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Déjantés du ciné
31 mars 2009

Quatre nuits avec Anna de Jerzy Skolimowski

quatrenuitsRéalisé par Jerzy Skolimowski
Année : 2008
Origine : Pologne
Avec : Artur Steranko, Kinga Preis
Durée : 87 minutes

FICHE IMDB

Résumé : Un homme espionne pendant quatre nuits sa voisine dont il est épris.

Réalisé par le polonais Jerzy Skolimovski (auteur de films tels que Le départ ; Deep end ; Travail au noir), Quatre nuits avec Anna est un film intimiste.

Il met en scène Léon, un homme qui a assisté au viol d'une jeune femme, Anna P. Ayant téléphoné à la police pour signaler ce viol, Léon a été incarcéré, ayant été considéré comme le coupable. Pourtant, il n'en n'est rien. Et ce qui est arrivé à Léon en prison est loin d'être sympathique. Tous ces événements, on les apprend progressivement par le biais de flashbacks qui sont quelque peu perturbants mais qui rendent bien compte des enjeux du film. Le réalisateur indique clairement de la sorte que Léon est une victime dans cette société. Son seul reproche est son incapacité à réagir.

Le départ du film montre Léon qui observe sa voisine, Anna. Pour cela, il se situe près d'un incinérateur où il travaille. Sa vie est particulièrement morne. Et ses conditions de vie et d'hygiène sont très limites. Léon ne mange et boit selon un rythme qui répond au rythme de vie d'Anna.

En fait, Léon est obsédé par sa voisine. Depuis qu'il a assisté à ce viol, étrangement il est tombé amoureux de cette jeune femme. Mais Léon n'est pas pour autant un pervers. Cet homme timide, qui ne dit quasiment rien (le film comprend d'ailleurs peu de paroles), ne cherche qu'à être auprès d'Anna. Il ne lui veut aucun mal.
Lorsque celle-ci sera endormi, Léon va s'introduire chez elle. A aucun moment, Léon a des idées malveillantes. D'ailleurs, chacun de ses passages donne lieu à des scènes tout à la fois drôles et pathétiques. Léon ne fait qu'observer une femme qu'il aime. Selon les circonstances, pour ne pas se faire remarquer, il se planque sous le lit ou alors il se dépêche de rentrer chez lui, c'est-à-dire juste en face de sa voisine.

L'acteur qui joue le rôle de Léon est vraiment très bon ; il donne vie à son personnage. Il est très crédible dans le rôle difficile qu'il interprète à l'écran.
On appréciera la scène de l'anniversaire d'Anna que tente de se réapproprier Léon. A tel point que Léon achète une bague à Anna qu'il lui mettra au doigt lors d'un de ses passages. Léon est en fait dans son monde. Il pense qu'il fait partie de la vie d'Anna.

Si tout cela est très excessif, c'est tout de même caractéristique d'une société où les gens se sentent cruellement seuls et doivent faire avec leur solitude. D'ailleurs, Anna n'est-elle pas elle-même seule ?
Le film de Jerzy Skolimowski n'est pas d'un accès très facile. Surtout, l'ambiance du film est assez pesante. Les endroits où se déroule l'action sont des paysages peu accueillants. Il ne semble y avoir aucune vie là-dedans. On se croirait dans des lieux post-seconde guerre mondiale.

Et pour en ajouter un peu plus, le réalisateur polonais filme souvent des paysages froids, et de nuit. Car une grande partie de l'action se déroule dans une quasi obscurité. Léon vient souvent voir la femme qu'il aime, muni d'une lampe.
Le constat que dresse Jerzy Skolimowski n'est pas vraiment des plus réjouissants. D'autant que l'on sait, et Anna elle-même lorsqu'elle assistera au deuxième jugement de Léon, que celui-ci n'est pas coupable.

Oui mais voilà, comme souvent, on s'en prend aux faibles, à ceux qui ne peuvent pas se défendre. Le portrait que fait le réalisateur polonais de la justice est sans équivoque. Il en va de même de la police dont l'objectivité est des plus conternantes.

