Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Déjantés du ciné
28 mai 2015

La loi du marché de Stéphane Brizé

laloidumarché1Titre du film : La loi du marché

Réalisateur : Stéphane Brizé

Année : 2015

Origine : France

Durée : 1h33

Avec : Vincent Lindon, Karine De Mirbeck, Matthieu Schaller, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?

 

Après s'être intéressé à l'intime avec plusieurs de ses films (Entre adultes, Mademoiselle Chambon, Quelques heures de printemps), le réalisateur Stéphane Brizé fait un virage à 360 degrés. En effet, avec La loi du marché, il traite de l'homme qui fait face à la société.

Vincent Lindon interprète le rôle de Thierry, un homme au chômage, qui a les pires difficultés pour trouver un nouvel emploi. Et tel un boxeur qui rentre sur un ring, il va prendre de nombreux coups avant d'espérer que l'horizon ne se dégage.

Le véritable parcours du combattant pour retrouver un emploi est décrit avec beaucoup d'à propos par Stéphane Brizé. Le personnage principal, Thierry, effectue un stage rémunéré via Pôle Emploi alors que cela ne débouche sur rien. Son conseiller Pôle Emploi ne lui trouve aucune solution concrète.

Et le pire n'est pas encore arrivé. Il faut voir les stages de Pôle Emploi préparant à des entretiens d'embauche : les stagiaires sont odieux entre eux. Ils ne se font pas de cadeaux et traitent les gens de façon particulièrement déplaisante.

Dès lors, on ne s'étonnera pas que lors d'un entretien d'embauche, utilisant les nouvelles technologies – en l'occurrence Skype – qu'un recruteur traite Thierry avec mépris. Après l'avoir convaincu d'être moins bien payé que son job précédent, d'être flexible, il se permet de lui dire que son CV est mal rédigé et qu'il a peu de chance d'être pris. Terrible aveu de ce recruteur se croyant tout permis, dans une société où l'humain est soi disant mis sur le devant la scène (les plans contre les risques psychosociaux, les comités d'hygiène et de sécurité au travail) alors que les dépressions et mal-être au travail n'ont jamais été aussi nombreux.

Dans cette scène, le réalisateur Stéphane Brizé a filmé Vincent Lindon de profil, de telle sorte que l'on ne voit jamais ce recruteur. C'est comme si les rapports humains avaient disparu. On ne reçoit plus les gens. On parle à une personne par le biais d'un écran d'ordinateur. C'est un peu comme avec Facebook où les gens ne communiquent plus que par écran interposé.

laloidumarché3S'il traite de la société du travail dans son ensemble, Stéphane Brizé n'a finalement pas changé. Il continue de décrire ce qui est essentiel dans notre société : l'homme.

Et il place l'un d'entre eux, un chômeur – constituant la fameuse armée de réserve selon Karl Marx – au coeur de son histoire. Thierry est tout à la fois le référent du réalisateur et le témoin d'un environnement social qui n'est pas franchement enviable.

Thierry représente un de ces laissés pour compte qui galère pour s'en sortir. Il a des difficultés financières ? Pas de problème, son banquier lui propose de vendre le seul bien qu'il possède : sa maison. Mais bien sûr. En plus de cela, Thierry doit nourrir sa famille et s'occuper de son fils handicapé, lequel souhaite faire des études. Pour tout cela, un revenu est plus que nécessaire.

C'est sans doute pour cette raison que Thierry accepte un emploi d'agent de sécurité. C'est tout l'objet de la deuxième partie du film. Et là non plus le spectateur ne va pas vraiment s'amuser. Le monde du travail, dans tout ce qu'il a de plus abject, est dénoncé.

Et pour ne pas desserrer l'étreinte sur le spectateur, Stéphane Brizé choisit de donner une progression implacable à son long métrage. Dans son nouveau travail, Thierry doit faire les chasses aux voleurs dans un hypermarché en scrutant des écrans d'ordinateur. Dans la première séquence où une personne est arrêtée, il dénonce un jeune homme orgueilleux, agressif, qui est fautif. Lors des scènes suivantes où des personnes sont auditionnées, on va clairement de mal en pis. Jusqu'à aboutir à la stupidité de licencier une hôtesse d'accueil parce qu'elle a profité de points de fidélité d'un client.

L'intérêt du film est évidemment de constater jusqu'où est prêt à aller Thierry pour s'en sortir ? Peut-il tout accepter d'un point de vue moral ? De manière plus générale, ce film met l'accent sur les nombreux Français qui ont du mal à joindre les deux bouts, vivant souvent dans la misère et dont certaines actions – vol de petites marchandises, récupération de bons d'achat – ne sont que le symbole de leur détresse. Peut-on vraiment les blâmer ?

laloidumarché4Après le visionnage de La loi du marché, on a vraiment le sentiment de vivre dans une société implacable, qui broie l'être humain, comme s'il représentait peu de choses.

Au sein d'un quotidien grisâtre, notre personnage principal, connaît de rares moments de bonheur, des moments simples où l'on peut (un peu) respirer. Quand Thierry prend des cours de danse avec sa femme, on sent que c'est l'un des rares instants où il peut quitter son triste quotidien. Des moments chaleureux en famille qui sont trop rares.

Au final, La loi du marché est un film dur à regarder qui met l'accent sur notre société du travail dans ce qu'elle a de plus abject. Loin d'être misérabiliste, le réalisateur Stéphane Brizé décrit avec acuité cet environnement hostile.

Quelques mots sur l'acteur principal du film : Vincent Lindon est extraordinaire dans le rôle de cet homme fatigué, ne cherchant qu'à trouver un travail lui permettant de s'en sortir. L'acteur a totalement mérité le prix d'interprétation masculine reçu au festival de Cannes. Voilà une raison de plus de vous précipiter dans les salles obscures.

laloidumarché5

 

Publicité
Publicité
Commentaires
T
A l'exception de l'excellent Lindon et de quelques bonnes séquences (discours du DRH, le marchandage pour la vente du mobil-home...) , ce film est une grosse déception. Je le conseille aux gens coupés du monde. C'est long, chiant et mal filmé. Ce film ne mérite pas tous le bon bouche à oreilles. N'est pas Ken Loach qui le veut !<br /> <br /> La fin m'a également déçu soit par son absence de radicalisme dans un sens (acceptation du système par le besoin d'argent) ou l'autre (refus militant). Cette fin est molle comme ce film.
Répondre
Déjantés du ciné
  • Site indépendant proposant plus de 690 critiques de films américains, asiatiques et européens, dans tous les genres (action, comédie, documentaire, drame, romance, fantastique et S-F, horreur, policier, politique, thriller, western, etc.)
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité