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Déjantés du ciné
28 août 2010

Vendredi 9 juillet 2010 (suite du NIFFF)

VENDREDI 9 JUILLET 2010

marthas

 

Marthas Garten :

 

Réalisateur : Peter Liechti

 

Durée du film : 89 minutes

 

Date de sortie du film : 1991

 

Avis de Locktal :

Réalisé par Peter Liechti, ce film à la limite du cinéma expérimental décrit une rencontre peut-être fantasmée entre un homme maniaque à l'extrême qui limite le plus possible l'accès à sa sphère privée et une jeune femme mystérieuse, un peu fatale, prénommée Martha, qui lui apparaît une nuit près d'un cadavre (une vampire ?) et qui finit par l'obséder.

Liechti crée une atmosphère expressionniste qui devient de plus en plus oppressante, dans un superbe noir et blanc contrasté et jouant bien évidemment sur les zones d'ombre et de lumière.

La relation entre Martha et le héros reste empreinte de mystère, de zone obscure, celle-ci apparaissant et disparaissant comme bon lui semble (encore une fois comme un vampire), dormant longtemps et ramenant dans la sphère privée du héros quelques personnages énigmatiques.

Ment-elle ? Est-elle folle ? Ces questions troublent profondément notre héros, renforçant encore son attirance incontrôlable pour elle.

Cette obsession le fait devenir paranoïaque, se méfiant de tout et de tous, même de son couple d'amis le plus proche ou encore de ses étranges voisins.

Le protagoniste entraîne le spectateur dans sa folie, culminant dans la séquence de l'hôpital, où chaque situation devient plus paranoïaque, plus horrifique.

Martha serait, mais cela peut n'être que dans l'esprit de notre héros, une infirmière de cet hôpital, maîtresse de tous les docteurs y travaillant.

Devenu fou, le protagoniste finit par tuer férocement son voisin qu'il soupçonne d'être un espion et qui travaille également dans l'hôpital.

La scène finale montre notre héros se réveiller sur un lit d'hôpital, entouré de Martha et du couple d'amis de celui-ci : aurait-il imaginé toute cette histoire ? Martha semble troublée, le spectateur peut alors se demander s'il y a eu une aventure entre eux.

L'atmosphère paranoïaque de Marthas Garten est proche de celle de Le troisième homme de Carol Reed ou des films expressionnistes allemands des années 1920 : les inserts de plans de chauve-souris, d'un hélicoptère survolant la ville, rendent le climat oppressant, un peu à l'instar de notre héros persécuté.

La forme du film est proche du journal intime filmé, Peter Liechti ayant débuté sa carrière de cinéaste avec ce type d'exercices filmiques.

Au final, Marthas Garten est une œuvre étrange, onirique et expressionniste, à la lisière du fantastique.

 

truffe

Truffe :

 

Réalisateur : Kim Nguyen

 

Durée du film : 73 minutes

 

Date de sortie du film : inconnue (film de 2008)

 

Avec : Céline Bonnier (Alice), Roy Dupuis (Charles), Pierre Lebeau (monsieur Tremblay), Danielle Proulx (madame Tremblay), etc.

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé en 2008 par Kim Nguyen, Truffe est un film fantastique en noir et blanc. On nous raconte au début du film qu'il y a des changements climatiques et que des truffes noires poussent à Montréal.

Comédie fantastique foncièrement originale, Truffe n'oublie jamais d'avoir un regard critique sur notre société. Ainsi on apprend  que le trop plein de truffes conduit à une chute des prix. La critique du capitalisme est évidente.

Dans le même ordre d'idée, on nous présente une société, la Maison des cols, qui s'arroge le droit unique de recueillir des truffes alors que chacun pouvait le faire auparavant. Les gens travaillent dans cette usine où ils doivent découvrir des truffes, comme s'ils étaient des robots. Ils sont tous en cravates, ce sont de purs cols blancs.  Il y a des images surréalistes comme des hommes portant des frigos pour vendre des truffes fraîches. C'est une façon de mettre en avant l'avilissement au travail.

Mais avant d'en arriver là, il faut revenir au pitch de base du film avec cet homme, Charles, qui réussit à extraire plus de truffes que les autres. Il est le champion. Sa femme, Alice, travaille dans un restaurant. Cette dernière va être attaquée par une bestiole en forme de fourrure, une espèce de boule de peluche comportant 4 dents. Charles va être embauché par cette fameuse Maison des cols qui reste pour le moins énigmatique.

