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Déjantés du ciné
23 septembre 2013

Henry, portrait d'un serial killer de John McNaughton

henryportrait2Titre du film : Henry, portrait d'un serial killer

Réalisateur : John McNaughton

Année : 1986

Origine : Etats-Unis

Durée : 1h23

Avec : Michael Rooker (Henry), Tom Towles (Otis), Tracy Arnold (Becky), etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Le spectateur suit le quotidien d'Henry, un serial killer.

 

A l'origine, Henry portrait d'un serial killer est une simple commande. Le but est de faire un film d'horreur sanglant. John McNaughton se voit allouer un budget très faible de 110 000 € dollars.

Le cinéaste va apporter sa touche personnelle en décidant de centrer son film sur le personnage d'Henry Lucas. Ce denier est un tueur en série célèbre, accusé de onze meurtres et qui se serait déclaré l'auteur de trois cent meurtres.

Pour contourner le problème inhérent à son faible budget, John McNaughton décide de tourner son film dans un style documentaire. Par ailleurs, son film se veut minimaliste. Ce qui aurait pu paraître comme un défaut renforce au contraire la puissance des scènes du film.

henry4Henry portrait d'un serial killer est un film glauque et on ne tarde pas à s'en rendre compte. La première image du film est celle d'une femme assassinée. Ensuite on passe directement à une seconde victime et puis il y a une prostituée qui est tuée. En l'espace de quelques minutes, les personnes mortes sont nombreuses. Mais ici, pas de surenchère comme on peut le voir dans les films d'horreur actuels, à la Saw. Il n'y a pas un tueur pervers qui s'amuse à jouer avec ses victimes. Pas de geysers de sang et autres plans gore. Non, John McNaughton nous montre dès le départ la finalité, à savoir la personne morte. Et il a l'idée pour le moins audacieuse de raconter en voix of ce qui s'est passé lors du meurtre. Il y a ainsi une distorsion entre l'image (on voit le mort) et le son (on entend l'agression de la victime par le psychopathe). John McNaughton a sans doute pris cette direction car il disposait d'un budget limité. Pour autant, cette façon de filmer et de raconter son histoire se révèle une excellente idée. En effet, le spectateur est pris dans l'action et comme le sait chacun, une chose est encore plus horrible quand on l'imagine.

Henry portrait d'un serial killer est un film clinique, froid, avec cette succession de personnes tuées, et cette insistance avec un son prenant et stressant.

Le film ne se limite pas à une succession de meurtres qui ont lieu hors champ. Il nous amène surtout dans le quotidien d'Henry Lucas. Il vit dans un appartement misérable, crasseux, avec un pervers sexuel, dénommé Otis. Ce dernier ramène à la maison sa soeur, Becky, qui semble s'entendre avec Henry Lucas. Cela étant, on apprend que chacun des personnages a vécu dans un contexte familial pour le moins particulier. Becky raconte qu'elle s'est fait violer plusieurs fois par son père et que sa mère n'a jamais rien fait. On ne saura jamais si Becky raconte cela pour impressionner Henry et si ses dires sont véridiques. De son côté, Henry Lucas lui déclare qu'il a tué sa mère quand il avait quatorze ans. Les rares moments d'explications sur la vie familiale des uns et des autres donnent lieu à des révélations bien particulières.

Cela étant, la majeure partie du quotidien d'Henry Lucas et d'Otis consiste à tuer des gens. Sur ce point, on notera qu'Henry dit à un moment donné à Otis : “J'ai envie de tuer quelqu'un. Allons faire un tour Otis.” On constatera qu'à partir du meurtre de deux prostituées, les décès ne se déroulent plus hors champ. Bien au contraire. Nos deux protagonistes en vont même jusqu'à filmer une de leurs victimes. Tout cela accroît le côté documentaire de l'ensemble. Et cela prouve l'esprit pervers de ces tueurs qui prennent un malin plaisir à consulter ensuite leurs méfaits en vidéo, notamment Otis.

henryportraitCe dernier n'hésite pas à se repasser la vidéo. Et il ne peut s'empêcher d'avoir une attirance pour tout type de personne. Il laisse aller toutes ses envies. Ainsi, il “branche” un jeune homme qui lui fournit de la drogue. Et puis il regarde toujours avec envie sa soeur Becky, n'ayant aucune considération morale qui pourrait éventuellement le retenir.

Il faut dire que la morale est bien loin d'être respectée dans une telle oeuvre : d'un côté, on a un Henry Lucas qui ne contient jamais ses pulsions meurtrières ; de l'autre, on a le pervers Otis qui cherche à assouvir ses pulsions sexuelles. Le style documentaire du film est clairement un très bon choix. Il donne un côté voyeur et presque malsain à un spectateur qui assiste médusé aux actions répréhensibles des personnages principaux.

Evidemment, le film doit notamment sa grande réussite à l'interprétation parfaite de Michael Rooker. Il campe à merveille un Henry Lucas qui paraît doux comme un agneau, presque timide, mais qui n'a aucun amour pour son prochain. Personne n'a grâce à ses yeux et il ne souhaite qu'assouvir sa passion du meurtre.

Ce long métrage peut même apparaître comme perturbant pour certains spectateurs, car il ne cherche jamais à expliquer. On a affaire à un malade, un point c'est tout.

Au final, Henry, portrait d'un serial killer est sans conteste un film inoubliable, l'un des meilleurs films qui rentre dans le quotidien le plus banal d'un de ces tueurs. Avec un Maniac qui date de la même époque, c'est un incontournable qui continue de faire son effet, encore aujourd'hui.

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