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Déjantés du ciné
7 février 2010

Le refuge de François Ozon

lerefugeRéalisé par François Ozon
Année :
2010
Origine : France
Durée : 90 minutes
Avec : Isabelle Carré, Louis Ronan-Choisy, Melvil Poupaud, Marie Rivière, etc.

FICHE IMDB

Résumé : Une jeune femme qui est passé près de la mort et qui a perdu son ami victime d'une overdose, apprend qu'elle est enceinte. Elle décide de garder son bébé.

Après un Ricky relativement navrant et dans tous les cas particulièrement peu clair dans ses intentions, François Ozon nous revient avec un film plus en phase avec ses obsessions.

Le début du film nous montre un couple d'héroïnomanes, Louis et Mousse, joué respectivement par Melvil Poupaud et Isabelle Carré. Louis fait une overdose et décède, quant à Mousse elle passe proche de la mort mais elle survit. D'ailleurs, elle revient à deux puisque Louis l'a mis enceinte. Ce début du film nous permet de faire un parallèle évident entre Le temps qui reste et Le refuge. Dans ces deux films, il est question du décès d'un personnage, joué à chaque fois par Melvil Poupaud, mais ce dernier est aussi à l'origine de la vie, puisqu'il met enceinte le personnage joué par Valéria Bruni-Tedeschi dans Le temps qui reste et donc Isabelle Carré dans Le refuge.


Dans ce film, François Ozon traite plus que jamais de la filiation. Mousse est orpheline de son compagnon mais celui-ci lui a donné un enfant. Cet enfant va d'ailleurs permettre un lien entre Mousse et Paul (Louis-Ronan Chosy), le frère de Louis. Celui-ci est déconsidéré par sa famille car il est homosexuel. Mais on comprendra plus tard dans le film que Paul est moins aimé que son frère décédé car il a été adopté. De façon assez subtile et de manière implicite, françois Ozon explique au spectateur que Paul n'a pas eu une enfance facile et qu'il n'a jamais été très proche de son frère. C'est peut-être la raison pour laquelle il demeure attaché à Mousse, car cette dernière porte l'enfant de son frère. Les nombreux plans sur le corps en évolution d'Isabelle Carré du fait de sa grossesse montrent bien qu'elle prend conscience de sa nouvelle situation et que les hommes, notamment Louis, s'intéressent à elle.

Comme dans plusieurs autres de ses films, François Ozon a décidé d'évoquer la question de l'homosexualité de manière frontale. Cela n'apporte pourtant pas grand chose au récit puisque l'histoire entre Paul et son ami rencontré dans le village du sud de la France où se situe l'action du film, n'a finalement aucune incidence sur la suite du film.

En revanche, une thématique que l'on retrouve dans plusieurs films d'Ozon, et notamment Le temps qui reste, est très bien en phase avec son film et l'oeuvre de ce cinéaste. Le film nous livre plusieurs scènes de plage. Au même titre que les scènes qui se déroulent en pleine nature dans le fameux refuge, la plage a un aspect apaisant. La plage a quelque chose de sécurisant, de positif qui va complètement à l'opposé du schéma architectural urbain du début du film. La plage redonne du moral et de l'envie au personnage de Mousse. Elle lui permet de mieux affronter sa grossesse. On constatera au passage un élément-clé du film où l'actrice Marie Rivière intervient et explique à Mousse toute la beauté d'une femme enceinte et le besoin fondamental de parler au bébé et de rester dans une phase positive.   


A cet égard, le refuge évoque sans conteste la question de la maternité et de la difficulté de devenir femme. Ainsi, Isabelle Carré joue à merveille cette femme qui quitte progressivement son statut d'héroïnomane (elle prend de la méthadone pour ne pas être en manque) à celui de mère. Pourtant, elle n'est pas forcément encore prête à évoluer du tout au tout comme le prouve la fin du film où elle décide de laisser son enfant Louise (façon évidente de se souvenir du père de l'enfant, Louis) à Paul. La boucle est ainsi parfaitement bouclée. Paul, qui a été adopté, va à son tour s'occuper d'un enfant qui n'est pas le sien à la base.

La mise en scène classique de François Ozon va parfaitement avec le ton du film, qui évoque tour à tour la question du deuil (le décès du personnage de Louis) et la difficulté de faire face à celui-ci puis la question de la grossesse et donc en corollaire la question de mettre au monde un enfant.

Côté musique, celle-ci reste globalement assez discrète dans le film. On signalera tout de même le beau morceau chanté au piano par Louis-Ronan Chosy « Au coeur de la nuit » qui évoque tant le souvenir du personnage de Louis que le lien qui unit désormais le personnage de Paul à celui de Mousse.

Au niveau de la distribution, si Isabelle Carré est toujours aussi impeccable, en revanche Louis-Ronan Chosy a par moments un peu de mal à exister. Il reste un peu trop en retrait à mon sens, ce qui est quelque peu dommage.


Au final, Le refuge est un film sur la mort et la vie ; en somme tout ce qui fait notre existence. La filiation est au coeur de ce film qui joue par petites touches et se révèle émouvant. Voilà un beau film, positif sur la vie, qui n'est cependant pas dénué de certains défauts (l'interprétation globale de Louis-Ronan Chosy qui reste un peu trop en retrait ; la scène de la discothèque ou encore la rencontre entre le personnage de Mousse avec l'homme marié qui est dénuée d'intérêt, n'ayant aucune suite).

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