, Sarah Habel, Barry Livingston, Skyler Stone, Brian Hallisay, Kelly Thiebaud, Danny Jacobs
Synopsis : A Las Vegas, pendant un enterrement de vie de garçon, quatre amis sont entraînés par deux femmes sexy qui les invitent à les rejoindre dans une soirée privée. Une fois sur place, ils sont horrifiés de constater qu'ils sont pris au piège au coeur d'un jeu de torture macabre des plus sadiques.
Si Eli Roth n'est pas fondamentalement un grand cinéaste, il a eu le mérite de marquer les esprits des fans de films d'horreur avec ses films de tortures que constituent le diptyque Hostel et Hostel 2.
Cette série des Hostel ayant visiblement bien marché d'un point de vue commercial, elle a eu droit à une ultime suite. Eli Roth a alors laissé sa place à Scott Spiegel. Le changement de réalisateur s'en ressent franchement car la qualité du film est bien moindre pour Hostel 3 par rapport aux deux opus précédents.
Pourtant, les choses commencent plutôt bien dans Hostel 3. La première scène montre un couple d'Ukrainiens – qui réside aux Etats-Unis – prêt à piéger un jeune homme qui a tout d'un benêt. Sauf que selon l'adage « tel est pris qui croyait prendre », c'est le jeune homme qui va piéger ce couple en les droguant et en les faisant kidnapper. Voilà qui nous met l’eau à la bouche. Malheureusement la suite du film va s'avérer d'un niveau pour le moins décevant.
On suit les aventures de quatre Américains ayant décidé d'aller faire la fête à Las Vegas en l'honneur de l'un des leurs qui va prochainement se marier. Ce synopsis vous rappelle quelque chose ? C'est normal puisque cela correspond à la comédie culte Very bad trip. Mais la comparaison s'arrête là.
Parmi les défauts de ce film, on reprochera d'abord le fait que les personnages ne soient à aucun moment méfiants : « T'aimes les trucs bizarres ? » Réponse : Ouais j'adore. » Ces jeunes vont d'eux-même dans la gueule du loup et ça n'est pas très crédible.
Mais il y a pire. En effet, le concept même des Hostel a semble-t-il complètement disparu ou à tout le moins a été nettement atténué. Hostel allie pour les fans un érotisme soft avec une violence certaine lors des tortures. Ici, les scènes d'horreur sont peu nombreuses (une peau arrachée ; un homme tué à coups de flèches) et surtout sont très soft. Le côté malaisant des Hostel n'est pas vraiment de mise, de telle sorte que l'on n'est pas pris par l'action qui se déroule sous nos yeux.
Il faut dire que le réalisateur doit faire avec un directeur photo proche de la catastrophe. Ce long métrage donne l'impression d'assister à un téléfilm avec des couleurs délavées et floutage malvenu. Cela n'aide pas à rentrer dans le film.
Du côté de la distribution, c’est loin d’être le top. Les acteurs sont globalement transparents, à tel point qu'ils n'arrivent pas à dépasser les stéréotypes de leurs personnages.
Cela dit, le film comporte malgré tout quelques points positifs. Il y a d'abord le fait que l'un des quatre personnages principaux fasse lui-même partie de l'organisation qui assiste en direct à des tortures d'êtres humains. Si ce point n'est pas très crédible, il permet de relancer l'action. Ensuite, il y a la fin du film menée tambour battant, qui donne lieu à un combat avec le grand méchant et surtout à des twists plutôt bien vus.
Au final, Hostel 3 a plus l'allure d'un téléfilm que d'un film. Ce long métrage ne tient pas la comparaison par rapport à des deux aînés en raison notamment d'un gore au rabais et d'un manque évident de tension. Il reste malgré tout regardable, si vous manquez d’inspiration en matière de film d’horreur.
Echange standard de David Dobkin
Titre du film : Echange standard
Réalisateur : David Dobkin
Année : 2011
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h52
Avec : Ryan Reynolds (Mitch Planko), Jason Bateman (Dave Lockwood), Leslie Mann (Jamie Lockwood), Olivia Wilde (Sabrina McArdle), etc.