Au final, Quatre nuits avec Anna est un film d'amour, mais malheureusement il s'agit d'un amour unilatéral. La timidité de Léon fait que celui-ci n'osera jamais aller vers cette femme qui semble être son unique raison de vivre.

Mélange de Kafka (dans ce récit étrange où tous les événements semblent aller contre Léon qui est la victime au sein de ce système) et de Kieslowksi (dans l'incapacité du voyeur à dire qu'il aime sa voisine, ce que fera pourtant Léon mais ça sera trop tard), Quatre nuits avec Anna est un film d'auteur bien mis en scène mais qui ne plaîra pas à tout le monde. A voir en connaissance de cause.

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Commentaires
N
Oui ne t'inquiète pas Léo, on n'oubliera pas Bleu et Blanc de Kieslowski.<br /> D'autant qu'au départ, j'avais une préférence pour Bleu.
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L
Salut, Léo,<br /> <br /> Visiblement, c'est mon pote nicofeel va rédiger un texte sur la trilogie de Kieslowski ! <br /> <br /> C'est vrai que nicofeel, peeping tom et moi-même (nous sommes les trois rédacteurs pour l'instant de ce blog cinéma) adorons Rouge, mais Bleu et Blanc restent des films remarquables, d'autant que comme souvent chez Kieslowski, des liens très forts se tissent entre ces trois films !<br /> <br /> En tout cas, merci pour tes encouragements !
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L
bonjour locktal, je suis totalement d'accord avec toi sur cette possibilité laisée à la libre interprétation du film. je m'efforce au maximum de ne pas asséner dans mes commentaires ciné de dogmatisme quelconque.<br /> <br /> merci pour le tuyau de Malavida, je me félicite de ces rééditions! mais pas encore des prix de vente malheureusement... <br /> <br /> bonne continuation<br /> <br /> bien sur , je suis curieux de votre futur exercice autour de la trilogie, et espère que malgré votre gout commun pour Rouge avec Nicofeel, vous pourrez également aborder les deux autres opus.
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L
Leo, Ta position se défend sur le mur de Quatre nuits avec Anna. Je pense de toute façon que Skolimowski laisse la place à l'interprétation de chacun, selon sa sensibilité.<br /> <br /> En tout cas, merci de laisser quelques avis...<br /> <br /> En ce qui concerne Kieslowski, mon préféré de sa trilogie Bleu-Blanc-Rouge est également Rouge, que j'ai vu d'innombrables fois et qui me procure toujours autant d'émotions... J'adore le cinéma de Kieslowski, ma préférence allant à Le hasard, Rouge, Le décalogue et mon préféré de tous : La double vie de Véronique.<br /> <br /> Je ne connais pas très bien le cinéma d'Andrzej Munk, mis à part La passagère qui m'a laissé KO, mais j'ai vu que Malavida avait sorti l'intégrale de ses oeuvres cinématographiques.<br /> <br /> Malavida a d'ailleurs sorti quelques oeuvres majeures du cinéma polonais, dont l'intégrale Wojcieh J. Has et les premiers films (étranges mais assez fascinants) d'Andrzej Zulawski (j'ai d'ailleurs écris un texte sur ce site sur La troisième partie de la nuit).<br /> <br /> Malavida m'a permis égelament de découvrir avec bonheur des films de Jerzy Kawalerowicz, dont je ne conaissais que l'excellent Pharaon. Train de nuit et Sainte Jeanne des Anges sont impressionnants...<br /> <br /> Voilà, en espérant que tu laisseras d'autres avis sur nos critiques, Léo ! Merci encore !
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N
Eh bien si j'ai le temps j'essaierai de faire cette critique sur les 3 films à la fois ou une critique pour chaque film durant l'été.<br /> Ca fait un petit moment que je pense à faire une critique de ces films que j'aime beaucoup. <br /> Ma préférence va au passage à Rouge.
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