Il y a un vrai suspense sur les tenants et les aboutissants de cette histoire. Assisterait-on à une invasion extraterrestre ? On pense notamment à l'excellent They live de John Carpenter ou encore à l'invasion des profanateurs.

Mais ici le ton est volontairement comique et cela marche à merveille. La critique du conformisme avec tous ces gens qui mangent des truffes, la critique du capitalisme et la critique du mode de travail sont autant de thématiques développées de manière efficace dans ce film relativement court (73 minutes).

Et puis il y a un hommage évident aux films de monstres avec Alice qui se bat d'abord contre ces bestioles sorties de nulle part puis contre un androïde.

Très bien mis en scène et solidement interprété, Truffe est une comédie fantastique très drôle, qui comporte un pitch de base incroyable.

 

grauzone

Grauzone :

 

Réalisateur : Fredi M. Murer

 

Durée du film : 99 minutes

 

Date de sortie du film : 1979

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé par le suisse Fredi M. Murer, connu pour être un réalisateur de montagnes (l'excellent L'âme soeur), Grauzone est un film culte de 1979 dans l'ambiance des seventies. Le réalisateur nous offre une véritable radiographie de la société contemporaine, dont le propos est encore très actuel.

En démarrant Grauzone par un plan en plongée sur une ville et en le terminant par un plan séquence en plongée sur son principal protagoniste, Fredi M. Murer entend évoquer la ville qui broie l'individu par son gigantisme. L'homme est peu de choses dans cette société devenu individualiste.

On suit plus particulièrement un couple, Alfred et son épouse, qui travaillent tous deux et résident dans la banlieue de Zurich, dans un HLM. On voit bien la ville et ses immenses immeubles où les gens vivent. Et puis ces immenses HLM  où tout le monde épie tout le monde : manque de liberté et solitude pour certains.

Le mari et la femme ont beau être dans le même appartement, on ne peut pas dire qu'ils vivent ensemble. D'ailleurs, ils ne font même pas l'amour. Ils sont séparés dans le lit ; chacun ayant son côté du lit.  Et puis le mari mange seul en regardant la télévision.

Dans une thématique qui rappelle l'oeuvre d'Antonioni, le film traite de l'incommunicabilité avec cette femme qui préférerait même s'engueuler avec son mari mais au moins qu'ils se disent quelque chose. Elle peut tout changer dans la maison, il ne dit rien. Elle a l'impression de vivre seule, dit-elle à son amie. La femme ne sait même pas quel est le travail de son époux.

Heureusement, dans ce monde gagné par la dépression - le gouvernement fait passer les nouveaux cas de maladie pour une épidémie alors qu'il s'agit tout simplement du syndrome de la dépression – il subsiste quand même un semblant d'espoir. Ainsi, en voyant ses photos de jeunesse, le couple retrouve un semblant d'unité et cela amène le mari à révéler cette manipulation des masses.

Car une des autres thématiques passionnantes du film est sans conteste le fait que le gouvernement dirige nos vies et les médias, véhiculant des informations pas forcément très objectives.

Faisant réellement froid dans le dos quand on voit l'évolution actuelle de notre société (est-on si loin de cette fiction ?), Grauzone est un film très riche aussi bien par les thématiques qu'il aborde que par sa mise en scène très soignée.

On regrettera simplement de n'avoir pu visionner ce film qu'en version originale sous-titrée anglais car il y a de nombreux dialogues et l'anglais sous-titré n'est pas toujours simple à comprendre.

 

Avis de Locktal :

Réalisé en 1979 par le grand cinéaste suisse Fredi Murer, Grauzone est assurément l'une des œuvres les plus marquantes de la sélection du NIFFF 2010.

Sommet (avec le sublime Requiem d'Alain Tanner) de la sélection consacrée au cinéma fantastique suisse, le film est une puissante allégorie politique qui montre une Suisse dans laquelle les habitants semblent atteints de lucidité : ce postulat, qui se rattache au départ à de la science-fiction, frappe au contraire par son réalisme et rappelle très étrangement les maux de la Suisse contemporaine, voire par extension du monde contemporain.

