Année : 2010
Origine : Islande
Durée : 95 minutes
Avec : Paul Dano (Lucas), Brian Cox (Jacques), Isild Le Besco (April), etc.
Résumé : La rencontre entre un garçon paumé et un patron de bar proche de la mort.
Après les sympathiques Noi albinoi et The dark horse, Dagur Kari émigre
de son Islande natale pour mettre en scène son nouveau film à New York.
Il n'empêche, les thématiques chères au réalisateur sont toujours
présentes.
Ici, un vieux barman, Jacques (Brian Cox) fait un séjour dans un hôpital
en raison de son coeur malade (ce qui expliquera plus tard dans le film
le titre de ce dernier) où il retrouve un jeune SDF, Lucas (Paul Dano)
qui avait tenté de se suicider. Jacques va se prendre d'amitié pour ce
jeune garçon un peu paumé et lui trouver un travail dans son bar. Dans
un milieu presque essentiellement masculin (celui de l'univers des
bars), va se glisser une jeune femme, elle aussi un peu paumée, April
(Isild Le Besco).
Au vu du synopsis, on comprend aisément que la préoccupation première de
Dagur Kari, est de nous parler des gens qui sont exclus de la société,
des laissés-pour-compte, des personnes paumées qui vivotent. Quand on
voit à quel point l'Islande, pays de Dagur Kari, a subi de plein fouet
la crise du capitalisme, on peut se dire qu'il sait bien de quoi il
parle.
Toujours est-il que cette thématique demeure plus que jamais
universaliste. Les personnages joués par Paul Dano, Jacques et Isild Le
Besco font tous plus vrais que nature. Des gens que la vie n'a pas aidé
et qui ont bien du mal à s'en sortir. Alors, dans ce cas, qu'est-ce que
l'on fait fait ? Eh bien on se sert les coudes. Et c'est ce que l'on
voit clairment à l'écran. Malgré les réticences de certains (voir le
point de vue de Jacques au début de l'arrivée d'April), ce n'est que de
cette manière que l'on peut y arriver. Le réalisateur Dagur Kari est
plutôt doué dans sa capacité à décrire la vie des couches populaires et à
montrer qu'ils ne doivent rien à personne quand il s'agit d'aider son
prochain. Même si le film est assez loin d'être une comédie potache, The
good heart demeure un film optimiste car il décrit précisément des gens
qui sont dans le besoin mais qui n'hésitent pas à s'entraider.
Le côté humaniste du film est évident et de nombreuses scènes sont là
pour le signaler : il y évidemment le fait que Jacques décide de passer
la main à Lucas afin de tout lui apprendre ; il y a le moment où Jacques
décide de vendre son bar et de tout donner aux personnes qu'il apprécie
le plus ; il y a le moment où les clients de Jacques décident de lui
souhaiter un bon anniversaire.
L'émotion qui ressort du film est belle à voir. C'est tout bonnement une
leçon de vie.
Le réalisateur réussit adroitement à mélanger scènes dramatiques avec
des scènes humoristiques. C'est bien souvent un humour décalé mais cela
fait toujours mouche. Les épisodes avec les animaux sont très drôles (le
chien à l'avant de la voiture ; l'oie qui se retrouve dans le bar) et
puis les différents personnages du film, tous très bien écrits,
participent amplement à l'ambiance bon enfant du film alors que les
faits décrits et événements sont bien souvent loin d'être drôles. Le
personnage de Lucas, joué par Paul Dano, est franchement complètement
décalé. Dès le début du film, on voit bien que ce personnage est
atypique. Ainsi, lorsqu'il sort de l'hôpital, il veut à tout prix rendre
service et comme il n'a pas d'argent, il est prêt à donner son sperme !
Finalement, il remplit une fiche de donneur d'organe. La scène est en
somme révélatrice du film : drôle sur la forme, sérieuse sur le fond. En
effet, le fait d'avoir signalé que Lucas accepte le don de ses organes
n'est pas anodin, comme on le voit plus tard dans le film.
Le système d'entraide, évoqué précédemment, est à voir au propre comme
au figuré. Puisque quand le personnage de Lucas n'aide pas directement
son ami Jacques dans son bar, il le fait indirectement en raison
d'événements difficiles, tragiques.
The good heart devient in fine un film sur la bonté des gens. Si le
cinéaste n'est pas fondamentalement un grand optimiste de la vie
(quoique la fin du film montre tout de même un personnage heureux de
vivre, et qui n'a pas oublié son ami), il croit manifestement toujours
au genre humain et à sa capacité à aider son prochain.
Film complètement atypique, particulièrement révélateur du style de son auteur, The good
heart est un bon petit film d'auteur qui mérite d'être vu par sa
thématique, par le ton adopté et par le très bon jeu de ses acteurs. La
musique, tout en douceur, participe également à l'ambiance si
particulière qui se dégage de ce film.