sorcerer1Titre original : Sorcerer

Film américain de 1977

Acteurs principaux : Roy Scheider, Bruno Crémer, Francisco Rabal, Amilou.

Musique : Tangerine Dream

Résumé : Dans un endroit perdu en plein coeur de la jungle, quatre personnes, à bord de deux camions, doivent transporter de la nitrolycérine.


FICHE IMDB


 

Réalisé en 1977 par William Friedkin (L'exorciste, French connection, Police Fédérale Los Angeles ou encore récemment Bug), Sorcerer (de son titre français Le convoi de la peur) est un remake du salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot.

Film d'aventures particulièrement réaliste, le film commence par nous montrer une Terre où tout semble permis : on assiste à un meurtre à Véra Cruz, à des attentats à Jérusalem qui sont sévèrement réprimés, à un assassinat à Paris suite aux déboires financier d'un groupe d'armement, au meurtre et au vol d'argent dans une paroisse dans le New Jersey aux Etats-Unis. Comme souvent chez Friedkin, la mise en scène est particulièrement sèche.

Cette présentation est l'occasion de faire connaissance avec quatre personnages qui sont indésirables dans leur pays d'origine et vont tenter de se faire oublier dans un pays que l'on suppose être le Vénézuela : on retrouve ainsi Jackie Scanlon dit Juan Dominguez (joué par Roy Scheider), Victor Manzon dit Serrano (Bruno Crémer), Nilo (Francisco Rabal), Kassen dit Martinez (Amidou). Le casting de Friedkin n'est pas dû au hasard. Au vu de la distribution, on constate que le réalisateur a choisi des gueules, des acteurs très marquants et particulièrement charismatiques.

Ces véritables proscrits se retrouvent ensemble un village crasseux, où l'on a l'impression d'être dans une sorte de bidonville. Friedkin a le talent de dresser en quelques plans une ambiance. En plus d'être un endroit malfamé, on note que l'on se trouve dans un pays dictatorial (l'Etat est mené par une armée omniprésente) où la corruption est monnaie courante (comme lors de cette scène où Serrano vend sa montre pour tenter de sortir de ce pays).  William Friedkin montre par ailleurs des prisons qui feraient passer les nôtres pour de véritables hôtels quatre étoiles ! La population se bat contre les militaires, pour tenter de mettre fin à cette dicature. Dans ce contexte particulièrement lourd où on a l'impression que c'est la jungle à tous points de vue, des terroristes font sauter des puits de pétrole américains (le réalisme de ces scènes est assez saisissant). C'est véritablement le chaos !

Dans un pays en proie à des problèmes politiques, économiques et sociaux, les 4 personnages énoncés plus haut (Juan Dominguez, Serrano, Nilo, Martinez) doivent pour survivre faire passer 2 camions remplis de caisses de nitroglycérine afin d'éteindre le feu d'un puits de pétrole. La tâche est loin d'être aisée et c'est ce que signifie clairement William Friedkin. D'abord, les deux camions sont au départ dans des états délabrés et il s'agit avant tout de les réparer. Lors d'une scène très réaliste (qui n'a rien à voir avec certaines scènes d'une série telle que l'Agence tous risques), les camions sont réparés mais on voit bien que l'on fait avec les moyens du bord.

Le film va s'attacher pendant la majeure partie de sa durée à nous montrer la fameuse traversée de ce convoi de la peur (d'après le titre français du film). Le passage est pour le moins périlleux. Ces quatre personnages doivent faire avec des éléments naturels pour le moins difficiles : routes escarpées, rivières, terrains boueux, ponts pourris, etc. sont au menu.  Avec une mise en scène sèche qui privilégie le réalisme de ce que l'on voit à l'écran, Friedkin  montre clairement que la faisabilité de traversée est quasi impossible. Aucun humour dans le film. Au contraire. Le côté inquiétant et dangereux de la quête est privilégié.

On a d'ailleurs droit à deux scènes énormes, très connues : la première est la traversée des deux camions sur un pont qui est particulièrement étroit et dans un état de délabrement avancé (à tout moment on a l'impression que le pont va céder) ; la seconde est le besoin de passer alors qu'un immense tronc se dresse sur le chemin (la nitroglycérine est alors utilisée).

La difficulté de cette quête est accentué par la musique ambiante de Tangerine Dream, qui compose la BO du film. En fait, plus les quatre hommes mènent leurs camions vers le but tant espéré, plus on l'impression que le chemin est infernal et qu'il mène à la mort. D'ailleurs, au fur et à mesure que le film avance, les traces de civilisation semblent disparaître. A contrario, devant l'adversité des éléments naturels et d'autres problèmes (la confrontation avec les guerieros), les personnages principaux sont amenés à s'entraider alors qu'au départ ils ne pensent qu'à la récompense qu'ils vont pouvoir tirer s'ils réussissent ce qui leur a été demandé. Mais même s'ils s'entraident, on voit bien que les relations sont particulièrement tendues, les personnages sombrant pour certains progressivement dans la folie (les hallucinations de Juan Dominguez, joué par Roy Scheider, sont assez incroyables et font quasiment penser à un trip).

La fin du film, au fond assez logique, est une façon de dire que l'on échappe pas à son passé.

Pur film des années 70, Sorcerer de William Friedkin (qui est un de ses films maudit, qui a essuyé un terrible échec à sa sortie) est un projet très réaliste et significatif du côté mégalo de son réalisateur. Un film captivant qui mérite d'être découvert.