Titre du film : Des hommes et des dieux
Réalisateur : Xavier Beauvois
Année : 2010
Origine : France
Durée : 120 minutes
Avec : Lambert Wilson (Christian), Michael Lonsdale (Luc), Olivier Rabourdin (Christophe), Jacques Herlin (Amédée), etc.
FICHE IMDB
Résumé : Le film retrace de manière libre la vie des moines cisterciens présents en Algérie à Tibhirine de 1993 à leur enlèvement en 1996.
Avec Des hommes et des dieux, l'excellent cinéaste français Xavier
Beauvois (auteur notamment du film Le petit lieutenant avec Jalil
Lespert et Nathalie Baye) s'inspire de la vie des moines cisterciens de
Tibhirine en Algérie, qui auraient été enlevés puis tués par le GIA en
1996.
Évidemment, l'issue du film ne fait aucun doute mais l'intérêt du film
ne consiste pas dans son scénario mais plutôt dans le ton adopté par le
film. Si Xavier Beauvois n'est pas forcément le cinéaste auquel on pense
immédiatement pour nous raconter une histoire relative à des moines
trappistes, il n'empêche que la sauce prend rapidement et que l'on se
retrouve aussitôt happé par ce film et le portrait qui est fait de ces
hommes qui ont tout abandonné pour aimer Dieu.
Superbe film sur la foi, à ranger aux côtés de l'excellent L'évangile
selon Saint-Matthieu de Pier Paolo Pasolini, Xavier Beauvois alterne
avec une grande justesse les moments de prière (d'abord montrés en plans
fixes) et les autres moments de la vie quotidienne de ces moines. Car
ces huit hommes de foi forment à eux seuls une micro-société qui
réussissent à subvenir à leurs besoins grâce à leur travail de la terre.
On a droit à un jardinier, à un médecin, à un cuisinier, aux écrivains,
etc. Tous participent utilement à la vie de cette communauté qui est
placée sous le signe d'une vie modeste et ouverte aux autres.
En effet, ici on est loin de toute caricature qui pourrait nous amener à
penser que ces moines ne font que prier et s'auto-alimenter. Bien au
contraire. Ayant fait le choix de vivre dans une région pauvre
d'Algérie, ils vivent aux côtés de la société civile et n'hésitent pas à
aider quiconque à besoin de leur aide. Ainsi, frère Luc (excellent
Michael Lonsdale) s'occupe à faire le médecin pendant toute la journée
et reçoit environ 150 personnes par jour ! Tourné vers les autres, frère
Luc est sans conteste un des personnages les plus intéressants et qui
symbolise parfaitement le mode de pensée de ces moines : aider les
autres, qu'il s'agisse aussi bien de la population civile que de membres
du GIA.
Mais que dire du personnage de frère Christian, joué par Lambert Wilson.
Lui aussi est un homme de foi qui agit toujours en homme de paix, même
face à des hommes armés venus avec des intentions belliqueuses. Une
superbe scène a d'ailleurs lieu lorsque le GIA vient une première fois
le jour de Noël. Frère Christian demeure calme et déterminé. Surtout, il
délivre un message de paix et de fraternité. Il arrive d'ailleurs à
obtenir des excuses du chef du GIA et le fait que ce dernier demande à
lui serrer la main. Un autre élément fondamental est le fait que frère
Luc accorde une importance équivalente à tout être humain, comme le
prouve cette scène où il prie pour un membre du GIA, ce que ne comprend
pas un militaire.
Film qui respire la foi comme rarement vu, Des hommes et des dieux porte
bien son nom. En ces temps troubles où l'on peut se faire égorger en un
rien de temps et à n'importe quel endroit, les moines en arrivent
parfois à douter mais la force de leur foi est plus forte que tout. Ces
hommes qui sont au-delà de tous ces massacres et ne pensent qu'à faire
le bien autour d'eux. Ils savent que leur mission est de rendre service
autour d'eux. Leur foi en Dieu est remarquable.
Encore plus remarquable est le fait qu'ils en arrivent même à prier pour
tout le monde, et même pour leurs meurtriers. Le pardon qu'ils
accordent est belle à voir. On ne peut qu'être étonné de voir que le GIA
ou d'autres personnes aient décidé de mettre fin à la vie à des
religieux qui n'ont fait que du bien autour d'eux.
Une scène remarquable du film a lieu lorsque ces moines sont tous réunis
et qu'ils prennent ensemble leur dernier repas. Sur la sublime musique
du lac des cygnes de Tchaïkovski (opus 20), la caméra de Xavier Beauvois
fait le tour de ces huit personnages en les montrant d'abord dans leur
globalité puis en montrant uniquement leur visage et enfin leurs yeux.
On passe tour à tour des sourires aux larmes. Comme si ces hommes
savaient que leur fin est proche. Alors que dire de ce qui va arriver
peu de temps après avec ces hommes qui s'enfoncent dans la montagne
enneigée, comme s'ils rejoignaient dans cette brume le paradis.
Film d'une grande finesse qui force le respect eu égard au comportement
de ces moines trappistes, Des hommes et des dieux doit sa réussite tant à
sa mise en scène et sa photographie qu'à son interprétation qui est en
tous points remarquables. Les acteurs sont bluffants de vérité et
incarnent de manière évidente leurs personnages. Lambert Wilson et
Michael Lonsdale en tête campent magistralement ces hommes qui ont donné
leur vie pour Dieu.
Voilà sans conteste un film à voir, qui n'a pas volé le grand prix du jury qu'il a obtenu à Cannes. On attend avec impatience le prochain film de Xavier Beauvois.