Hisss de Jennifer Chambers Lynch
Réalisatrice : Jennifer Chambers Lynch
Année : 2010
Origine : Inde
Durée : 98 minutes
Avec : Malika Sherawat (la déesse Nagin), Irfan Khan (le policier), Jeff Doucette (George States), etc.
Résumé : Une déesse serpent, capable de prendre forme humaine, part à la recherche de son amant.
Après le troublant Boxing Helena et l'inquiétant Surveillance, Jennifer Chambers Lynch (la fille de David Lynch) est de retour. Avec un projet excitant, en tout cas sur le papier. Le film s'inspire d'un mythe indien particulièrement connu, celui de la femme-serpent.
Il est ainsi question ici de la déesse serpent Nagin, qui porte en elle le Naagmani, une pierre d'immortalité. Un homme atteint d'un cancer, George States, décide de piéger l'amant de Nagin, un très grand serpent, avec l'idée de récupérer à terme le fameux Naagmani. Capable de se transformer en femme, Nagin part à la recherche de son amant, bien décidée à éliminer les personnes qui se dresseront sur son chemin. L'idée du base du film ne manque pas d'intérêt.
Oui mais voilà le traitement laisse sérieusement à désirer. Bien loin de la finesse de ses précédents films, Jennifer Chambers Lynch a concocté au mieux une série B de bas étage, au pire une série Z ridicule.
La mise en scène, pourtant généralement très soignée chez la fille de David Lynch, laisse place désormais à des tics visuels que l'on retrouve généralement dans la génération des cinéastes actuels et notamment des anciens clippeurs. Pourtant, c'est bel et bien Jennifer Chambers Lynch qui agrémente les scènes de son film de ralentis particulièrement agaçants, de surbrillances d'images et d'autres tics visuels qui n'apportent rien au récit et sont fatigants par leur permanence.
Ce ne sont malheureusement pas les effets spéciaux du film qui vont relever le niveau. Le coup où la déesse Nagin passe de femme en cobra géant est pour ainsi dire ridicule. On voit trop qu'il s'agit d'une image de synthèse. Mais il y a pire : la scène où elle gobe un homme tel que le font les serpents est risible !
Jennifer Chambers Lynch se permet même de faire des scènes d'une totale inutilité. Dans ce style, on a droit à Nagin femme qui se met à danser avec des villageois. On est même témoin en tant que spectateur d'une scène qui devrait ravir les amateurs de Z : ainsi, on assiste à une course-poursuite pathétique où Nagin (en femme) court après un charmeur de serpent, avec le policier qui enquête sur des meurtres pour le moins étranges qui n'est pas loin et suit comme il le peut.
Le film n'est pas non plus sauvé par son casting pour le moins calamiteux. Si Malika Sherawat sauve les meubles de son côté et interprète à peu près correctement le rôle de Nagin, bien aidé il est vrai par son superbe physique et par le fait qu'elle ne dise pas un mot dans le film ; les autres acteurs sont carrément mauvais. Irfan Khan dans le rôle du policier est pour le moins transparent. Quant à la femme qui joue le rôle de sa belle-mère dans le film, elle est carrément agaçante en se comportant comme une enfant (les moments censés être drôles où on la retrouve tombent à plat). La palme du mauvais rôle revient à Jeff Doucette qui a l'air dingue et qui ne fait que surjouer. Tout cela n'aide pas à une approche sérieuse du mythe de Nagin.
Si le film a un côté féministe évident avec cette femme-serpent qui s'en prend à des hommes méchants, l'approche dans Hisss à ce niveau est quelque peu réductrice. En effet, tous les hommes ne sont pas des salauds. L'autre réflexion féministe du film revient à la difficulté pour le couple du policier d'avoir un enfant. Pour autant, cette question relative à la maternité est tout juste esquissée.
Pour être totalement objectif, remarquons que le film est tout de même émaillé de quelques scènes intéressantes : la première transformation de Nagin ; la scène dans le temple ; une scène osée où en revêtant une apparence humaine Nagin s'enlace avec son amant serpent et prend du plaisir. Si ces scènes sont réussies, elles sont cependant bien trop furtives et rares. C'est dommage car si Jennifer Lynch s'en était tenu à un traitement fin du mythe de la femme-serpent, on aurait pu avoir un excellent film.
Au final, que penser d'Hisss ? Malheureusement qu'il s'agit clairement d'un film d'horreur de bas étage. La mise en scène est bien souvent assortie de tics visuels, l'interprétation est pour le moins peu fameuse, le scénario est traité de manière très basique et les effets spéciaux sont hasardeux. En somme, on se croirait plus dans un mauvais épisode de Manimal que dans un film traitant subtilement le mythe de Nagin. La réalisatrice Jennifer Chambers Lynch est vraiment très décevante avec ce Hisss. Espérons que son prochain long métrage relèvera le niveau (cela dit, la tâche n'est pas bien difficile !).