Doté d'une photographie en noir et blanc froide, déshumanisée et oppressante, Grauzone s'apparente au cinéma de Michelangelo Antonioni, de par son atmosphère lourde et de ses réflexions sur le couple et l'incommunicabilité.

Magistralement mis en scène par Fredi Murer, le film évoque sans détour la manipulation des gens par les mass medias qui asservissent les hommes au système, à la société de consommation, et les maintiennent dans la volonté de besoins toujours plus grands, alors même que leurs idées sont littéralement formatées, de façon à créer des êtres standardisés, qui se ressemblent tous, ont les mêmes envies et besoins, sans jamais remettre en cause le système politique.

Sur ce passionnant point de départ, qui pourrait faire penser à une sorte de version non futuriste du fameux 1984 de George Orwell, Fredi Murer réalise une œuvre magnifique à tout point de vue.

Dans une société presque mécanique, réglée comme une horloge, où les hommes travaillent la semaine et se reposent le dimanche, il apparaît qu'ils ne savent justement pas quoi faire ce jour de leur temps libre, trop formaté à travailler sans réfléchir.

Le héros du film est un agent des services secrets, qui doit justement contrôler le peuple pour savoir si celui-ci n'a pas d'idée de révolte. Il passe son temps à surveiller, espionner.

Murer montre que cette standardisation des gens les empêche de penser par eux-mêmes. Il utilise ensuite subtilement l'idée originale de la prise de lucidité : en effet, dès le début du film, les gens semblent subitement frappés d'une mystérieuse maladie qui leur ouvrent les yeux et leur font prendre conscience de leur pitoyable condition, d'où la naissance des symptômes de la dépression. Lorsqu'on sait qu'aujourd'hui, les dépressions se multiplient dans la société, devenant la maladie la plus fréquente de l'homme moderne, on se dit que le cinéaste, dès la fin des années 1970, a offert une œuvre visionnaire qui n'a absolument pas vieilli, bien au contraire.

La société que Fredi Murer décrit est aliénante et ne fait qu'abrutir le peuple, asservi totalement à son fonctionnement, tandis que des hommes de pouvoir le manipule sans cesse.

Les thématiques des années 1970 sont abordées de manière frontale, avec la revendication de se rebeller contre un ordre trop établi qui ne fait que nous rendre esclave de la société qui contrôle sans cesse les individus et les déshumanise.

L'homme n'est qu'un bon petit soldat au service de la politique tout puissante dont le bonheur du peuple est le cadet des soucis.

Au-delà de ces thèmes passionnants, Fredi Murer décrit également les conséquences déplorables que ce système peut avoir sur le couple.

Car notre héros, malgré sa place, n'est qu'un pion, comme tous les autres. Pourtant, sa vie toute réglée, avec l'apparition des symptômes de la dépression, va se dérégler. La révolte de sa jeune épouse, femme au foyer qui n'est même plus remarquée, avec laquelle plus aucune communication n'existe, qui n'est juste qu'un objet parmi tant d'autres dévolu à son rôle d'épouse, elle aussi victime de ces étranges symptômes, va faire ouvrir les yeux au protagoniste.

En effet, Grauzone est aussi un magnifique film d'amour. Car d'après Murer, c'est cet amour qui peut rendre leur dignité aux hommes et leur faire ainsi prendre conscience de leur condition.

Dans une scène bouleversante, notre héros semble redécouvrir sa femme comme s'il s'agissait de la première fois, grâce aux photos qu'elle a prise d'elle lors d'une promenade avec une amie. Murer utilise magistralement l'ellipse : le spectateur ne voit en effet jamais ce qu'elle a fait lors de cette promenade, n'en voit donc que les photos et se retrouve dans la même position que son mari.

Cette sensation de voir les choses comme si c'était la première fois, de porter un regard nouveau sur notre environnement quotidien, le cinéaste nous la fait ressentir de plein fouet. Oui, si on ouvre vraiment les yeux, on peut voir comme le monde dans lequel on vit est beau, comme notre épouse est belle,... Malgré notre fichage par les politiques, notre asservissement à la société, il existe encore des choses pour lesquelles la vie mérite d'être vécue.

Et cet amour redécouvert par notre héros envers sa jeune épouse lui fait ouvrir les yeux sur tout le reste.

Cette prise de conscience va alors amener celui-ci à se révolter contre sa condition et à révéler aux hommes la manipulation dont ils font l'objet.

