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Déjantés du ciné
4 mars 2008

Tales from the crapper de la Troma Team

Tales_from_the_crapper Réalisé par la Troma Team (composée pour ce film de Lloyd Kaufman, Gabe Friedman, Dave Peiko, Chad Ferrin et Brian Spitz)
Titre original : Tales from the crapper
Année : 2003
Origine : Etats-Unis
Durée : 97 minutes

Avec : Julie Strain, Lloyd Kaufman, Gabe Friedman, Debbie Rochon, Masuimi Max, James Gunn, Ron Jeremy,...

Fiche IMDB

 

Production Troma, légendaire firme de cinéma indépendante américaine à qui l’on doit les incroyables Toxic Avenger, Sgt Kabukiman NYPD, Terror firmer ou encore Tromeo et Juliet, Tales from the crapper a été signé en 2003 par la Troma Team, ici composée du boss de Troma, Lloyd Kaufman, puis de Gabe Friedman, Dave Peiko, Chad Ferrin et Brian Spitz. Se voulant un hommage « tromesque » à la célèbre série télévisée américaine Les contes de la crypte (en anglais, Tales from the crypt).

Cette réalisation collective cache en fait le remontage de deux films complètement fauchés (et sans doute nuls), que l’équipe de Troma a accompagné de sketches déjantés dans la droite ligne de la célèbre série télévisée tromesque Troma’s edge TV. Du coup, Tales from the crapper se présente comme une pseudo-anthologie horrifique qui dépasse toutes les limites du bon goût et de la bienséance (une production Troma, quoi !) mais qui provoque souvent une totale jubilation.

Véritable fourre-tout non-sensique, le film est composé de deux segments (remontés) mettant tous les deux en scène la sculpturale brune Julie Strain (ex-Penthouse pet et reine des séries Z érotico-horrifiques américaines) : The case of the melon heavy alien man eater et Tuition of the terror twat, entrecoupés de séquences délirantes concoctées par la Troma Team, un peu à l’instar d’un double-programme de films d’exploitation.

Tales from the crapper est introduit par un mini-sketch où Lloyd Kaufman justifie l’existence du film par un hommage à Zelda Lipschitz (interprétée par la charmante Debbie Rochon, habituée des productions Troma et que les amateurs de zéderies érotico-horrifiques américaines connaissent bien), jeune femme qui vient de se suicider et présentée comme la troisième personne fondatrice (mais restée dans l’ombre) de la firme Troma, avec évidemment les deux compères Lloyd Kaufman et Michael Herz (les deux véritables fondateurs de Troma). Bien dans l’esprit irrévérencieux de la firme, le spectateur se rend vite compte qu’en fait la mise en œuvre de Tales from the crapper est un bras d’honneur à Zelda, celle-ci s’étant suicidée à cause de l’irresponsabilité des deux dégénérés (Kaufman et Herz, donc), le métrage contenant tout ce qu’aurait renié Zelda. Mais c’est aussi un bras d’honneur envers tous ces hommages hypocrites dont sont friands les américains (et les autres), envers le politiquement correct qui se faufile partout, envers le système hollywoodien enfin, qui livre la plupart du temps des produits calibrés et aseptisés, dénués de toute audace.

Lancé par cette géniale ouverture, Tales from the crapper est une véritable aberration, un concentré de mauvais goût typique de Troma et rehaussé par une quantité astronomique de nudité gratuite (qui se retrouve même en médaillon dans le fameux Boner Vision, afin de « dédramatiser » certaines scènes ou de cacher la nullité de jeu des acteurs) et une débauche de violence gore inutile et irresponsable (mais si drôle, surtout quand on voit les effets sanguinolents volontairement ratés).

Le film est d’une vulgarité ahurissante, prétexte à admirer les silhouettes nues et offertes de Julie Strain et de toutes les autres tromettes (dont le célèbre modèle fetish Masuimi Max), mais assumée. Lloyd Kaufman, entre les deux segments, en profite même pour livrer sa conception du cinéma indépendant, à savoir l’absence de scénario, l’introduction obligatoire de sexe lesbien et transsexuel, la présence d’une arme à feu et enfin un twist final débile (twist illustré par un clin d’œil au génial Tromeo et Juliet, l’une des productions Troma les plus cultes). Ces principes, énoncés dans le manifeste Dogpile 95 créé par Troma (caricature ironique du célèbre manifeste Dogme 95 de Lars Von Trier), sont bien évidemment illustrés par une séquence hilarante qui applique scrupuleusement ces concepts « révolutionnaires ».

