Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar
Année : 2010
Origine : France
Durée : 130 minutes
Avec : Eric Elmosnino, Lucy Gordon (Jane Birkin), Laetitia Casta (Brigitte
Bardot), Anna Mouglalis (Juliette Gréco), Mylène Jampanoï (Bambou), Sara
Forestier (France Gall), etc.
FICHE IMDB
Résumé : L'histoire de Serge Gainsbourg, de ses jeunes années à la fin de sa vie.
Réalisé par Joann Sfar, plus connu pour être l'auteur de nombreuses
bandes dessinées, Gainsbourg (vie héroïque) se veut un conte sur la vie
de Serge Gainsbourg.
Dès le début, on comprend qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'un
biopic mais plutôt d'une vision particulière de l'auteur sur la vie de
Serge Gainsbourg. Cette démarche est plutôt intéressante en soi, chacun
connaissant bien la vie (par ses frasques principalement) de Serge
Gainsbourg.
Le film débute par l'enfance de Serge Gainsbourg pour se terminer par
les derniers jours de sa vie. Le cinéaste prend son temps pour nous
poser le décor et pour nous montrer ce qu'il appelle lui-même un conte.
Ainsi, le petit Lucien (prénom officiel de Serge) est un garçon qui ne
manque pas d'imagination et qui se voit sans cesse accompagné par une
grosse tête avec de petits membres. Cela donne vraiment un côté poétique
et surréaliste au film, même si cela peut perturber quelque peu le
spectateur lambda.
Malgré tout, le nouveau cinéaste Joann Sfar se veut respectueux de la
vie de Serge Gainsbourg. Ainsi, dès le début, on voit un enfant doué
dans les domaines artistiques : il dessine très bien et est un bon
pianiste. Mais contrairement à ce que souhaitent ses parents, Serge ne
veut pas être pianiste. Il est d'ailleurs reconnu pour sa capacité à
écrire des chansons pour les autres.
Si la vie « réelle » de Serge Gainsbourg est liée aux femmes, c'est
un élément que ne manque en aucun cas de souligner Joann Sfar. L'homme à
la tête de chou (album concept de Serge Gainsbourg paru en 1976), au
physique pourtant peu avantageux, a fréquenté de très belles femmes, et
cela est avant tout dû à son talent de compositeur. On nous raconte les
histoires de Serge Gainsbourg avec Brigitte Bardot mais aussi Jane
Birkin. De manière plus extensive, la vie de Serge Gainsbourg est
immanquablement liée à celle des femmes qu'il a pu cotoyer. En plus de
celles déjà citées, on compte Juliette Gréco, France Gall (qui lui a
permis de gagner beaucoup d'argent en tant que compositeur) ou encore
Bambou.
Le film permet au spectateur d'entendre des standards de Gainsbourg qui
ont fait de lui le chanteur-compositeur culte qu'il est devenu. On
citera entre autres Le poinçonneur des lilas, La javanaise (que l'on
entend dans le film chez Gréco), Je t'aime moi non plus, Baby pop (pour
France Gall), Bonny and Clyde (pour Brigitte Bardot), Aux armes et
caetera, Love on the beat. Sur ce point, on soulignera l'excellente
prestation de l'acteur Eric Elmosnino. En plus de sa capacité à
ressembler à Serge Gainsbourg par son physique (on a juste triché en
allongeant son nez et et en lui ajoutant des oreilles décollées) ses
mimiques, Eric Elmosnino fait mieux que se défendre en interprétant
lui-même la plupart des titres de Serge Gainsbourg. Et puis Eric
Elmosnino personnifie assez bien le côté éternellement impertinent de
Gainsbourg avec par exemple l'épisode des sucettes à l'anis avec France
Gall ou encore le scandale provoqué par la version reggae de La
Marseille.
Laetitia Casta dans le rôle de Brigitte Bardot et Sara Forrestier dans
le rôle de France Gall sont également tout à fait crédibles aussi bien
sur le plan physique que sur le plan musical.
Le film n'est pour autant pas une excellente surprise. Cela reste un
film satisfaisant, mais sans plus. En effet, il faut bien reconnaître
que Gainsbourg (vie héroïque) comporte des défauts qui sont loin d'être
mineurs.
Quand Sfar s'intéresse aux rapports entre Gainsbourg et son diable
maléfique (métaphore de l'alcool et de la cigarette qui le détruisent
progressivement ou simple représentation de l'esprit torturé d'un
authentique artiste ?), il est original et cette vision ne manque pas
d'intérêt. En revanche, quand le réalisateur commence à montrer la chute
de son héros, notamment par le biais de scènes qui ne font que
reproduire des images que l'on a tous vu, le cinéaste n'est pas bon.
Autrement dit, quand Sfar innove, il est bon, quand il ne fait que
copier, il ne passionne pas.
Par ailleurs, il faut bien admettre que le film est tout de même trop
déséquilibré. L'enfance et le début du succès de Serge gainsbourg
représentent la majeure partie du film alors que les moments plus
difficiles de Gainsbarre passent très rapidement.
Et puis on peut tout de même se poser des questions sur la succession
des scènes. Tout cela manque parfois de cohésion, l'ensemble étant un
peu trop décousu et donnant l'impression de voir des scénettes.
Au final, malgré de bonnes intentions et une interprétation sans faille
des divers acteurs du film – Eric Elmosnino en tête - Gainsbourg (vie
héroïque) est tout de même un film assez inégal dans l'intérêt que l'on
peut lui porter.