Au final, Grauzone provoque un véritable choc : ce poème cinématographique bouleversant de Fredi Murer est sans conteste non seulement l'une des œuvres majeures du cinéma suisse mais aussi une œuvre majeure du cinéma tout court. A découvrir de toute urgence !

 

murderer

Murderer :

 

Réalisateur : Roy Chow

 

Durée du film : 120 minutes

 

Date de sortie du film : inconnue (film de 2009)

 

Avec : Aaron Kwok (Ling), Chun-Ning Chang (Hazel), Siu-Fai Cheung (Ghost), Josie Ho (Minnie), Jan-Yut Tam (Sonny), etc.

film hong-kongais

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé par Roy Chow, assistant réalisateur d'Ang Lee, et dont c'est le premier film, Murderer est un pur thriller, en tout cas c'est ce qu'il censé être. Car comme vous pourrez comprendre plus bas, le film est très surprenant mais pas vraiment pour les raisons dont on pourrait se douter. Comme souvent dans ce genre de films, il y a un twist et le moins que l'on puisse dire est que celui-ci est étonnant et va réellement donner un côté instantanément culte à ce film. On arrive tout de même à passer du pur thriller un peu tendu (quoique un peu mou) à la Seven pour passer au thriller complètement Z avec des idées saugrenues, quasi surréalistes dont seul un Bruno Matéi pourrait être capable.

Sauf que Bruno Matéi n'a jamais eu droit à un budget confortable, une photo plutôt réussie et un acteur du standing de Aaron Kwok, vu notamment dans A name called hero ou Divergences de  Benny Chan. L'acteur a d'ailleurs un rôle de composition. Pendant une heure il est plutôt convaincant en interprétant Ling, ce policier qui est à la recherche d'un tueur et qui découvre progressivement que toutes les preuves l'accablent mais qui cherche coûte que coûte à prouver son innocence. Le passage d'une interprétation sobre à un sur-jeu ridicule intervient au moment où il tue son meilleur ami et se met à crier dans tous les sens, avec une hystérie qui met déjà le spectateur sur la piste de ce qui va suivre. Le réalisateur surligne la scène, faisant preuve d'un certain mauvais goût. Mais surtout ce qui va suivre défie l'entendement. Je n'ai jamais vu une révélation d'intrigue aussi ridicule, a fortiori dans un film asiatique qui jusque-là était plutôt bien troussé, ayant réussi à créer une véritable ambiance paranoïaque malgré quelques scories clippesques. 

Le coup du dessin du lapin sur le corps des victimes, à mettre en lien avec le dessin du gamin, Sonny, c'est un élément qui est débile même si cela ne choque pas immédiatement.

La scène culte (si l'on peut dire) intervient quand Sonny explique à Ling qu'il a tout fomenté contre lui et qu'il n'a du tout l'âge qu'il est censé avoir, alors là les événements expliqués sont tellement ridicules qu'on ne peut s'empêcher de rire.  La suite est du même acabit avec une  succession de scènes plus incroyables les unes que les autres. On peut noter entre autres le moment où Sonny regarde Ling les bras croisés et l'invite à rejoindre son épouse qu'il n'a pas protégée. Le gamin est en total sur-jeu.

Pour nous avoir offert un spectacle pathétique mais réellement jouissif pendant près de trois quart d'heure, Murderer est à ranger du côté des pépites que l'on aime mater entre potes. En revanche, si vous êtes amateurs de thrillers tendus, je vous conseille de passer votre chemin.

 

Avis de Locktal :

Premier film réalisé par Roy Chow, ancien assistant réalisateur du célèbre cinéaste Ang Lee, Murderer ressuscite pour le meilleur et pour le pire les fameux films dits de catégorie III (films exacerbant la violence et/ou le sexe et/ou le gore).

Débutant comme un thriller tendu et ambiant, un peu à la façon du Seven de David Fincher, le film commence par une scène-choc où le spectateur voit s'écraser sur le sol un homme tombant du septième étage, avec moults détails sanglants. Après cette très efficace ouverture, Murderer suit méticuleusement l'enquête d'un policier borderline interprété de manière assez convaincante par la star Andy Lau, bien connue des amateurs du cinéma HK.

