lachutedufaucon1Titre du film : La chute du faucon noir

Réalisateur : Ridley Scott

Année : 2002

Origine : Etats-Unis

Durée : 2h23

Avec : Josh Hartnett, Ewan McGregor, Tom Sizemore, Eric Bana, Sam Shepard, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Le 3 octobre 1993, avec l'appui des Nations Unies, une centaine de marines américains de la Task Force Ranger est envoyée en mission à Mogadiscio, en Somalie, pour assurer le maintien de la paix et capturer les deux principaux lieutenants et quelques autres associés de Mohamed Farrah Aidid, un chef de guerre local.

 

Adaptation éponyme du roman de Mark Bowden (1999), La chute du faucon raconte le fiasco de l'armée américaine en Somalie lors de la bataille de Mogadisho – appelée Black hawk down - en octobre 1993.

La première singularité de ce long métrage de Ridley Scott tient à la transcription d'une défaite militaire, chose rare dans le cinéma américain, qui avait heurté à l'époque l'opinion publique. Toutefois, il faut voir que Scott n'est pas américain mais anglais, donc lié à la tradition européenne.

Bien que ce film n'ait pas rencontré en France un franc succès, il n'empêche qu'il a permis à Scott de révolutionner le film de guerre dans son approche par un mélange de réalisme brut et de documentaire. D'ailleurs, le cinéaste anglais a déjà oeuvré dans sa jeunesse dans le documentaire et le directeur photo n'est autre que celui du grand Kieslowski, cinéaaste assez naturaliste notamment à ses débuts.

lachutedufaucon2Le film a beau durer 2h20, Ridley Scott ne s'embarrasse pas de présentations longuettes de personnages ou de flashbacks qui trop souvent sont présents dans ce film (cas du récent American sniper). Il évite ainsi tout pathos et oblige le spectateur à ne se concentrer que sur les soldats à un instant t. Ce long métrage débute avec cette phrase de Platon, annonciatrice d'un fiasco : “Seuls les morts ont vu la fin de la guerre.

On évoque souvent des films dont les scènes d'action durent 30 minutes à une heure mais Scott n'hésite pas à faire durer la bataille pendant pratiquement tout le film. L'immersion est totale. D'autant que le côté chaotique des forces en présence, aussi bien du point de vue américain que du point de vue somalien – les fameux squelettes (les factions armées rebelles) – ne laissent aucun répit, ni aux soldats ni aux spectateurs.

Ce qui frappe dans ce film, c'est l'opposition entre le général américain interprété par Sam Shepard qui n'arrive pas à prendre les bonnes décisions malgré une vue globale sur ses écrans de contrôle et les soldats qui sont embourbés jusqu'au cou dans une véritable guerilla urbaine.

D'une efficacité redoutable, le réalisateur de Blade runner nous raconte de façon chronologique les différentes étapes de cette bataille sanglante. Pas de censure à deux sous, on a droit d'un côté à des soldats américains qui se font canarder sans cesse comme de la chair à canon et de l'autre côté les somaliens, qu'ils appartiennent aux milices ou qu'ils soient simples citoyens, qui se font massacrer sans distinction.

La population locale ne voulait pas de ces Américains qui s'ingérent dans leur pays, alors qu'ils n'ont rien à y faire. Elle n'aide absolument pas ces Marines qui se retrouvent totalement livrés à eux-mêmes, dans une ville qui leur est complètement hostile. Avec du recul, on se demande comment un général américain a pu envoyer des troupes en faible nombre dans une ville d'un danger extrême, presque enragée. D'ailleurs, pour ne pas arranger les choses, les soldats ont débuté leur raid au moment où les Somaliens avaient absorbé une drogue qui les rendait insensibles à la peur et donc prêts à en découdre. C'est sans doute une des raisons du fiasco de l'armée américaine.

lachutedufaucon4On a beau avoir la plus belle technologie du monde, les armes les plus puissantes, les hélicoptères dernier cri (les fameux Black Hawk), on ne peut rien face à une population haineuse qui se disperse partout dans la ville, comme au Vietnam, en Iraq ou en Afghanistan. Bizarrement, cela ne sert jamais de leçon aux Américains. La méconnaissance du terrain et de la culture de ces pays peuvent également expliquer les raisons de ces échecs successifs.

De manière symbolique, cette bataille de Mogadisho débute avec des Américains qui arrivent de manière triomphale sur leurs étincelants Blacks Hawks et qui repartent de la ville à pied, en fuyante et en étant moqués par la population.

Quel bon film qui mérite clairement une réhabilitation.