Titre du film : Puppet master : the littlest Reich
Réalisateurs : Tommy Wiklund et Sonny Laguna
Année : 2019
Origine : États-Unis
Durée : 1h30
Avec : Thomas Lennon, Jenny Pellicer, Nelson Franklin, Charlyne Yi, Barbara Crampton, Udo Kier, etc.
Synopsis : Récemment divorcé, Edgar retourne dans la maison de son enfance pour faire le point sur sa vie. Il y trouve un pantin à l’allure malfaisante ayant appartenu à son défunt frère. Cherchant à se faire rapidement de l’argent, il décide d’aller le vendre aux enchères lors d’une convention, accompagné de sa nouvelle petite-amie et d’un ami, tous inconscients du danger qui les attend.
Débutée en 1989, la saga des Puppet master, imaginée par Charles Band, fête aujourd’hui ses 30 ans d’existence. Reconnaissons d’emblée que si les trois premiers volets s’avèrent de bonne qualité, la suite est nettement moins réjouissante avec des films franchement mauvais.
On n’était donc pas forcément très pressé de voir ce treizième volet de la saga. Et pourtant il s’agit sans conteste d’un long métrage totalement jouissif, ayant bien mérité le grand prix de Gérardmer obtenu en ce début d’année 2019.
La scène d’introduction nous met tout de suite dans l’ambiance. On retrouve avec plaisir André Toulon, celui ayant donné vie aux fameuses poupées maléfiques. Dans le rôle de ce personnage torturé, l’acteur polyvalent Udo Kier est en roue libre, tout à la fois misogyne et homophobe. Par l’intermédiaire d’André Toulon, les poupées démarrent leur série de meurtres.
Mais ce n’est rien avec ce qui est à venir. Puppet master : the littlest reich profite à plein de son scénario, à savoir des gens réunis dans un hôtel en vue de vendre à prix d’or des poupées. Ce synopsis est propice à mettre en scène un véritable carnage. Car les nombreuses marionnettes vont s’animer et s’en prendre sans vergogne à toute personne vivante se trouvant sur leur passage.
Le scénario est clairement plus élaboré qu’à l’accoutumée pour les films de cette saga. Il faut dire que le scénariste n’est autre que S. Craig Zehler, à qui l’on doit Bone Tomahawk, film ayant d’ailleurs obtenu le grand prix à Gérardmer en 2016. Sur Puppet master : the littlest reich, le scénario est prétexte à une ritualisation des mises à mort. Chaque scène de meurtre constitue un morceau de bravoure du film. On voit qu’un soin particulier a été apporté à ces scènes qui sont tout à la fois variées et très inventives.
C’est clairement le point fort du film. D’autant que les réalisateurs Tommy Wiklund et Sonny Laguna ont laissé libre cours à leur imagination. Les scènes de meurtres sont gore, originales, fun, et bénéficient d’un montage limpide (pas de jump-cut ou de montage haché). Sans être exhaustif et sans vouloir trop en dévoiler, les scènes avec la femme enceinte, l’homme qui finit par uriner sur son visage, ou encore une poupée d’un bébé Hitler terminant dans un four (crématoire?), sont marquantes et très marrantes.
Dans Puppet master : the little reich, les réalisateurs n’ont aucune pitié pour leurs personnages. Ils sacrifient tout le monde, ce qui va dans le sens du ton libre et décomplexé du film. Les cinéastes ne se sont imposés aucune limite. Les acteurs, qui font le job, ne sont que de la chair à canon.
Le héros, un dessinateur de BD, donne en fin de compte le LA. En effet, il transmet ses peurs dans ses BD. Ici, on est comme dans un comic book live. Le film s’ouvre sur les pages d’un comics, comme dans un Marvel. On peut même penser que cet épisode des Puppet master critique la prévisibilité et le côté aseptisé des productions Marvel. Le film est ici au contraire gore, irrévérencieux et imprévisible.
Il n’y a pas de limite morale comme dans le cinéma hollywoodien. On est dans une production Full Moon, la firme indépendante de Charles Band, ce qui explique la carte blanche qu’on eu les réalisateurs. On n’hésite pas à tuer un gamin ou même une femme enceinte dans une séquence rappelant les œuvres du Peter Jackson de la première époque (Bad taste, Brain dead).
Voilà un joyeux délire qui n’est toutefois pas dénué de fond. Ainsi, ce « littlest reich » fait référence à l’extermination des Juifs et des homosexuels par les nazis. A ce titre, ce n’est pas un hasard si le casting est multi-ethnique avec des blancs, des noirs (l’excellent « nounours »), des asiatiques (la jeune femme « geek). Par ailleurs, la vente des marionnettes à prix prohibitif n’est pas sans rappeler les ventes en ligne sur e-bay ou les ventes aux enchères qui atteignent parfois des montants excessifs.
Et puis reconnaissons que ce Puppet master n’est pas du tout « cheap » et que sa photographie est soignée. On n’a pas du tout affaire à la série Z auquel on pouvait s’attendre au départ.
Les acteurs font aussi plaisir à voir. La mignonne Jenny Pellicer, jouant le rôle d’Ashley, la copine du principal protagoniste du film, apporte quelque chose de rafraîchissant avec son jeu naturel. Elle est à l’oeuvre sur un des plans nichons du film, ce qui n'est pas sans déplaîre le spectateur. Eh oui, comme dans toute production Full moon, il y a un cahier des charges à respecter avec un zeste d’érotisme. Le film rend également hommage à des acteurs mythiques, tels que Udo Kier et Barbara Crampton (déjà présente dans un petit rôle dans le premier Puppet master) mais aussi à la musique très fulcienne de Fabio Frizzi. Avec la grande créature finale animée en stop-motion, l'hommage est aussi dirigé aux effets spéciaux d'antan, à la Ray Harryhausen ou Phil Tippett.
En somme, Puppet master : the littlest reich est une comédie horrifique divertissante et constituant un jeu de massacre jubilatoire. Dans ce film où rien n’est sacré, le fait de lui avoir accordé le grand prix à Gérardmer constitue une sorte de gros fuck à la société bien pensante. On attend désormais le prochain opus avec intérêt. Après tout, comme l’indique le film « to be continued ».