Du mini-sketch où James Gunn, fidèle de Troma et réalisateur de l’excellent Horribilis, tente de convaincre Lloyd Kaufman de réaliser une grosse production hollywoodienne avec Meryl Streep et Sean Penn à celui dans lequel on voit de superbes filles topless et cannibales dans un Far West d’opérette dévorer des cow-boys, en passant par les pets incessants (bruitage ridicule à l’appui) qui accompagne chaque plan fessier du film (que cela soit Julie Strain ou Lloyd Kaufman lui-même), tout le métrage respire la provocation, l’irrévérence, parfois le grand n’importe quoi, mais aussi une liberté totale (surtout au sein d’une industrie cinématographique américaine souvent puritaine).

Le premier segment intitulé The case of the melon heavy alien man eater (littéralement Le cas du lourd melon mangeur d’étrangers, titre en hommage aux séries Z américaines) suit nonchalamment la traque par la fliquette Julie Strain d’un extraterrestre tueur qui sévit au sein d’un club de strip-tease. Parmi les séquences too-much : Julie Strain enfonçant un plot dans l’anus d’un voleur (ou violeur, on ne sait pas vraiment), un vieil homme pratiquant la masturbation et mourant transpercé par son sexe, une Julie Strain s’improvisant en deux temps trois mouvements strip-teaseuse, Julie Strain encore en train de faire l’amour avec une poupée gonflable qui se transforme en femme de chair et de sang, un combat grotesque entre deux mi-femmes au corps de rêve mi-mantes religieuses et bien évidemment un nombre inouï de strip-teases,… Un pur spectacle régressif mais diablement jouissif, entrecoupé de pets et de Boner Vision (où on peut voir, devinez quoi ? Des strip-teases bien sûr !).

Le second segment, Tuition of the terror twat, n’est pas plus subtil. Cette fois-ci, le spectateur suit les tribulations de trois jeunes losers, dont l’un décide d’organiser une soirée, en invitant tous ses amis, avec trois strip-teaseuses pour pouvoir financer ses études. Bien évidemment, les trois strippeuses (dont Julie Strain et la troublante Masuimi Max, qu’on a pu voir récemment dans le génial INLAND EMPIRE de David Lynch) se révèlent être des vampires lesbiennes qui mettront la fête à feu et à sang, dans un carnage final jouissif et bien gore. Enfin, le spectateur a l’immense plaisir d’y croiser Eli Roth (le réalisateur de Cabin fever et des deux Hostel) ou encore Ron Jeremy (maire de Tromaville dans un nombre incalculable de productions Troma et ancien hardeur culte). On peut aussi y noter l’utilisation de stock-shots issus de Sizzle Beach USA et de The first turn-on, deux autres productions Troma des années 1980.

Bref, devant un tel spectacle, le spectateur peut se laisser aller sans honte à ses plus bas instincts, à ses pulsions les plus inavouables, tout en assistant à une satire particulièrement gratinée du monde du cinéma. Même l’interactivité du DVD est rudement mis à l’épreuve, par le concept sympathique du passage, durant le film, du film proprement dit aux différents commentaires audio, qui ne cessent de critiquer l’effroyable nullité de la mise en scène, le jeu pathétique des acteurs ou encore l’horrible lumière artificielle, etc…

Véritable profession de foi de Lloyd Kaufman et de Troma, Tales form the crapper est un métrage totalement fou, dont le mépris des conventions et du bon goût élève quasiment le film (ou plutôt le non-film !) au niveau d’une œuvre d’art. Un must pour tous les fans de la célèbre firme indépendante qui, s’il n’atteint pas la furie destructrice de Tromeo et Juliet, Toxic avenger IV – Citizen Toxie ou Terror firmer en raison d’un certain manque de cohérence et d’un côté parfois un peu trop brouillon, n’en demeure pas moins un OFNI (objet filmique non identifié) parfaitement jubilatoire (aux risques et périls des spectateurs !).

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