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Déjantés du ciné
16 septembre 2010

La pivellina de Tizza Covi et Rainer Frimmel

lapivellinaAnnée : 2010
Origine : Italie
Durée : 100 minutes

Avec : Patrizia Gerardi (Patty), Asia Crippa (Asia), Walter Saabel (Walter), Tairo Caroli (Tairo), etc.

FICHE IMDB

Résumé : Une artiste de cirque trouve une enfant de 2 ans abandonnée par sa mère.


Réalisé par Tizza Covi et Rainer Frimmel, La pivellina part d'un postulat qui n'est pas sans rappeler L'enfant des frères Dardenne. En effet, ici, une artiste de cirque, Patty trouve tout à côté de l'endroit où elle vit une petite fille d'environ 2 ans et demi qui a été abandonnée par sa mère.
A la différence du film des frères Dardenne, le questionnement ne va pas être celui de l'abandon et de culpabilité des parents mais au contraire celui de l'intégration de cette petite fille dans un nouveau cocon familial.

Filmé dans le style d'un documentaire, La pivellina est clairement un docu-fiction. Les deux réalisateurs ont cherché à coller au plus proche de la réalité. Cette caméra qui filme la vie des gens, sans jamais juger, rappelle immanquablement le néo-naturalisme italien. Cette idée est d'ailleurs renforcée par la volonté des cinéastes de nous montrer une réalité qui ne fait pas forcément plaisir à voir. Ainsi, Patty, la femme aux cheveux rouges, vit dans la périphérie de Rome dans des conditions pour le moins peu enthousiasmantes. On voit des endroits des HLM vieillots mais il y a encore pire car Patty se trouve avec son mari sur un terrain vague, qu'ils occupent avec d'autres artistes de cirque. L'habitation est pour le moins précaire puisque cela se résume à un camping.  Pour accéder à la douche, il faut aller dans le camping du jeune Tairo, garçon de 14 ans, dont le père travaille lui aussi dans un cirque. Mais l'eau pose problème en elle-même : ainsi, ces artistes de cirque récupèrent l'eau publique qu'ils peuvent trouver dans les parages. Plus généralement, le matériel pour vivre dont disposent ces artistes est avant tout de la récupération d'éléments endommagés. La vétusté des lieux est criante.
La description sociale est saisissante de réalisme. Pour autant, les réalisateurs n'ont jamais cherché à faire preuve de misérabilisme.

Bien au contraire. Malgré les conditions matérielles difficiles dans lesquelles vivent ces artisites de cirque et malgré la dureté de la thématique du film, à savoir l'abandon d'un enfant, La pivellina demeure plus que jamais un film optimiste sur la vie.
Car la description de ce milieu si particulier que constituent ces artistes de cirque, ces saltimbanques qui vivent au milieu des animaux, donne lieu à des scènes d'une grande simplicité, révélateurs d'un grand bonheur. Patty, Tairo et d'autres personnes qu'ils fréquentent accueillent la jeune Asia comme l'une des leurs. La fillette, qui est mignonne comme tout, illumine l'écran par sa spontanéité. On imagine aisément que Tizza Covi et Rainer Frimmel ont dû passer beaucoup de temps avant d'obtenir le résultat qu'ils souhaitaient à l'écran.

Toujours est-il que l'on appréciera au plus haut le fait de voir l'intégration de cette petite fille au sein de sa nouvelle famille. Le bonheur est dans le pré et cela n'est pas qu'une expression. Ici, des jeux tous simples, comme réceptionner une balle, jouer dans quelques centimètres d'eau, ou des gestes simples (le fait de sourire, le fait de porter un enfant dans ses bras) donnent lieu à des moments de grand bonheur. Ces gens, qui ont pourtant des moyens très limités, font tout pour cette enfant : ils lui achètent des couches et de nouveaux vêtements. Et puis il y a cette très belle scène finale, qui résume à elle tout ce que l'on a vu jusque-là. La petite Asia a droit pour son départ supposé (car sa mère naturelle était censée la récupérer) à une jolie fête avec un gâteau comportant son prénom. Asia, entourée de nombreux artistes du cirque obtient plusieurs cadeaux, lesquels signifient clairement tout l'amour de ces gens envers elle.

Car au-delà des notions d'argent, de difficulté à s'en sortir à  la fin de chaque mois, le film est avant tout caractérisé par une solidarité de tous les instants entre ces saltimbanques. Cette solidarité, on l'aura vu s'exprimer de bout en bout dans le film avec notamment l'un des amis de Patty qui va amener Patty, Tairo et Asia à la mer ou encore ce moment où les forains vont permettre à ces mêmes personnes d'accéder gratuitement à des jeux. L'amour qui est rendu à cette fillette fait plaisir à voir et cette dernière rend également l'amour qui est donné, à tel point qu'elle en oublie sa maman naturelle, se sentant parfaitement intégrée là où elle se trouve.

Si la fin du film est ouverte et permet à chacun de se faire son idée sur la suite des événements, La pivellina est un long métrage qui respire  un humanisme vrai et sincère,  qui ne devrait pas manquer de toucher le spectateur en ces temps où l'individualisme semble primer sur le collectif.

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