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Déjantés du ciné
11 avril 2011

I spit on your grave de Steven R. Monroe

Ispitonyourgrave

Titre du film : I spit on your grave

Réalisateur : Steven R. Monroe

Année : 2010 (film non sorti en France)

Origine : Etats-Unis

Durée du film : 107 minutes

Avec : Sarah Butler (Jennifer Hills), Jeff Branson (Johnny), Andrew Howard (shérif Storch), Chad Lindberg (Matthew), Daniel Franzese (Stanley), Rodney Eastman (Andy), etc.

FICHE IMDB

Résumé : Une femme violée va se venger de ses agresseurs.

 

Pas vraiment connu du grand public ni des aficionados du genre puisqu'il n'a jusqu'à présent réalisé aucune œuvre marquante, Steven R. Monroe s'est pourtant vu confier la réalisation du remake de I spit on your grave. Ce film de 1978 est l'un des films culte du cinéma d'horreur, et même précisément du sous-genre intitulé « rape and revenge ». Dans ce genre de film, comme son titre l'indique, le film est construit sur deux phases bien distinctes : une phase de viol où une femme est torturée par des hommes et une phase de vengeance où les bourreaux vont avoir à payer de leurs méfaits.

Le film original I spit on your grave suit parfaitement ce schéma. C'est l'unique film de Meir Zarchi. Son film avait été à l'époque banni dans de nombreux pays par son déchaînement de violence et probablement pour des questions de moralité car le film n'est pas sans questionner le spectateur sur ce qu'il voit et sur les notions de bien et de mal.

C'est donc ce film que Steven R. Monroe s'est attelé à remettre au goût du jour. Cela dit, on part en terrain connu puisque Meir Zarchi n'a pas disparu de la circulation. Outre le fait d'être producteur exécutif, il est sur ce film co-scénariste. S'il n'a pas fait évoluer fondamentalement son film, il reste tout de même qu'il y a des changements notables.

D'abord le film se déroule bien à notre époque actuelle puisque Jennifer Hills, le principal personnage, est une écrivain qui travaille avec un portable et qui communique avec son producteur par le biais d'un cellulaire. Quant aux hommes qui vont s'en prendre à elle, l'un d'eux dispose d'une caméra vidéo numérique. Il va d'ailleurs s'en servir pour filmer l'une des séquences les plus marquantes du film, celle où Jennifer Hills va subir un viol collectif, et notamment une sodomie, en pleine forêt. A ce moment, on pense certes au film original mais également à Délivrance de John Boorman ou à La dernière maison sur la gauche de Wes Craven. La nature, qui paraît au départ idyllique, devient un territoire propice à des actes de sauvagerie. Mais la vengeance se prépare.

Et c'est là où le film varie de l’œuvre originale. Alors que dans le film de Meir Zarchi notre héroïne retourne dans le chalet qu'elle avait loué et prépare méthodiquement sa vengeance en appâtant chacun des mâles qui l'ont violée, dans le film de Steven R. Monroe la donne est différente. Dans le film actuel, les violeurs entendent la tuer pour ne pas laisser de traces. Mais elle leur échappe en sautant dans une rivière et on ne la voit plus dans le film pendant près de 20 minutes.

C'est un des apports les plus intéressants du film de Steven R/ Monroe. Le cinéaste a pris le parti de faire disparaître son héroïne, tout en sachant que l'on comprend aisément qu'elle est toujours en vie et qu'elle prépare sa vengeance, comme l'attestent les petits détails (un oiseau mort, une copie de la vidéo du viol collectif) qui sont transmis aux hommes qui s'en sont pris à elle.

Quand on la voit à nouveau, elle n'est plus la même. Ce n'est plus cette jeune femme craintive, demandant qu'on ne lui fasse pas de mal. Jennifer Hills est désormais une jeune femme déterminée, qui va s'appliquer méthodiquement à torturer puis à tuer ses agresseurs. Si cette vengeance paraît peu crédible par son aspect extrême, cela n'est pas du tout un élément propre à amoindrir l'intérêt du film. Car c'est un film et le but est plutôt de révéler l'intention de vengeance de cette femme dont la vie a été brisée.

Sa revanche est à l'égal de ce qu'on lui a fait subir. Le réalisateur Steven R. Monroe a la bonne idée de ne pas faire le même type de tortures que dans le film original. Même si certains éléments restent bien présents (un homme qui est émasculé, un autre qui est pendu), d'autres sont nouveaux. On sera étonné de retrouver dans un film qui est somme toute visible du grand public, des déchaînements de scènes gore avec en particulier un homme qui a un fusil pointé sur son derrière. La finalité de cette scène est jusqu'au-boutiste.

Par son déchaînement de violence, I spit on your grave ne serait-il pas quelque part un film réactionnaire ? Eh bien non. Si d'un point de vue moral, le film original reste pour certaines personnes assez tendancieux (même s'il s'agit surtout d'une œuvre bis), le remake est plus fin de ce point de vue en intégrant un nouveau personnage au tableau de ces rednecks. Il y a ainsi le shérif qui, derrière ses allures de bon père de famille, est en fait un véritable salopard qui n'hésite pas une minute à s'en prendre à cette pauvre Jennifer Hills et à lui faire les pires méfaits. Dans ces conditions, quand la justice ne répond plus présent, il semble bien que la vengeance personnelle ne puisse être que le seul recours. La morale est donc sauve et si l'on ne s'identifiera pas forcément à Jennifer Hills, au moins on peut comprendre son acharnement à s'en prendre à ces véritables sauvages.

Bien prenant de bout en bout, I spit on your grave est solidement mis en scène, le réalisateur filmant presque comme à l'ancienne avec très peu de scènes « cut », et avec d'ailleurs une photographie donnant l'impression de voir un film des années 70 ou 80.

La réussite du film tient non seulement de son scénario, de sa mise en scène, de sa photographie et de sa succession de scènes gore mais ce n'est pas tout. Le film ne tiendrait pas la route sans les compositions remarquables de ses acteurs, où émergent sans conteste Sarah Butler, excellente dans le rôle de Jennifer Hills, ainsi que Jeff Branson et Andrew Howard, qui interprètent brillamment respectivement ces deux salauds que sont Johnny et le shérif.

Au final, I spit on your grave est un film qui n'a pas à rougir de sa comparaison avec l'oeuvre originale dont il est le remake. L'efficacité est ici au rendez-vous et le film est bien maîtrisé. Voilà certainement un des meilleurs films d'horreur de ces dernières années. A voir, même si l'on connaît déjà le long métrage de Meir Zarchi.

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