DIMANCHE 11 JUILLET 2010

thereeds

The reeds :

Réalisateur : Nick Cohen

Durée du film : 82 minutes

Date de sortie du film : inconnue (film de 2010)

Avec : Anna Brewster (Laura), Karl Ashman (Dean), Geoff Bell (Croker), etc.

Avis de Nicofeel :

Film britannique réalisé par Nick Cohen, The reeds part d'un postulat classique pour un film fantastique avec six jeunes gens, trois garçons et trois filles, venus faire du bateau tranquillement un week-end dans un coin original, où les roseaux sont omniprésents (d'où le titre du film). Si le film n'est pas d'une grande originalité, le traitement est pour autant bien soigné. Dès le début, on a droit à de beaux plans sur les roseaux pour débuter le film et on voit à l'oeuvre un personnage énigmatique tout de noir vêtu, sorte de Charon sur sa barque. On se demande bien ce que tout cela signifie.

Le reste de ce long métrage va continuer dans un aspect très mystérieux. Les séquences gore ne sont pas très nombreuses. Pour l'essentiel, le cinéaste a choisi de faire un film d'ambiance où le spectateur est amené à s'interroger sur plusieurs points : pourquoi le seul bateau disponible est déjà occupé par des gamins ? Comment se fait-il que Nick voit le visage d'un homme, qui n'est autre que lui, dans les roseaux ?

A mi-chemin entre le survival (avec le personnage de Laura qui fait tout pour sauver sa peau) et le film de fantômes, The reeds propose une conclusion intéressante, qui ne fait finalement que rappeler un des éléments vu au début du film (d'où l'utilité d'être attentif à ce que l'on voit à l'écran lors des premières minutes de The reeds). On comprend dès lors qu'il s'agit d'une histoire de visions avec un mélange entre rêve et réalité.

Par son scénario, The reeds se rapproche de l'excellent Triangle de Christopher Smith. La différence est que The reeds est tout de même moins abouti, en raison de plusieurs incohérences au niveau du scénario. Par exemple, on ne sait pas clairement qui est un fantôme ou non dans cette histoire : serait-ce les enfants que l'on croise ? Ou tout simplement la plupart des protagonistes que l'on voit dès le début du film ?

Cela n'empêche pas de passer un bon moment à regarder ce film qui ne souffre pas de défaut de rythme.

Avis de Locktal :

Réalisé par Nick Cohen, ce petit film horrifique se laisse agréablement regarder, même si l'originalité n'est pas vraiment au rendez-vous.

Le spectateur y suit un groupe de jeunes voulant faire une promenade en bateau sur un cours d'eau et qui se trouvera confronté à des évènements mystérieux sur ce bateau, dont l'origine semble être les inquiétants roseaux (reeds en anglais) qui borde le fleuve.

Nick Cohen réussit à créer un suspense assez efficace en utilisant à bon escient la végétation et les ombres. Si les portraits de jeunes gens comme souvent dans ce genre de film ne sont pas développés et se réduisent à des archétypes caricaturaux, le réalisateur donne un ambiance paranoïaque et tendue au métrage, aidé par une photographie inquiétante très travaillée, et arrive souvent à provoquer la surprise.

Pendant environ une heure, le spectateur est tenu en haleine, mais le film dérive ensuite vers un twist intéressant mais parfois incohérent qui finit par le desservir.

Du coup, The reeds perd un peu de son intérêt et ne convainc pas parfaitement. Le cinéma horrifique anglais a donné naissance à des opus bien plus convaincants comme The descent de Neil Marshall ou encore Eden Lake de James Watkins.

Par ailleurs, la séquence finale du film joue sur la surenchère systématique, ce qui est dommage.

Au final, The reeds est un film sympathique mais dont la fin laisse un peu le spectateur sur sa faim : on aurait aimé plus d'originalité.

requiem

Requiem :

Réalisateur : Alain Tanner

Durée du film : 100 minutes

Date de sortie du film : 1998

Avec : Francis Frappat (Paul), André Marcon (Pierre), Alexandre Zloto (le père), Cécile Tanner (Christine), Miguel Yeco (Fernando Pessoa), etc. 

Avis de Nicofeel :

Requiem marque le retour d'Alain Tanner, un des plus grands cinéastes suisses, à Lisbonne, plus de 15 ans après son film Dans La ville blanche (le surnom de la capitale portugaise). Le film va être l'occasion pour Alain Tanner de rendre hommage au grand poète Fernando Pessoa.

Francis Frappat interprète le rôle de Paul, un homme venu à Lisbonne afin de retrouver les fantômes de son passé.

Pas besoin chez Tanner de proposer des effets spéciaux, l'incursion dans le fantastique se fait tout naturellement avec la rencontre par son principal protagoniste de personnages qui ne sont plus de notre monde. C'est donc la rencontre du vivant avec les morts.

