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Déjantés du ciné
21 mai 2017

The young lady de William Oldroyd

theyoung1Titre du film : The young lady

Réalisateur : William Oldroyd

Année : 2017

Origine : Royaume-Uni

Durée : 1h29

Avec : Florence Pugh (Katherine), Cosmo Jarvis (Sebastian), Paul Hilton (Alexander), Naomi Ackie (Anna), etc.

FICHE IMDB

Synopsis : 1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion.

Adapté d'un roman de Nikolaï Leskov, Lady Macbeth du district de Mtsensk, The young lady constitue le premier long métrage de William Oldroyd. Ce film pourrait apparaître de prime abord comme une variation de L’amant de Lady Chatterley. En effet, son héroïne, Katherine, fait un mariage de convenance avec un Lord bien plus âgé qu’elle. Or, ce dernier se désintéresse d’elle. Et Katherine voit comme unique réconfort une passion adultérine avec Sebastian, un des palefreniers du coin. Immanquablement, on pense donc à Lady Chatterley.

Que nenni. La comparaison s’arrête clairement à cette liaison adultérine. En effet, le réalisateur William Oldroyd s’intéresse à la condition de Katherine bien plus pour dresser le portrait de la société britannique de l’époque que pour mettre en scène une histoire d’amour passionnée.

theyoung3Dès le départ, le ton est donné avec Katherine qui subit un mariage de raison et devient une épouse asservie. Avec beaucoup de minutie, William Oldroy s’attelle à décrire une société puritaine où la femme n’est rien d’autre qu’un objet, ou au mieux une femme de compagnie pour l’homme. Katherine subit les pires outrages d’un mari indifférent à sa femme, pervers, qui n’a de cesse de lui rappeler qu’il est le maître de la maison. Dans le même temps, Katherine doit faire avec les us et coutumes en vigueur : rester bien sagement à la maison – quitte à s’ennuyer – et se vêtit de manière stricte et étriquée avec un corset très rigide. Son corset est d’ailleurs le symbole d’une société qui étouffe ces femmes subissant leur condition.

Là où le film est captivant, c’est par son déroulement imprévisible. L’amour de Katherine pour le jeune palefrenier ne constitue nullement un amour passionné. C’est plutôt la seule issue pour notre héroïne d’échapper à une vie d’une tristesse infinie. De ce point de vue, l’adultère apparaîtrait presque comme une situation normale. Mais Katherine ne s’arrête pas là. Elle commet des actes répréhensibles, de plus en plus condamnables sur le plan moral. Voilà une preuve de plus que Katherine s’affranchit des règles, des valeurs, d’une société dans laquelle elle ne se retrouve pas.

A sa façon, William Oldroy montre une jeune femme prête à tout pour (re)gagner sa liberté. A la rigueur de sa maisonnée, symbolisée par des chambres vides, sans vie, et des gestes répétitifs de ses occupants (la domestique ouvrant les volets chaque jour), s’oppose des terres sauvages s’étendant à perte de vue. The young lady est une œuvre féministe avec une posture tout à fait originale : pas de belle histoire d’amour à la Jane Austen mais au contraire une femme cherchant coûte que coûte à prendre son destin en main. Au roman à l’eau de rose, si cher aux spectateurs romantiques, répond le réalisme d’une société britannique qui maltraite les femmes.

Mais le film est également prenant car il comporte un scénario assez surprenant puisque, jusqu’à la fin, on se demande bien comment tout cela va se terminer. Il y a un vrai suspense entretenu par les actes et les choix pris par une héroïne qui devient de plus en plus une « anti-héroïne », jouant uniquement sa carte personnelle. Bien que se déroulant en 1865, The young lady surprend par son incroyable modernité.

theyoung2Évidemment, le film ne serait pas aussi réussi sans son son excellent casting. Florence Pugh fait corps avec son personnage de Katherine. On la voit tour à tour dépassée, amoureuse, machiavélique. Elle incarne brillamment le rôle de cette femme passant du statut de victime à bourreau. Les autres acteurs ne sont pas en reste. Cosmo Jarvis est crédible dans le rôle du palefrenier pris dans les filets de Katherine alors que Naomi Ackie campe une femme de chambre vite dépassée par les événements.

Au final, The young lady multiplie les bons points en prenant une héroïne lambda pour s’attaquer à la bonne moralité d’une société en perte de vitesse, qui prend la femme pour un être inférieur à l’homme. Le romantisme est certes loin mais il est parfois utile de remettre les choses dans leur contexte pour mieux les critiquer.

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