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Déjantés du ciné
10 octobre 2020

Dario Argento : Soupirs dans un corridor lointain de Jean-Baptiste Thoret

DarioArg1Titre du film : Dario Argento : Soupirs dans un corridor lointain

Réalisateur : Jean-Baptiste Thoret

Année : 2019

Origine : France

Durée : 1h35

Avec : Dario Argento

FICHE IMDB

Synopsis : Vingt ans séparent les deux parties de ce film portrait consacré à Dario Argento. Tourné à Turin puis à Rome entre 2000 et 2019, Soupirs dans un corridor lointain cale son pas sur l’un des cinéastes les plus marquants de ces quarante dernières années. Ses obsessions, son travail, ses souvenirs, ses hantises, son rapport à la ville éternelle, les blessures de l’Histoire italienne, et puis le temps qui passe…

Dario Argento : Soupirs dans un corridor lointain est un film documentaire de Jean-Baptiste Thoret, éminent critique de cinéma et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. On lui doit notamment l’incontournable livre Dario Argento, magicien de la peur, publié en 2002 aux Cahiers du cinéma. Thoret est donc la personnes idéale pour tourner un documentaire sur le génie italien. D’autant qu’au fil des années le critique entretient un rapport privilégié avec le maître du fantastique. Dario Argento Soupirs dans un corridor lointain est divisé en deux parties bien distinctes.

La première se situe en 2000. Thoret profite du tournage du Sang des innocents (Non ho sonno) à Turin pour interviewer Argento et son équipe. Le critique a la bonne idée de dépasser dans cette partie le stade du simple making of. Il explique le style Argento en montrant des scènes fondamentales d’œuvres aussi marquantes que Les frissons de l’angoisse (1975) et Suspiria (1977).

DarioArg2Les idées sont intéressantes, qu’il s’agisse de l’esthétique propre à Argento, le mystère dans ses films ou encore le côté voyeuriste du héros. Toutefois, Jean-Baptiste Thoret n’échappe pas à deux écueils. Il intellectualise à outrance son propos, au risque de perdre en route son spectateur. A ce sujet, le documentaire n’est pas dédié aux néophytes mais aux spécialistes d’Argento. Voire même plus précisément à ses fans. D’où le second écueil. Dans cette première partie, destinée à la télévision en 2000, Thoret va jusqu’à dupliquer la mise en scène d’Argento, apparentant son reportage à un film militant. Heureusement, celui-ci est tout de même savamment documenté et analysé.

La deuxième partie de Soupirs dans un corridor lointain est moins classique et plus introspective. Elle a été tournée en 2019, soit 19 ans après cette première partie. Elle inscrit indubitablement le passage du temps en leitmotiv. D’ailleurs, la caméra de Thoret est plus posée, moins maniériste. L’image est désormais en noir et blanc, une façon d’inscrire Argento dans une sorte d’intemporalité mais aussi de se dégager de l’œuvre du maître italien, ses films étant très colorés.

Le critique de cinéma s’efface cette fois derrière la personnalité du réalisateur transalpin. Il n’y a plus de voix off. On suit seulement les déambulations dans Rome d’un vieil homme. Si Argento n’aime pas se mettre en avant, ces errances permettent d’en apprendre un peu plus sur l’homme. Dario Argento apparaît comme un grand amateur d’architecture, de lecture (romans occultes) et d’art de manière générale. On le suit dans une immense bibliothèque où il a tourné une scène clé d’Inferno (1980), son film le plus expérimental. Il évoque les lieux et les livres l’ayant inspiré à l’époque.

Cette deuxième partie se veut volontairement plus mélancolique. Il faut voir la tristesse d’Argento à la vue des vestiges abandonnées de la villa où il avait tourné Ténèbres (1982). Sans doute une façon de signifier que le cinéma italien est en crise et que seuls les films restent.

DarioArg3Grâce à cette relation de confiance établie entre Argento et Thoret, le spectateur assiste aux confidences du maître du giallo sur l’histoire de son pays. Si ses films n’ont jamais cherché à s’inscrire dans leur époque, Argento n’en demeure pas moins un homme intéressé par l’histoire et la politique.  Et avec des avis bien tranchés, comme le prouve son adhésion au communisme (en tant qu’idéal) et son rejet de toute forme de fascisme. De la même façon, Argento évoque l’histoire de l’Italie, regrettant que l’on oublie par exemple le terrorisme, les Brigades rouges.

Au final, Dario Argento Soupirs dans un corridor lointain se présente comme un documentaire original dans son approche, sur le cinéma d’Argento et sur l’homme lui-même. Jean-Baptiste Thoret ouvre des pistes passionnantes qui mériteraient des développements. Par ailleurs, on aurait apprécié un regard plus critique sur l’œuvre d’un cinéaste certes incontournable jusque dans les années 80, mais plus dispensable par la suite. Des films comme Le fantôme de l’opéra (1998), Card player (2004), Giallo (2009) ou encore Dracula 3D (2012) sont des fautes de goût qui nécessitaient quelques explications. Et Argento lui-même n’en parle pas, comme si sa filmographie se limitait à ses trente glorieuses (années 60 à 80). Comme quoi, Jean-Baptiste Thoret a levé certains mystères, mais pas tous.

Critique parue à l'origine sur Ciné Dweller à l'adresse suivante
https://cinedweller.com/movie/dario-argento-soupirs-dans-un-corridor-lointain-la-critique-du-film-et-le-test-dvd/

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