Si le rythme est parfois un peu mollasson, Roy Chow sait faire naître un certain suspense en utilisant l'espace et le décor à bon escient, maintenant le spectateur en haleine, d'autant que la photographie du film est très réussie et magnifie les paysages de l'île où se déroule l'action.

Classique mais assez prenant, Murderer distribue pendant 1 heure ses cartes de façon convaincante, même si l'originalité n'est pas au rendez-vous, emmenant le spectateur dans ce qu'il croit encore être un thriller labyrinthique.

Cependant, à l'issue de cette première heure de métrage, le film prend une tournure nouvelle et se transforme en pure œuvre d'exploitation ! La finesse déployée lors de la première partie fait place à une véritable caricature de thriller, les acteurs en roue libre commençant à surjouer de manière grossière, en premier lieu l'acteur Andy Lau, qui était plutôt bon au début.

Aux portes du surréalisme involontaire, Murderer devient un authentique nanar, qui culmine dans un twist final complètement délirant (c'est bien simple : il faut le voir pour le croire !), certes imprévisible mais tellement énorme qu'il laisse totalement abasourdi.

Encore sous le choc de cette révélation, le film multiplie les séquences grotesques et trouve son apothéose dans une scène finale grand-guignolesque qui atteint des sommets de portnawak ! Le pire (ou le meilleur, c'est selon sa sensibilité !) étant que Murderer tient encore la route cinématographiquement, le film disposant d'un budget plutôt conséquent !

Au vu de l'hilarité générale produite par la deuxième heure du film dans la salle de projection, je ne peux que conseiller ce film « autre », qui trouvera sans souci une place de choix chez les amateurs de vrais nanars (nanars, pas navets, le film se suivant plutôt bien du début à la fin).

 

rauberi

Räuberinnen :

 

Réalisatrice : Carla Lia Monti

 

Durée du film : 80 minutes

 

Date de sortie du film : inconnue (film de 2009)

 

Avec : Nina Buehlmann (Emily), Myriam Muller (Trizi), Nils Althaus (Josef), etc.

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé par la jeune cinéaste suisse Carla Lia Monti, Räuberinnen est un film féministe bricolé avec peu de moyens.

Par son aspect conte et notamment l'histoire d'amour entre deux jeunes gens, la très belle Emily et Josef, le film rappelle un certain Princess bride de Rob Reiner. Mais il ne faut pas s'y tromper. Si Princess bride est un conte mignon et parodique, ici tout est volontairement exagéré et trash.

Dès le début, le ton est donné avec un roi ( son excellence) qui a une tétine à la bouche et qui veut absolument une blonde. On se rend compte assez rapidement que c'est un être libidineux. Dans une autre scène, on voit ce personnage en train de se branler avec un nounours. Il y a aussi ce moment où une  femme lèche le doigt de pied du roi. Évidemment, la cinéaste critique le régime totalitaire qu'a instauré et la perversité sexuelle de ce dernier. C'est donc sans surprise que l'on voit à un moment la belle Emily arracher le pénis du roi, lequel réussit à le remettre ensuite.

Les autres personnages du château ne sont guère plus raisonnables que le roi. Il y a par exemple cette femme qui se flagelle et utilise en même temps un god. Les références ou allusions sexuelles sont nombreuses dans le film et c'est d'ailleurs une façon pour la cinéaste de mieux tordre le cou à certains modes de vie.

Dans un mode qui rappelle les Monty Python, Carla Lia Monti mélange les époques. On a ainsi le serviteur noir ultra barraqué qui est au service du roi et n'arrête pas de faire du vélo d'appartement. Plus proche de nous au niveau de l'actualité, le film évoque explicitement la crise des sub-primes aux Etats-Unis.

Le mélange des époques n'est pas la seule curiosité du film. On a aussi droit au mélange des genres. Si le genre comédie est omniprésent, on rira d'autant plus en assistant les nombreuses séquences chantées du film. Dès les premières minutes du film, on voit Josef qui chante en allemand (forcément, vu l'origine du film) pour Emily, une blonde très mignonne, et l'on voit des marguerites partout. A un autre moment, Josef, avec les accoutrements du rocker, se met à nouveau à chanter pour Emily alors que l'on a comme fond de fausses étoiles. Il y a un côté kitsch qui est évident et assumé. Plus loin dans le film, Emily et sa collègue Trizi, devenues des voleuses (signification de Räuberinnen), s'offrent alors une scène complètement atypique avec une sorte de danse country en pleine nuit.

