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Déjantés du ciné
11 mai 2018

Une femme heureuse de Dominic Savage

unefemmeheureseTitre du film : Une femme heureuse

Réalisateur : Dominic Savage

Année : 2018

Origine : Royaume-Uni

Durée : 1h45

Avec : Gemma Arterton, Dominic Cooper, Jalil Lespert, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Tara est une jeune mère qui vit dans la banlieue de Londres. Femme au foyer, elle passe ses journées à s’occuper de ses enfants, de la maison et à attendre le retour de son mari le soir. Cette vie calme et rangée lui pèse de plus en plus, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter sa situation.

 

La belle Gemma Arterton ne cesse de nous surpendre. Elle s’est d’abord fait remarquer dans des blockbusters tels que le James Bond Quantum of Solace (2008) et Le choc des titans (2010). On aurait pu penser qu’elle resterait cantonnée à des seconds rôles dans des films à gros budget. Que nenni. On l’a vu dans le curieux Gemma Bavory (2014) et l’an dernier on l’a même retrouvé au casting de l’excellent film horrifique The last girl. Aujourd’hui, la voilà tête d’affiche d’Une femme heureuse, un drame féministe. Sans conteste c'est une actrice qui a plus d’un tour dans son sac !

Et du talent il en faut pour jouer dans Une femme heureuse puisqu’il s’agit avant tout d’un film d’acteurs. Gemma Arterton y interprète le rôle de Tara, une mère de famille trentenaire mariée et ayant deux enfants. En apparence elle a tout pour être heureuse (d’où le titre français du film) : une maison dans la banlieue de Londres, un mari qui a une bonne situation professionnelle, de beaux enfants. Que demander de plus ?

unefemmeheurese3Tout cela n’est que de la poudre aux yeux. Gemma Arterton livre une performance extrêmement convaincante dans le rôle de cette femme malheureuse étouffant dans son quotidien. Le film prend son temps pour nous montrer ses journées à faire le ménage, s’occuper des enfants, les amener à l’école. Et le mari, Mark, dans tout ça ? Eh bien il montre qu’il est l’homme, qu’il est celui qui travaille, qui ramène de l’argent. Sa femme est la mère de ses enfants et son « objet sexuel » quand il en a besoin. Pas vraiment de tendresse au sein de ce couple, comme le montre de façon très explicite le regard en pleurs de Tara lorsqu’elle subit une relation sexuelle pas vraiment consentie.

Une femme heureuse paraît tellement réaliste qu’il prend des allures de documentaire, que cela soit dans le quotidien vécu par Tara ou ses relations avec un mari qui n’est pas à son écoute.

Le film ne sombre jamais pour autant dans la caricature. Mark n’est pas un être monstrueux. C’est simplement un homme qui travaille et pense que pour cette raison, sa femme lui doit tout. Il a oublié qu’un couple est composé de deux personnes qui doivent communiquer, savoir ce que ressent l’autre, et pas seulement s’intéresser à soi. Le personnage de Mark est symptomatique de nombre de personnes faisant preuve d’une grande maladresse quand l’autre commence à leur échapper (le titre original du film, The escape, est bien plus révélateur du contenu de celui-ci). Il ne sait pas comment faire et ne comprend pas la situation.

Pourtant, le spectateur ne tarde pas à comprendre ce qui se passe. Tara est une femme se sentant enfermée dans la position qu’elle occupe au sein de la société. Elle n’est plus Tara mais d'un côté une gentille épouse (« ma puce ») devant supporter un mari possessif et de l'autre une mère de famille avec deux enfants à élever. D’ailleurs, on n’apprend son prénom que très tard dans le film. Preuve de sa perte d’identité. Et quand on perd son identité, forcément on n’est plus considéré pour ce que l’on est réellement. On devient ce que la société veut que l'on soit. Evidemment, cette vie rappelle celle de beaucoup de femmes mères au foyer. Sont-elles heureuses ? Rien n’est moins sûr.

De son côté, Tara n’en peut plus de cette vie. Elle aspire à autre chose. A l’image du livre qu’elle achète et où elle se passionne pour la tapisserie de La dame à la licorne. Elle est marquée la sixième représentation comprenant la devise : « mon seul désir ». Toute la question est donc de savoir si Tara va continuer de se bercer d’illusions, de vies rêvées dans les rares moments de temps libre dont elle dispose, ou si elle va franchir le pas pour changer de vie ? Après tout, beaucoup de femmes restent dans leur couple car leur situation matérielle leur semble plus importante que leur bien-être.

unefemmeheurese2Au niveau de la mise en scène, le réalisateur britannique Dominic Savage a privilégié les gestes aux mots. Les nombreux gros plans sur le visage triste de Gemma Arterton sont révélateurs de son état d’esprit. Cela paraît tellement naturel que l’on oublierait presque Gemma Arterton joue un rôle.

Il va sans dire que ce long métrage ne serait pas aussi réussi sans sa distribution. Gemma Arterton, qui est de tous les plans, est bouleversante dans le rôle de cette femme éprise de liberté. Dominic Cooper lui rend bien la pareille, dans le rôle de cet homme qui ne comprend pas le désespoir de sa femme. Il pense que cette dernière a tout pour être heureuse...

Voilà donc un film remarquable de sensibilité, symptomatique de ce que peut vivre une mère au foyer lambda. Ce long métrage est important pour faire évoluer les mentalités. C’est une oeuvre féministe et engagée. Cela n’est d’ailleurs pas anodin si l’actrice principale, Gemma Arterton est également co-productrice sur Une femme heureuse. C’est forcément un projet qui lui tenait à coeur.

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