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Déjantés du ciné
28 avril 2015

Blind d'Eskil Vogt

blind1Titre du film : Blind

Réalisateur : Eskil Vogt

Année : 2015

Origine : Norvège

Durée : 1h31

Avec : Ellen Dorrit Petersen (Ingrid), Henrik Rafaelsen (Morten), Vera Vitali (Elin), Marius Kolbenstvedt (Einar), etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Ingrid vient de perdre la vue. Elle quitte rarement son appartement mais se rappelle encore à quoi ressemble l’extérieur. Les images qui étaient autrefois si claires se remplacent lentement par des visions plus obscures.

Méliès d'argent (meilleur film) à l'excellent festival du film fantastique de Neuchâtel (NIFFF), Blind est mis en scène par Eskil Vogt, à qui l'on doit le scénario de Oslo, 31 août de Joachim Trier. D'ailleurs, le ton de Blind, un peu désenchanté, voire même dépressif, est clairement dans la même mouvance. C'est le premier long métrage en tant que réalisateur d'Eskil Vogt.

Blind montre Ingrid, une femme qui a perdu la vue et qui reste cloitrée chez elle, refusant le moindre contact avec l'extérieur, même lorsque son mari lui demande de sortir pour se changer les idées.

Le film suit 4 personnages : Einar, un homme un peu fort qui est solitaire ; Elin, une jeune femme qui élève seule sa fille de 10 ans qu'elle a en garde alternée, également solitaire ; Morten, le mari de l'héroïne, tenté par l'infidélité ; et évidemment Ingrid.

Blind nous donne continuellement le point de vue de notre héroïne sur les interactions entre ces différents personnages. Sauf qu'Eskil Vogt maintient le spectateur dans un sentiment de doute perpétuel. En effet, Ingrid rêve des choses, écrit sur ordinateur des histoires et mélange le tout, de telle sorte que l'on ne sait jamais ce qui est de l'ordre du réel ou du fantasme.

blind3Cette oeuvre, qui baigne dans une lumière assez chaude, délivre une atmosphère très sensuelle. Le sexe est clairement une des préoccupations principales des protagonistes, qu'il soit à nouveau réel ou fantasmé : personnage qui visionne des sites pornographiques ; tchats de rencontres ; scènes de sexe ; prostituées qui viennent dans un appartement, etc. Comme on le dit souvent, le sexe est l'un des moteurs de la vie et de notre société contemporaine. Une fois de plus, on en a la preuve. Et le film est en phase avec son temps avec cette utilisation à outrance d'internet soit pour faire des rencontres soit pour visionner des scènes de sexe.

Cela étant, Eskil Vogt nous invite à nous interroger en permanence si ce que l'on voit à l'écran est bien le reflet de la réalité, à l'instar d'internet qui n'est pas la réalité mais une nouvelle forme de communication et d'information. D'ailleurs, on peut se demander si finalement il n'y a pas que deux personnages dans cette histoire : Ingrid et son mari, Elin et Einar n'étant que des projections fantasmées d'eux-mêmes. En cela, Blind a des points communs avec le chef d'oeuvre de l'animation japonaise que constitue Perfect blue (1997) de Satoshi Kon.

Au même titre que son personnage principal qui a perdu sa vue et qui raconte une histoire avec une voix off doucereuse, le spectateur perd totalement ses repères avec ce film qui est assez déconcertant, à la fois drôle et désespéré. Eskil Vogt maintient l'ambiguïté jusqu'à la fin.

Assez brillant au niveau de sa mise et de son montage, Blind doit aussi sa réussite à son excellent casting. Les acteurs sont tous bons, et donnent un caractère humain, jamais misérabiliste à des personnages pourtant parfois pathétiques et peu reluisants. Mais finalement, n'est-ce pas quelque part le reflet de notre société, que l'on accepte pas forcément de voir en face ? Il n'y a pas que l'autre qui a des idées perverses.

Blind est une vraie découverte, une oeuvre assez puissante qui révèle un auteur en devenir, en tout cas c'est tout le bien qu'on lui souhaite. Le succès critique de Blind devrait donner à son réalisateur les moyens de pouvoir tourner rapidement. Dès lors, on attend déjà avec intérêt son prochain film. En espérant qu'il ne réponde pas aux sirènes d'Hollywood, là où tant de cinéastes prometteurs se sont cassés les dents avec des oeuvres formatés ou consensuelles. 

blind2

 

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