On comprend bien que tout cela est complètement décomplexé et n'a d'autre but que de divertir. D'ailleurs, le film se termine dans une ambiance fun avec des feux d'artifice à la clé.

Situé entre une production seduction cinéma (pour le côté érotique puisque l'on voit quelques seins et les allusions sexuelles sont bien présentes) et du Monty Python (pour le côté complètement décalé des scènes, et notamment l'anachronisme assumé), Räuberinnen est une sorte de conte complètement décalé. C'est une curiosité sympathique.

On regrettera simplement le manque de cohérence de l'ensemble, le film partant un peu dans tous les sens, même si tout est fait pour distraire le spectateur.

A noter que la cinéaste est venue livrer quelques informations sur son film avant le début de celui-ci.

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Avis de Locktal :

Réalisé en 2009 par la cinéaste suisse Carla Lia Monti, Räuberinnen se veut un hommage aux films de John Waters ou de Russ Meyer, par son côté bricolé, grotesque et irrévérencieux, tout en étant féministe.

Le film narre l'histoire d'amour entre la belle Emily et le musicien Josef et prend les atours d'un conte de fée décalé, dans lequel les hommes (Josef y compris) sont décrits comme des animaux idiots, libidineux et vulgaires, à l'image de ce roi de pacotille qui régente le pays imaginaire où se déroule l'action.

Face à ces oppresseurs, les femmes ne sont que des objets, des esclaves soumis aux volontés de ces hommes.

Carla Lia Monti dresse de savoureux portraits masculins, tous plus horribles ou stupides les uns que les autres, et en tant que féministe (comme elle l'a elle-même signalé, celle-ci étant présente au NIFFF 2010 lors de la projection), leur oppose une armée de femmes fortes et déterminées mais qui n'hésitent pas à utiliser leurs corps pour se jouer des hommes.

Ces jolies « Räuberinnen » (mot qui signifie brigandes en allemand) vont inverser les rôles et fomenter une véritable révolte, tout en jouant sensuellement de leurs corps et les utilisant comme des armes.

Spectacle fun et décomplexé, maladroit mais rempli de bonne humeur, Räuberinnen mélange avec un certain bonheur les genres : film d'aventure, comédie, film érotique, comédie musicale, et accouche d'une oeuvre hybride fort plaisante dont la modestie des moyens n'handicape pas trop le film.

Carla Lia Monti crée une esthétique pop et acidulée, à la limite du kitsch cinématographique, aux couleurs criardes et agressives, n'hésitant pas à utiliser des effets gore ou surréalistes. Elle truffe également le film de symboles sexuels et phalliques, englobant le tout dans un mauvais goût proche des films de John Waters.

Si le film contient des défauts certains (incohérence, scénario basique, images parfois approximatives,... ), il permet de passer un bon moment de détente et demeure une curiosité à découvrir.

A noter que la réalisatrice était présente et a expliqué en quelques mots comment elle avait pu mener à bien ce projet, assez éloigné des thèmes du cinéma suisse, plus axé vers le cinéma d'auteur pur et dur.

 

derteufel

Der teufel in miss Jonas :

 

Réalisateur : Erwin C. Dietrich

 

Durée du film : 73 minutes

 

Date de sortie du film : 1974

 

Avis de Locktal :

Réalisé par le grand pape de l'érotisme suisse Erwin C. Dietrich, auteur d'oeuvres aussi « inoubliables » que Girls with open lips, Ich ein groupie ou encore Mädchen die sich selbest bedienen par exemple, et producteur de certains films du prolifique Jess Franco dont les célèbres Barbed wire dolls ou encore Doriana Grey, Der Teufel in Miss Jonas est une sorte d'adpatation soft du classique du X américain de Gerard Damiano, Devil in Miss Jones, qui avait obtenu un très grand succès public à l'époque.

Le film reste un pur produit érotique des années 1970, avec des actrices langoureuses (habituées des films et productions de Dietrich, comme Marianne Dupont ou Crista Free) qui sont quasiment nues toute la durée du métrage.

Baignant dans une lumière pas toujours géniale, qui évoque plus les vidéo Playboy, Der Teufel in Miss Jonas reprend en gros la trame du film de Damiano et s'intéresse à une jeune femme qui vient de mourir et qui passe en jugement devant un tribunal du ciel pour savoir, selon les péchés qu'elle avouera, si elle ira au paradis ou en enfer.