Le ton du film est au départ plutôt tranquille avec toutes ces rencontres qui se font naturellement et avec un côté plutôt cool. Au fur et à mesure que le film avance, le ton devient  plus sérieux, avec par exemple Paul qui reproche à son ami Pierre d'avoir couché avec Isabelle, l'amour de sa vie. Requiem est un film très mortuaire puisque Paul est amené à parler à des personnes décédées. Mais pas uniquement à des personnes mortes.  On remarquera que Paul parle tout aussi bien à des inconnus (le jeune homme rencontré sur le port ; l'homme dans le jardin public ; la fille de l'hôtel ; le contrôleur du train ; la femme qui lui montre une maison où il a vécu auparavant) qui font partie du monde des vivants qu'à des personnes qui l'ont marquées dans sa vie et font partie du monde des morts. Ce voyage de Paul est une façon pour lui de sonder le passé pour mieux appréhender le futur.

Requiem est aussi l'occasion pour le réalisateur suisse de faire une véritable déclaration d'amour à Lisbonne. Il y a d'abord cette mise en scène où l'on découvre en même temps que le principal personnage qui déambule dans la ville de beaux endroits de la ville blanche. Et puis il y a aussi de nombreuses références à la littérature (romans, poèmes) et à de la peinture, par la représentation de Les tentation de Saint-Antoine de Jérôme Bosch (1510, musée national d'art ancien à Lisbonne) . D'ailleurs, Paul parle à un homme de ce tableau et de sa capacité à guérir des maladies de peau. Cerise sur le gateau pour les amateurs d'art, le film propose une rencontre fictive entre Paul et Fernando Pessoa. Avec ce dernier, il parle de diverses choses de la vie et de la perte d'identité du Portugal par son intégration dans l'Europe.

Film pas forcément facile d'accès de par son rythme que par son incursion « naturelle » du fantastique, Requiem est un beau film d'auteur, hommage évident à la ville de Lisbonne.

Avis de Locktal :

Réalisé en 1998 par l'un des plus grands cinéastes suisses, Alain Tanner, auteur d’œuvres aussi essentielles que Charles mort ou vif, Dans la ville blanche, La salamandre ou encore Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000, Requiem est assurément l'un des plus grands films projetés au NIFFF 2010.

Adaptation évanescente d'un roman d'Antonio Tabucchi (l'une des rares adaptations réalisées par Tanner, celui-ci n'étant pas vraiment friand d'adaptation littéraire), Requiem permet au cinéaste de revenir à Lisbonne, ville qui le fascine et où il avait déjà tourné son magnifique Dans la ville blanche en 1982. Cette superbe Lisbonne devient sous son regard nostalgique une ville fantomatique, où le héros écrivain errant prénommé Paul, après avoir raté un rendez-vous avec un écrivain (dont on saura le nom plus tard), parcourt la ville et croise les fantômes de son passé.

Sur cette trame minimaliste, Tanner construit un film-poème fulgurant regorgeant d'images sublimes et renforcé par une bande-son lancinante.

Le fantastique naît au détour d'une rue, d'un regard. Paul semble vouloir échapper à son passé, mais celui-ci le pourchasse encore et encore, au travers des rues et des ruelles de Lisbonne.

Magnifique ode à la ville, Requiem traite des thèmes chers au cinéaste, comme notamment le vacillement de l'individu sous le poids d'un passé qui ne veut pas disparaître, laissant des traces indélébiles, mais dont il est finalement l'héritier.

Placé sous le signe du grand écrivain Fernando Pessoa, qui joue le rôle de passeur, Requiem est une expérience hypnotique, sensuelle et magique, dans laquelle les doux fantômes du passé viennent mettre les hommes face à eux-mêmes,  face à leurs responsabilités (la rencontre entre Paul et son ami) ou face aux amours perdues (la séquence magistrale de la danse entre Paul et sa défunte amante, née au départ d'un pari de billard). Ces fantômes semblent surgir de l'esprit troublé du héros, comme pour lui demander un dû.

Comme dans beaucoup de films de Tanner, le protagoniste est un peu lâche et cherche sans cesse la fuite, cette fuite qui le mène à errer sans but, comme s'il était devenu lui-même un fantôme, fantôme parmi les fantômes.

Certes, le film peut dérouter les spectateurs adeptes d'un cinéma linéaire et classique. Tanner est cinéaste de la modernité, l'histoire n'a que peu d'importance à ses yeux, ce sont les images qui font la force du film et qui le rendent unique, permettant au réalisateur de développer sa thématique en restant totalement libre.

Film admirable et captivant, Requiem est un grand moment de cinéma, un poème cinématographique doux et nostalgique qui laisse le spectateur ébahi de beauté. Un film rare et précieux, qui démontre l'importance essentielle de ce grand cinéaste qui reste assez méconnu, mis à part les cinéphiles, et qui donne envie de découvrir d'autres films de lui...

truffe

Truffe :

Réalisateur : Kim Nguyen

Durée du film : 73 minutes

Date de sortie du film : inconnue (film de 2008)

Avec : Céline Bonnier (Alice), Roy Dupuis (Charles), Pierre Lebeau (monsieur Tremblay), Danielle Proulx (madame Tremblay), etc.

