Réalisateur : Pat Sletaune
Année : 2012
Origine : Norvège
Durée : 1h36
Avec : Noomi Rapace (Anna), Kristoffer Joner (Helge), Vetle Qvenild Werring (Anders), etc.
FICHE IMDB
Synopsis : Anna fuit son ex-mari violent, avec son fils de 8 ans, Anders. Ils emménagent à une adresse tenue secrète. Terrifiée à l’idée que son ex-mari ne les retrouve, Anna achète un babyphone pour être sûre qu’Anders soit en sécurité pendant son sommeil. Mais d’étranges bruits, provenant d’un autre appartement viennent parasiter le babyphone. Anna croit entendre les cris d’un enfant...
Après notamment un premier film de bon niveau, à savoir Next door, film étrange et qui suscitait une tension certaine, Pat Sletaune propose avec Babycall son nouveau long métrage. Auréolé de différents prix lors de ses passages dans les festivals, et notamment du grand prix du festival du film fantastique de Gérardmer en début d'année, le film bénéficie d'échos très favorables. Après visionnage de ce dernier, il faut reconnaître que c'est plutôt mérité.
Le film débute de manière assez énigmatique puisque l'on entend une voix masculine qui dit : « Anna ? Où est Anders ? ». Puis on voit une jeune femme qui est allongée sur de l'herbe, en étant manifestement sévèrement blessée. Et c'est ensuite que débute l'action du film avec une jeune femme, la fameuse Anna, qui emménage avec son jeune garçon, Anders. Elle a dû se séparer de son époux, qui aurait été violent avec son enfant et aurait tenté de le défenestrer.
Pour ceux qui ont déjà vu le premier film du cinéaste norvégien Pat Sletaune, on peut voir plusieurs similitudes entre Next door et entre Babycall. Dans les deux cas, il est question de prime abord de séparation et de voisins pour le moins curieux. Dans Next door, c'est un jeune homme qui se sépare de sa copine et qui a deux voisines qui ont des comportements pour le moins étranges. Dans Babycall, Anna se sépare donc de son époux et elle entend des bruits provenant du voisinage, par le biais du babyphone qu'elle a acheté. Dernière similitude et non des moindres : chaque protagoniste principal de ces films a l'air complètement paumé. Anna en est à un tel point qu'on se demande constamment si ce qu'elle vit correspond à la réalité ou si au contraire elle délire et imagine des choses qui n'ont pas lieu.
Certains éléments nous mettent sur une piste, avec par exemple le fait qu'Anna ait menti sur sa situation professionnelle (elle n'est pas professeur mais se rêve professeur ce qui est très sensiblement différent) ou qu'elle voit à côté de l'immeuble où elle réside un lac alors qu'il n'y a qu'un parking. Le réalisateur joue subtilement sur cette sorte de paranoïa que connaît Anna. De son côté, Noomi Rapace, qui interprète le rôle d'Anna – à des années-lumière de son jeu dans la trilogie Millenium – est impeccable et est sans nul doute l'un des gros points positifs de ce long métrage. Par ailleurs, au rang des satisfactions, il convient de noter que la mise en scène est habile. Le réalisateur Pat Sletaune réussit à créer une ambiance avec peu de choses : des couloirs sombres, des appartements exigus où il se passe des choses curieuses. Le cinéaste parvient à maintenir un mystère certain.
Le pitch du film est plutôt intéressant mais il demeure prévisible pour quiconque aura été un minimum attentif au début du film. C'est d'ailleurs dommage d'avoir fait le choix de donner des informations essentielles dès le début du film car cela gâche un peu l'éventuel effet de surprise. A fortiori, il y a fort à penser que ce long métrage perdra nettement en intérêt lors d'un deuxième visionnage. Autre point qui est quelque peu dommageable : le manque de rythme du film. Même si Babycall maintient un certain suspense et s'évertue à montrer une jeune maman qui est toute proche de sombrer sur le plan mental, il faut reconnaître qu'il ne se passe tout de même pas grand chose dans ce film qui repose quasi essentiellement sur le jeu (excellent) de son actrice principale.
Au final, si Babycall n'est pas exempt de défauts, cela demeure un drame à la lisière du fantastique, qui s'avère tout à fait recommandable.