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Déjantés du ciné
7 mars 2010

The ghost writer de Roman Polanski

ghost1Réalisé par Roman Polanski

Année : 2010

Origine :
Etats-Unis

Durée : 128 minutes

Avec : Ewan McGregor (le nègre), Pierce Brosnan (Adam Lang), Kim Cattral (Amelia Bly), Olivia Williams (Ruth Lang), Tom Wilkinson (Paul Emmett), Robert Pugh (Robert Rycart), etc.

FICHE IMDB

Résumé : Un "nègre" qui est chargé d'écrire les nouvelles de l'ancien Premier Ministre britannique se retrouve impliqué dans une histoire aux ramifications économiques et politiques.

Réalisateur majeur dans les années 60 et 70 auteur d'oeuvres telles que Répulsion, Le bal des vampires, Rosemary's baby, Chinatown ou encore Le locataire, Roman Polanski a progressivement baissé son niveau pour finir par nous offrir des oeuvres qui, sans être mauvaises, se sont révélées classiques et peu enthousiasmantes.

C'est dire à quel point on attendait peu de choses de The ghost writer.

Et pourtant voilà, à force de ne rien attendre, on ne pouvait qu'être agréablement surpris, ce qui est le cas en l'espèce.

The ghost writer raconte l'histoire d'un "nègre" (Ewan McGregor) qui accepte de rédiger les mémoires d'Adam Lang, ancien premier ministre britannique. Rapidement, le "nègre" se retrouve mêlé dans une histoire pour le moins compliquée, avec un Adam Lang accusé d'avoir aidé la CIA en permettant l'enlèvement de terroristes islamistes.

En regardant de près le film The ghost writer, on peut penser que le film va quelque peu ennuyer. Car le début est sympathique mais n'apporte pas grand chose au récit : le fameux "nègre" est recruté et se rend sur l'île où réside Adam Lang. Là, il est censé modifier la première mouture des mémoires qui n'a pas donné satisfaction à l'éditeur et qui ne peut pas être modifié par le « nègre » concerné, ce dernier ayant été assassiné. Le nouveau "nègre", interprété par Ewan McGregor, se met donc à questionner Adam Lang au sujet de sa vie, en commençant par ses années d'études.

Ce n'est qu'à partir du moment où Adam Lang est attaqué devant la Cour Pénale Internationale que le film prend son envol. Car c'est à cet instant où le "nègre" se retrouve impliqué dans cette histoire et découvre des indices qui vont lui mettre la puce à l'oreille.

Le film prend une toute autre dimension et devient passionnant. Au vu de la tournure des événements, et malgré son aspect contemporain, le film fait penser à un chef d'oeuvre de 1974, le thriller politique et paranoïaque que constitue A cause d'un assassinat d'Alan J. Pakula. Comme dans ce dernier, The ghost writer est un film à l'intrigue labyrinthique, où les tenants et aboutissants ne sont pas tous connus en raison de nombreuses zones d'ombre. Le héros, un peu trop curieux, est comme dans le film de Pakula quelqu'un dont on a l'impression qu'il est sans cesse surveillé. Mais par qui ? Et pour quelles raisons ?

Petit à petit, on en apprend plus par le biais de photos qui impliquent Adam Lang ; par le GPS d'une voiture qui amène le "nègre" sur une piste, etc. Alors que le début du film est plutôt statique, il en va tout autrement par la suite avec des événements qui vont à la vitesse grand V comme la traque sur le ferry ; l'épisode du motel perdu ; l'entrevue avec l'opposant à Lang ou encore le fait que le « nègre » couche avec la femme d'Adam Lang.

Au lieu de livrer un film classique, Roman Polanski n'hésite pas à déstabiliser le spectateur en le mettant sur de multiples dont on ne sait finalement laquelle est la bonne. Et quand on a le sentiment d'avoir compris de quoi il en retourne, le cinéaste s'en prend à son « nègre » et fait disparaître tout élément de preuve. C'est d'ailleurs une des forces du film : montrer que les choses sont inéluctables (les différents décès) et refuser une fin facile en happy end.

Superbement maîtrisé sur le plan de la mise en scène avec cette impression d'observation perpétuelle du personnage principal, le film nous donne le sentiment de nous retrouver dans un univers paranoïaque. Ce sentiment est renforcé par la froideur des plans et des décors, la résidence dans la villa étant à cet égard un endroit complètement déshumanisé.

Cet endroit n'est d'ailleurs pas sans rappeler la vie de Roman Polanski, lequel est depuis de nombreuses années (suite à une affaire de viol) un étranger permanent puisqu'il ne peut pas rejoindre le territoire américain (exactement l'inverse de ce qui se passe dans le film), au risque d'être arrêté. Même si le film a été tourné avant l'assignation à résidence de Polanski en Suisse, on ne peut s'empêcher de faire des parallèles entre ce film (et donc le personnage d'Adam Lang) avec le cinéaste lui-même.

Terminons par la distribution du film. On tient une excellent distribution avec notamment un très bon Pierce Brosnan dans le rôle d'un ancien Premier Ministre au passé trouble ; un Ewan McGregor très bon dans le rôle d'un homme curieux qui est rapidement dépassé par les événements ; une Olivia Williams très bonne dans le rôle de la femme fatale.

Au final, The ghost writer est un film de très bonne tenue qui bénéficie d'un excellent scénario, d'une mise en scène parfaitement adaptée au sujet, d'une distribution efficace et de décors bien étudiés. En somme, The ghost writer marque immanquablement le grand retour de Roman Polanski. On attend déjà son prochain film avec impatience.

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Commentaires
D
Bonjour, pour moi, c'est le meilleur film du premier trimestre. J'ai trouvé le film brillantissime. C'est une leçon de mise en scène (mon billet du 05/03/10). Les acteurs sont tous épatants. J'ai le livre de Robert Harris dans ma PAL (pile à lire). Bonne fin d'après-midi.
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