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Déjantés du ciné
31 décembre 2011

Route irish de Ken Loach

routeirishTitre du film : Route irish

Réalisateur : Ken Loach

Année : 2011

Origine : Royaume-Uni

Durée : 109 minutes

Avec : Mark Womack (Fergus), Andrea Lowe (Rachel), John Bishop (Frankie), etc.

FICHE IMDB

Résumé : Un homme se fait tuer sur la route irish, la route la plus dangereuse de Bagdad. Un de ses amis va enquêter sur ce décès.


Réalisé par Ken Loach (Sweet sixteen, It's a free world), chef de file du cinéma britannique, Route irish fait référence à une route extrêmement dangereuse à Bagdad en Irak qui va de l'aéroport à la zone internationale (la fameuse green zone).
Pour autant, il ne faut pas s'y tromper. Route irish ne constitue pas un énième film sur les militaires qui ont rejoint l'Irak. Ou en tout cas il ne s'agit pas de l'unique thématique du film. Non Ken Loach est beaucoup plus subtil que ça.

Le cinéaste nous signale d'abord un fait qui n'est pas vraiment connu du grand public, à savoir que dans le cadre de la guerre en Irak, de nombreuses personnes ont été recrutées en qualité de contractuelles (contractor) pour faire un travail qui s'apparente en tous points à celui des militaires. Sauf qu'au regard des salaires qui sont versées (le film indique la somme de 10 000 livres sterling mensuel) et des personnes qui sont recrutées, on a plus à faire à des mercenaires qu'à des militaires.
Le synopsis du film nous raconte que l'un de ces contractors, Frankie, vient de décéder sur la route irish. Le meilleur ami de ce contractor, Fergus, lui-même un ancien contractor, ne comprend pas comment son ami a pu décéder car son camarade a toujours bénéficier d'une bonne étoile. Il ne peut donc pas admettre que son ami se soit trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ("at the wrong place at the wrong time"). Il décide alors d'enquêter pour se rendre compte par lui-même si on ne lui aurait pas menti et si les nouvelles délivrées par des militaires sont bien vraies.

C'est à partir de ce scénario somme toute assez classique au départ - dans le sens où les films sur l'Irak commencent à être nombreux - que Ken Loach va livrer un film qui va jouer sur plusieurs registres : on est à la fois dans le drame avec la perte de Frankie ; dans le thriller avec la recherche du coupable par Fergus et dans la critique politico-économique par le manque de clarté des autorités officielles qui d'un côté cherchent à combattre des ennemis de la liberté en Irak et de l'autre font diverses tractations avec des sociétés privées pour signer des contrats en Irak.

Le film de Ken Loach est haletant de bout en bout avec ce mélange plutôt réussi des genres. Surtout qu'en filigranes le film apporte une réflexion intéressante sur la notion de vengeance. Fergus critique ce qui s'est passé en Irak avec son ami qui est décédé dans des circonstances inconnues et le fait qu'il ait appris que deux innocents ont été tués par un autre contractor. Mais les méthodes utilisées par Fergus pour en apprendre plus sur ce qui est arrivé à son ami sont-elles pour autant légitimes ? Même si on peut à un moment en douter, on voit bien que Ken Loach n'est absolument pas un fervent supporter de la loi du talion, quand on voit ce qu'il advient aux personnages principaux du film. Car se venger n'apporte rien en soi et surtout une vengeance aveugle peut comporter des erreurs.

Parfaitement bien mis en scène, Route irish comporte son lot de scènes de violence sèche (la torture par l'eau, la voiture qui explose) qui étonnent et surprennent et font surtout écho à cette violence renfermée du principal protagoniste qui utilise lui aussi des méthodes peu conventionnelles pour arriver à ses fins. Ces scènes vont dans la continuité d'autres scènes qui se révèlent assez surprenantes et marquent de vrais rebondissements dans l'action.
Sur ce point, Ken Loach ne manque pas de critiquer le contexte politico-économique qui semble tirer profit de la situation. Si tout n'est pas très clair car on ne saisit pas forcément les liens qu'il peut y avoir entre le gouvernement, les militaires, les sociétés privées britanniques, on voit bien qu'il y a des gens qui sans risques tirent les marrons du feu.

On appréciera aussi toute l'humanité que l'on retrouve dans le cinéma de Ken Loach avec ce plaidoyer en faveur du peuple irakien qui souffre et est in fine l'une des principales victimes "collatérale" de cette guerre larvée.
Les thématiques du film sont bien traitées. Et les acteurs sont également excellents, avec en premier lieu Mark Womack qui joue un Fergus déterminé des plus crédibles.

On regrettera simplement cette histoire d'amour entre Fergus et la femme de son meilleur ami, Frankie. Cela n'est pas très fin et pas forcément évident à croire. Car il demeure difficile de penser que peu de temps après avoir assisté à l'enterrement de Frankie, l'un et l'autre cherchent à être ensemble. Heureusement, Ken Loach apporte un peu de finesse à cette relation.

Au final, voilà un très bon film qui mélange habilement critique politique, drame humain et thriller. Voilà un bon cru pour ce nouveau film signé Ken Loach.

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