Sierra d'Alfred E. Green
1950 est une grande année pour le western avec de nombreux classiques du genre. Sans être exhaustif on citera Rio Grande de John Ford, Winchester 73 et La porte du diable d’Anthony Mann ou encore La flèche brisée de Delmer Daves. Durant cette période, Audie Murphy, un des soldats les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale, en est au début de sa carrière cinématographique. Sierra est un des tous premiers westerns du comédien au visage poupin.
Reconnaissons d’emblée que l’on n’est pas vraiment impressionné dans Sierra par son jeu d’acteur. Audie Murphy est bien plus marquant dans des œuvres telles que Une balle signée X de Jack Arnold (1959) et le méconnu Le diable dans la peau de George Sherman (1960). Ici, il paraît plutôt emprunté et un peu perdu dans ses faits et gestes.
Il faut dire que l’ex-soldat doit faire avec un scénario particulièrement convenu. Et l’on constatera que tous les personnages sont à la limite de la caricature. Le réalisateur Alfred E. Green n’est sans doute pas un grand directeur d’acteurs.
Dans Sierra, Audie Murphy interprète le rôle de Ring Hassard, un jeune homme à la poursuite de mustangs et rapidement incarcéré pour avoir tenté de récupérer des chevaux qu’on lui aurait volé. Le manque d’assurance de l’acteur est patent. Pour autant, il donne du crédit à son personnage assez naïf.
Par ailleurs, les autres acteurs ne se distinguent pas non plus par leur jeu remarquable. Au contraire. La mignonne Wanda Hendrix, alors épouse d’Audie Murphy, interprète une avocate peu crédible. A cet effet, elle gratifie le spectateur d’une scène (involontairement) drôle. Lorsqu’un juge rappelle que nul n’est censé ignorer la loi, elle rétorque que son client « n’a jamais été en contact avec la loi. Il a grandi dans les montagnes, juste avec son père. » Quant à Burl Ives, l’acteur est lui aussi hors sujet. Le scénario lui donne l’occasion de libérer Ring Hassard en endormant le shérif… en effectuant un numéro musical. On repassera pour l’aspect plausible de la scène.
Si les acteurs et le scénario laissent à désirer, tout n’est pas dénué d’intérêt dans Sierra. Remake de Forbidden valley, sorti en 1938, le film bénéficie d’un très beau technicolor. On apprécie d’autant plus les magnifiques paysages de l’Utah et les chevaux sauvages.
De son côté, l’habitat des personnages principaux est surprenant par son aspect isolé, perdu au milieu de nulle part dans la montagne. Cela confère un côté quasiment fantastique à Sierra.
Signalons également que si le personnage de prospecteur joué par Burl Ives manque de réalisme, ses chansons sont joliment interprétées et apportent un capital sympathie à ce long métrage.
Il faut donc prendre Sierra pour ce qu’il est : un western de seconde catégorie, avec comme seule ambition de mettre en boîte un spectacle familial sans aucune autre prétention. L’absence de tension et le happy-end attendu sont là pour nous le prouver. Les vrais amateurs du genre apprécieront. Ou pas.
Critique parue à l'adresse sur le site Ciné Dweller à l'adresse suivante :
https://cinedweller.com/movie/sierra-la-critique-du-film-et-le-test-dvd/