Burn after reading de Joel et Ethan Coen
Réalisé par Joel et Ethan Coen
Année : 2008
Origine : Etats-Unis
Avec : George Clooney, Brad Pitt, Frances McDormand, John Malkovich, Tilda Swinton, Richard Jenkins...
Durée : 95 minutes
Résumé : Les mésaventures de plusieurs personnes qui tentent de s'enrichir après avoir mis la main sur des documents appartenant à un ex membre de la CIA.
Réalisé par Joel et Ethan Coen, Burn after reading fait suite à l’excellent No country for old men. Les frères Coen reviennent à la comédie, genre qu’ils ont récemment abordé en 2003 avec le sympathique Intolérable cruauté et en 2004 avec le pathétique Ladykillers.
Dans ce film, on nous raconte les mésaventures de plusieurs personnages avec en premier lieu Osbourne Cox (interprété par John Malkovich) qui démissionne de la CIA. Il décide alors de raconter ses mémoires, lesquelles sont retranscrites sur un CD. Il perd ce CD qui est récupéré par un professeur de sport peu scrupuleux, Chad (Brad Pitt) qui souhaite récupérer de la sorte avec sa collègue Linda (Frances McDormand) de l’argent en faisant parler Osbourne. Au milieu de tout ça, on retrouve Harry Pfarrer qui couche entre autres avec la femme d’Osbourne Cox, Katie Cox (Tilda Swinton).
Jouant sur des situations totalement absurdes qui vont de mal en pis,
le scénario des frères Coen montre qu’à partir de rien du tout, il peut
arriver des choses terribles. Tous les acteurs du film sur-jouent et
participent à une ambiance globale certes drôle mais particulièrement
cynique.
Car si les frères Coen sont sans nul doute en mode mineur avec ce film,
en revanche dans leur critique ils n’y vont pas avec le dos de la
cuillère.
Tous les maux que l’on peut constater dans notre société actuelle, et particulièrement aux Etats-Unis sont passés en revue : il y a d’abord le culte du corps avec une femme qui veut faire de la chirurgie esthétique ou encore un homme qui s’est fait implanter des cheveux qui est évoqué dans le film. Toujours sur cette question, il y a le travail de Chad et Linda dans un gymnase. Le sport est vu comme quelque chose de nécessaire pour améliorer son physique.
Les frères Coen critiquent également une société où la notion de fidélité semble avoir bien disparue. Les personnages sont d’ailleurs assez cyniques. Katie Cox trompe sans vergogne son époux mais elle ne sait pas que dans le même temps, son amant, Harry, fréquente plusieurs femmes. On apprendra même plus tard dans le film que l’épouse d’Harry, qu’on pensait assez sérieuse sur ce point, trompe également son mari ! Bref, on assiste à un véritable mic-mac où tous les coups sont permis en amour, à partir du moment où le conjoint ne l’apprend pas. En plus d’apparaître comme des gens infidèles, les Américains sont présentés comme de véritables obsédés sexuels, à l’image du personnage d’Harry, qui a conceptualisé un fauteuil très spécial.
En rapport avec l’amour, on notera que les frères Coen balancent également sur les sites de rencontres où l’on ne cherche (d’après le film) quasiment que des rencontres d’un soir et où l’on n’hésite pas à tromper son conjoint. Les sentiments sont visiblement rares.
Dans une société où les valeurs morales ne sont plus de mise, on ne s’étonnera pas que l’une des dernières grosses critiques des frères Coen a lieu contre cette société où l’argent est le maître mot. Le personnage de Chad, bien débile, en est le meilleur exemple. Ce personnage est complètement à la ramasse, ce qui donne lieu à des scènes assez drôles, puisqu’il cherche coûte que coûte à récupérer de l’argent en faisant chanter Osbourne Cox. D’ailleurs, l’épouse de ce dernier est également obnubilée par l’idée de récupérer les livrets d’épargne de son époux.
En dressant un portrait peu flatteur mais assez réaliste de notre
société actuelle (même si tout est exagéré), les frères Coen donnent
une certaine substance à un film qui peut paraître inoffensif au
premier abord.
Car on restera avant tout intéressé par les aventures des différents
personnages du film, qui sont servis en l’occurrence par des acteurs
qui en font des tonnes. La distribution, qui rassemble George Clooney,
John Malkovich, Tilda Swinton, Frances McDormand, Brad Pitt ou encore
Richard Jenkins, est excellente. George Clooney interprète par exemple
parfaitement le rôle d’un véritable obsédé sexuel qui passe de femme en
femme sans aucun remord. Brad Pitt est également très bon avec son
personnage à moitié demeuré. Les femmes ne sont pas en reste, le
personnage joué par Frances McDormand étant quasiment l’alter ego
féminin de Chad (joué par Brad Pitt).
Tous les acteurs ont l’air de bien s’amuser. Signalons que les personnages des services secrets (CIA), sont également présentés comme particulièrement ridicules dans leur organisation. Car au fond, le fameux CD, qui est recherché, n’est qu’un prétexte qui sert de révélateur d’une société qui semble être fondée sur des choses matérielles, futiles ou avant tout sexuelles.
Au final, Burn after reading est à prendre pour ce qu’il est, c’est-à-dire un pur moment de détente. Cette comédie assez drôle bénéficie de l’humour des frères Coen. Espérons cependant que les deux frangins nous reviennent avec une histoire plus sérieuse, là où ils sont les meilleurs (hormis The big lebowski qui demeure une comédie de très grande qualité).