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Déjantés du ciné
22 février 2008

The descent de Neil Marshall

descentTHE DESCENT de Neil Marshall, 2005
Film britannique.
Durée : 1h 49min.
acteurs principaux : Nathalie Jackson Mendoza, Shauna Mcdonald

FICHE IMDB

résumé : six jeunes amies voient leur expédition spéléologique tourner au cauchemar.



On peut saluer le retour en force du film d’épouvante de qualité. Le film de Neil Marshall est une expérience à part entière : bénéficiant d’une photographie remarquable, il magnifie à merveille les replis les plus sombres de la psyché humaine.
    Car on ne peut le nier, The descent a une dimension psychanalytique évidente, affichée dès la scène-choc d’ouverture évoquant à la fois la jalousie, le doute (qui ne cesseront de se développer au cours du métrage) et le deuil.
    Si le film affiche d’emblée ses ambitions, il les développera avec une intelligence et une efficacité redoutables.
    L’histoire est celle d’un groupe d’amies amatrices de sports extrêmes et de sensations fortes qui décident de faire une expédition spéléologique aussi bien pour se retrouver et ressouder le groupe que pour divertir Sarah encore endeuillée de la mort de sa fille et de son mari.
    La femme forte du groupe s’appelle Juno et c’est à son initiative que le groupe s’est reformé.
    Il va sans dire que l’expédition tourne au cauchemar, car si en soi cela n’a rien de très novateur, c’est surtout prétexte à la révélation de nombreuses choses que l’on va assister.
    En effet, le cadre (des grottes de plus en plus étroites, sombres et humides, où nos héroïnes vont perdre toute notion de repère spatio-temporel pour finir par se perdre) n’est qu’une longue métaphore de la remontée vers l’inconscient, le refoulé.
    L’expédition va donc se transformer en voyage initiatique, où chacune va tomber les masques pour découvrir sa véritable identité et celle des autres.
    Une première chose notable : plus nos héroïnes progressent, plus elles semblent devoir remonter le temps. En effet, elles découvrent tout d’abord un piton utilisé par des spéléologues, mais qui doit remonter à un siècle tant il témoigne d’une technologie rudimentaire, pour finir par découvrir des peintures rupestres fournissant peut-être un plan de la grotte et un moyen d’en sortir.
    D’apparence anodine, cette remontée dans le temps n’est pas gratuite car elle s’accompagne d’un climat de tension au sein du groupe au bord de l’explosion. ce retour dans le temps préfigure et symbolise le retour à l'archaïsme, d'abord matériel, mais de plus en plus comportemental et psychique comme le film nous le montrera au fur et à mesure.
    En cela, Marshall est proche de Romero dans sa peinture du groupe d’individus vaincus dans l’adversité par leur propre dissension.
    Le climat de tension existant dans le groupe s’aggravera considérablement lorsque nos héroïnes deviendront les proies de créatures rampantes sorties de l’ombre.
    Ces créatures, à forme humaine, vont contribuer à réactiver une violence des plus primales et archaïques qui soit, une violence qui ne serait plus entachée de tabou.
    Dès lors, pour se protéger et parce qu’elles sont épuisées, effrayées et à bout de nerfs, nos héroïnes vont sombrer dans une folie meurtrière, où Juno et Sarah vont particulièrement s’illustrer.
    Les points d’oppositions de l’une et l’autre étant si nombreux qu’elles devaient naturellement s’affronter.
    Juno, brune, asiatique au caractère affirmé et autoritaire, célibataire, sportive et battante, semblait bien différente de Sarah, rousse, calme, mariée et mère de famille, prostrée et renfermée depuis qu’elle porte le deuil, presque naturellement soumise, mais surtout secrète.
    Les circonstances vont montrer, pour des raisons différentes, qu’elle sont trompeuses et que tout le monde est capable de la pire des violences quand il n’y a plus de repères.
    Juno et Sarah s’affirmeront dans leur capacité à tuer pour se protéger des créatures, ce qui donnera à Sarah l’occasion de se redéfinir en femme forte au sein du groupe éclaté, elle qui semblait en retrait.
    L’affrontement avec Juno se fera sur la base de la vengeance, car cette dernière a laissé mourir une de leurs amies qu’elle a blessée accidentellement.
    Mais très vite la jalousie va s’interposer car Sarah comprendra que Juno a eu une aventure avec son mari.
    Les dimensions psychanalytiques sont à mon sens nombreuses : on peut parler du cadre symbolisant le refoulé et l’inconscient. Mais on peut également parler de nombreux fantasmes archaïques présent dans le film : l’anthropophagie suggérée par les scènes de dévoration quand les créatures s’abattent sur les héroïnes, la claustrophobie et la paranoïa liées au manque d’oxygène, de lumière et à l’étroitesse des cavités préparant le terrain à un déchainement de violence telle que l’on n’en a vu depuis longtemps sur grand écran.
    En bref, un grand film, certes noir, qui montre peut-être simplement à quel point l’homme peut aller loin lorsque tout lui semble désespéré et qu’il est lui-même son propre démon, car ce n’est pas le moindre mérite de The descent que de suggérer au spectateur des peurs qu’il va lui-même projeter à l’écran.

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Commentaires
E
Je vois que tu es un vrai cinéphile!<br /> Perso, j'ai adoré the descent! Un film que j'ai eu la chance de voir au ciné! je me souviens que j'avais eu les boules de ma vie!<br /> La mise en scène est remarquable!
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