Avis de Locktal :

Réalisé par Kim Nguyen, Truffe est un véritable OFNI qui joue de la modestie de ses moyens pour donner naissance à une oeuvre délirante et originale.

Le film part du postulat déjà étonnant de la multiplication des truffes dans la ville de Montréal qui crée une fièvre consommatrice de la part des habitants.

Suivant le quotidien d'un jeune couple, Truffe parvient à rendre presque plausible ce point de départ surprenant.

Tourné dans un beau noir et blanc, le film fait naître un véritable suspense, dans lequel le spectateur est amené à se poser beaucoup de questions sur la prolifération inédite de ces fameuses truffes.

Le jeune cinéaste québécois en profite pour égratigner copieusement le société de consommation, dans lequel l'individu est broyé et asservi au grand capitalisme, représenté par la directrice démoniaque de la multinationale gestionnaire de ces truffes.

Après la mystérieuse disparition de son compagnon, la jeune femme du couple se met en tête de le retrouver coûte que coûte et commence une enquête sur la provenance de ces truffes qui va la mener de surprise en surprise, jusqu'à une incroyable révélation.

Constamment original et prenant, Truffe est « truffé » d'idées saugrenues mais qui débouche sur une critique acerbe du pouvoir des multinationales. Jamais démonstratif, ce film très court (1h15) n'ennuie jamais le spectateur et démontre que, malgré des moyens très limités (les effets spéciaux bricolés n'handicapent jamais le film), on peut donner naissance à une œuvre inventive et soignée, si on possède les idées. Et des idées, Kim Nguyen n'en manque pas !

Surréaliste, non dénué de poésie, Truffe prouve également la diversité du cinéma québécois, qui ne se réduit plus qu'aux films du grand Gilles Carle ou de Denys Arcand. Une belle réussite !

theeclipse

The eclipse :

Réalisateur : Conor McPherson

Durée du film : 87 minutes

Date de sortie du film : prochainement (film de 2009)

Avec : Ciaran Hinds (Michael Farr), Iben Hjejle (Lena Morelle), Aidan Quinn (Nicholas Holden), etc.

Avis de Nicofeel :

Film irlandais réalisé par Conor McPherson, The eclipse a obtenu le Méliès d'argent au dernier festival de Sitges. Si le film est présenté dans plusieurs festivals de films fantastiques, il faut bien reconnaître que The eclipse traite avant tout de thématiques tout à fait ancrées dans la réalité.

L'élément fantastique n'est finalement qu'assez peu présent et ce n'est pas ce qui justifie le ressort dramatique du film.

Ce long métrage nous introduit dans le quotidien de Michael Farr, un père de famille qui vit avec son petit garçon de 14 ans, Thomas, et sa petite fille de 11 ans, Sarah. Ayant perdu sa femme atteinte de maladie il y a 2 ans, il a du mal à se remettre du décès de celle-ci. Concrètement, comme beaucoup d'autres personnes dans son cas, il n'arrive pas à faire le deuil. Et c'est ce qui explique qu'il fait de nombreux cauchemars dont certains ont lieu en pleine journée : il voit ainsi un fantôme en roulant ce qui lui cause un accident ; à un autre moment il croise le même fantôme en ouvrant un des placards de sa maison.

La vie de Michael Farr va être amené à fortement évoluer lorsqu'il rencontre la belle Lena Morel, romancière à succès, auteur de The eclipse, qui traite notamment des fantômes. On peut voir dans ce roman qui est évoqué dans le film une véritable métaphore de la vie et a fortiori de nos personnages principaux, Michael Farr et Lena Morelle.

Chacun doit en finir avec les fantômes de son passé et penser à vivre une nouvelle vie. Très joliment filmé, de manière classique et sans aucune esbroufe visuelle, The eclipse est un film qui est tout en douceur, à la manière des quelques notes de piano qui constituent sa bande son.

Les acteurs sont excellents, à commencer par Ciaran Hinds (vu dans un registre totalement différent dans le film Life durant wartime de Todd Solondz) qui est tout en finesse dans son rôle d'homme amoureux.

Très fin dans son approche des relations humaines, The eclipse est avant tout une très belle histoire d'amour entre deux personnes, Michael Farr et Lena Morelle, qui vont être amenées à se fréquenter pendant de nombreuses journées, se lier d'amitié avant de franchir le cap et de passer au stade de l'amour. C'est alors que les fantômes de tout un chacun vont disparaître.

Très beau drame romantique mâtiné de fantastique, The eclipse aurait sans nul doute mérité d'obtenir un prix durant cette dixième édition du NIFFF. Pour ma part, j'en avais fait un de mes favoris au sein de la compétition internationale, aux côtés de l'excellent Transfer.