Synopsis : A l'école primaire, Mitch et Dave étaient deux copains inséparables. Mais au fil des années, leurs chemins se sont petit à petit éloignés. Dave est maintenant un brillant avocat, dévoué à son travail, à sa femme et à leurs trois enfants, alors que Mitch est toujours célibataire, tourne sporadiquement dans des films minables et fuit la moindre responsabilité comme la peste. Pour Mitch, la vie de Dave est un rêve : il a une femme délicieuse, des enfants qui l'adorent et gagne grassement sa vie. Quant à Dave, la vie de Mitch, dénuée d'obligations et de stress, le tenterait volontiers. À l'issue d'une nuit passablement arrosée, l'impossible va se produire : Dave se réveille dans la peau de Mitch, et vice-versa.
Réalisateur de comédies américaines qui ne vont pas chercher bien loin (Shangai Kid 2, Serial noceurs, Frère Noël), David Dobkin continue avec dans la même veine avec Echange standard. Dans ce film on nous montre l'échange de vie entre deux amis : d'un côté, on a Mitch Planko, un célibataire fainéant qui ne fait rien de sa vie, sinon de fréquenter le plus de filles possibles et de l'autre côté, on a Dave Lockwood, un bon père de famille qui a trois jeunes enfants et une excellente situation professionnelle. L'idée de faire changer de corps et donc de vie les personnages n'est certes pas d'une grande originalité mais il peut se révéler intéressant s'il est bien utilisé.
Le problème est que dans le cas présent on tombe rapidement dans deux écueils : d'une part, la vulgarité alors que que le film est censé être grand public et d'autre part la caricature. Ainsi, le film débute avec une blague scato au goût relativement douteux : un des enfants (un bébé, je précise) de Dave Lockwood, chie sur son père alors que ce dernier était en train de changer sa couche. La suite directe est du même acabit avec l'ami de Dave, Mitch, qui se révèle d'une incroyable vulgarité. Et puis pour arriver, au fameux « échange », les deux amis se mettent à uriner dans une fontaine. Quelle finesse !
Franchement, au bout de seulement vingt minutes de film, on est plus que tenté d’arrêter le film et de faire autre chose. Mieux vaut pourtant rester car le film s'améliore quelque peu. Comme on peut s'en douter, Echange standard ne va pas pour autant devenir une œuvre remarquable mais les choses s’améliorent. Le film lâche un peu le côté vulgaire (je dis bien un peu car on a toujours le droit à certaines réflexions très limites : « bourre-moi ce gros cul petit » ; « tu renverses cette grosse pute sur le dos » ; « mangeons maintenant car j'en ai plus le cul ») et caricatural pour s'intéresser un peu plus à ses personnages et au changement dans leur vie induit par cet échange.
C'est précisément quand le film n'en fait pas des tonnes via ses deux acteurs principaux qu'il est clairement le plus regardable. C'est ainsi que progressivement on voit bien que les deux principaux protagonistes prennent conscience de leur vie passée et actuelle et des erreurs qu'ils ont pu commettre, ou des choses qui restent à améliorer. Cette fois, si l'on rit, ce n'est pas de la nullité ou de la vulgarité du propos, mais bien de certaines situations qui sont réellement drôles. On peut par exemple citer cette réflexion de Dave à Mitch : « Je ne couche ni avec ma femme ni avec celle des autres. - C'est quoi cet enfer ? - Le mariage. »
De la même manière, le générique de fin est bien marrant avec Mitch qui a décidé d'envoyer à son ami une cassette d'un film pour le moins peu glorieux qu'il a tourné...
Le film traite aussi – certes uniquement en surface - quelques thématiques qui sont bien vues : la question de l'amitié, la relation homme-femme, la relation au sein d'un couple marié.
Côté acteurs, Ryan Reynolds est au départ extrêmement exaspérant mais c'est dû au rôle qu'il interprète. Le fait qu'il reste vulgaire alors qu'il joue le rôle d'un cadre d'une grande société n'est pas très crédible. Heureusement, son personnage s'affine par la suite, et du coup son jeu d'acteur lui aussi paraît meilleur. Jason Bateman est plus convaincant que Ryan Reynolds et son côté timide et homme pas sûr de lui est plutôt plaisant. Quant aux deux rôles féminins principaux, formés de Leslie Mann et d'Olivia Wilde ils tirent leur épingle du jeu et se montrent à leur aise dans des rôles globalement sensibles.
Au final, voilà une comédie certes quelque peu vulgaire (sans compter les quelques seins qui sont montrés de manière quasi gratuite) mais qui se laisse regarder et s’améliore après quelques scènes d'exposition assez nullissimes.