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Déjantés du ciné
1 avril 2013

Poetry de Lee Chang-Dong

poetry1Titre du film : Poetry

Réalisateur
: Lee Chang-Dong

Durée du film
: 2h19

Année de sortie au cinéma : 2010

Origine : Corée du Sud

Avec
: Yoon Jung-Hee (Mija), David Lee (Wook), Kim Hira (le président), etc.

Synopsis : Une femme, qui commence à perdre la mémoire, doit affronter des drames.


Réalisateur humaniste qui n'a de cesse de faire état du mal-être de notre société contemporaine (Peppermint Candy en 2002, Oasis en 2003), Lee Chang-Dong nous revient avec un film auréolé du prix du scénario à Cannes.
A partir d'un sujet relativement conventionnel, avec cette dame de 67 ans qui s'occupe de son petit-fils, le sud-coréen Lee Chang-Dong livre un film particulièrement émouvant, en traitant de thèmes multiples.

Car si l'on pense que le film va traiter de poèmes, ce n'est finalement qu'un fil rouge ou plutôt une façon d'extérioriser la sensibilité de la principale protagoniste du film. Car l’héroïne du film est bien Mija, cette mamie qui va avoir l'occasion de découvrir que le monde n'est pas aussi beau qu'elle le pense. Ainsi, rapidement dans le film on comprend que son petit-fils, Woo, un collégien malpoli et pas très malin, est impliqué dans une histoire de viol collectif à l'origine du suicide d'une jeune fille. Et puis Mija doit également faire avec les différents pères dont les enfants sont concernés par cette histoire de viol, et qui souhaitent faire taire cette histoire en payant la mère de la fille suicidée. Et puis il y a le fait que Mija apprend qu'elle a la maladie d'Alzheimer ce qui explique pourquoi elle commence à oublier certains mots courants comme un portefeuille ou une gare routière.

poetry2Avec beaucoup de finesse, Poetry brosse le portrait de cette femme qui est déçue par le monde mais qui cherche malgré tout à apporter toute la bonté qui caractérise cette dame. A l'image de son aspect vestimentaire très soigné, Mija fait tout pour rendre de la justice ou de la gentillesse autour d'elle. Ainsi, Mija est celle qui va permettre au vieil handicapé dont elle s'occupe (thématique que l'on retrouve dans l'excellent Oasis) de retrouver une forme de dignité ; elle va tout faire pour récupérer de l'argent pour la mère de la fille suicidée, non pas pour que l'affaire cesse, mais pour que cette mère, qui dispose de revenus modestes, puisse mieux s'en sortir ; elle va dénoncer son petit-fils pour que celui-ci soit jugé. En somme, même si la poésie lui plaît beaucoup, elle permet surtout à Mija d'accepter un peu plus ce monde rempli de gens bien peu intéressants.

Les thématiques développées dans ce film sont riches et amènent le spectateur à s'interroger : entre autres, on a droit à une réflexion sur le suicide (début et fin du film), qui est décidément un élément prégnant dans les sociétés asiatiques, preuve évidente d'un malaise ; on a également à un développement autour de la dépendance (l'homme qui a du mal à faire tout seul des gestes quotidiens) et de la dégénérescence ; et puis évidemment le cinéaste pose des questionnement autour de la notion de la responsabilité et de la culpabilité.
Le propos de Lee Chang-Dong n'est pas pour autant le plus pessimiste qu'il soit permis de voir. En effet, il y a bien des gens, ou plus précisément des petites gens, qui méritent d'être connus, à l'instar de Mija. Il y a ainsi ce policier qui aime rigoler en faisant des poèmes salaces (ah le poème sur la douche !) mais qui dans le même temps s'est fait remarquer en dénonçant des policiers ripoux. Et puis il y a tout simplement la mère de la fille suicidée qui est une femme de faible condition et qui ne se plaint pas, malgré l'horrible événement dont elle a dû faire face.

Si la photographie du film est belle et que l'on apprécie particulièrement les beaux paysages naturels qui donnent une vraie respiration à ce long métrage, on retiendra plus particulièrement dans Poetry la distribution. En effet, l'interprétation est vraiment impeccable. Yoon Jung-Hee fait vraiment corps avec son personnage, on a clairement la sensation qu'elle est tout simplement Mija. Quant aux autres personnages qui gravitent autour d'elle, ils sont tous très convaincants.

Malgré sa durée relativement longue (2h19), Poetry est un beau film où l'on ne s'ennuie jamais. Au contraire. La fin, qui est constituée de plusieurs ellipses, permet au spectateur de se faire sa propre idée. Surtout ce poème récité en toute fin de film fait naître une véritable émotion.
Sans souligner outre mesure ses différentes scènes, Lee Chang-Dong a donc fait un film mélodramatique de très bon niveau. On attend donc avec une impatience non feinte le prochain film de ce cinéaste sud-coréen majeur.

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Commentaires
D
Bonjour, j'avais dit le bien que je pensais de ce film http://dasola.canalblog.com/archives/2010/09/05/18979050.html le personnage de cette grand-mère est assez inoubliable. Bonne après-midi.
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