S'étant toujours vautrée dans la luxure, bien dans sa peau, Miss Jonas évoque alors ses aventures sexuelles, aussi bien homosexuelles qu'hétérosexuelles.

Le film est une succession de flashbacks érotiques, plus ou moins passionnants, qui retracent avec sensualité le parcours de l'héroïne.

Parfois à la limite du surréalisme involontaire, comme cette scène ridicule dans les bois où l'héroïne s'adonne à des ébats torrides avec un homme portant un masque ridicule, au gré d'un ralenti plutôt inadapté, le tout sur une musique sirupeuse à souhait, Der Teufel in Miss Jonas se suit plutôt agréablement et remplit, malgré des maladresses certaines, son contrat avec le spectateur : celui-ci est venu pour voir de belles femmes nues et est servi, il n'y a pas de tromperie sur la marchandise !

Évidemment, nous sommes très loin ici de l’œuvre d'art, mais en même temps, Dietrich n'a pas cette ambition et livre un produit sympathique qui n'a pas peur de se moquer de lui-même, ce qui n'est déjà pas si mal.

Au final, Der Teufel in Miss Jonas n'est peut-être pas le film érotique le plus réussi de Dietrich (des métrages comme Roll Royce baby, Caged women ou encore Mädchen ohne Männer, qu'il a réalisés à la même période, sont meilleurs à mon sens) mais reste très regardable, d'autant qu'une certaine nostalgie s'en dégage.

 

primal

Primal :

 

Réalisateur : Josh Reed

 

Durée du film : 85 minutes

 

Date de sortie du film : inconnue (film de 2009)

 

Avec : Krew Boylan (Mel), Lindsay Farris (Chad), Wil Traval (Dace), Rebekah Foord (Kris), Damien Freeleagus (Warren), Zoe Tuckwell-Smith (Anja), etc.

 

Avis de Nicofeel :

Film australien réalisé par Josh Reed, Primal ne brille pas vraiment par son originalité. Le film est un banal survival qui ne dispose d'aucun élément original. Pire, le côté fauché de ce long métrage l'handicape sérieusement.

Le film démarre d'ailleurs par une introduction où l'on découvre des décors sont particulièrement sommaires. Censée se dérouler il y a 12000 ans, cette scène représente un homme préhistorique en train de peindre des peintures rupestres qui se fait tuer par  être mystérieux.

La suite de l'histoire met en scène les principaux protagonistes du film, à savoir comme souvent dans ce genre de films une bande de jeunes, qui passe dans un endroit très sauvage. Particulièrement peu malins, ces jeunes sont à eux seuls de véritables caricatures. On a par exemple droit à la blonde de service qui n'est pas vraiment futée et qui se la joue sexy, souhaitant se baigner en pleine nuit. Cela va être à l'origine de changements en elle, la transformant en sorte de bête assoiffée de sang.

Si l'on passe sur le côté complètement incroyable de l'histoire, on retiendra surtout une caméra qui tremble énormément lors des scènes d'action. Sans compter les nombreux accélérés qui sont là pour donner du rythme. Le cinéaste essaie de dynamiser son film mais il réussit plutôt à saouler le spectateur.

Les défauts du film ne s'arrêtent pas là. La photographie, qui manque cruellement de netteté, laisse clairement entendre que le film a été tourné en vidéo. On a donc d'autant plus de mal à rentrer dans ce film qui est surtout fauché et bien souvent ridicule par les scènes qui sont proposées (on a droit à un moment à une idée complètement saugrenue quand un cannibale décide de forniquer avec la jeune fille transformée en cannibale ; il y même des scènes involontairement drôles,  comme lorsque le petit-ami de la blonde pense qu'elle est malade et a besoin d'aide alors que l'on voit clairement qu'elle est dangereuse).

Mais heureusement tout n'est pas à jeter. Les Les SFX sont plutôt bons avec des effets gore convaincants. C'est d'ailleurs la seule vraie réussite du film. Eu égard aux nombreuses scènes sanglantes, cela permet au moins de passer le temps sans trop s'ennuyer.

Sans conteste, Primal est un film primaire sans aucun côté original et de nombreux défauts inhérents à son faible budget. Voilà un film parfaitement dispensable.

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