Titre du film : Les traqués de l’an 2000
Réalisateur : Brian Trenchard-Smith
Année : 1982
Origine : Australie
Durée : 1h42
Avec : Steve Railsback, Olivia Hussey, Michael Craig, Carmen Duncan, etc.
Editeur : Rimini Editions
En édition collector blu ray + DVD + livret le 26 mai 2022
Synopsis : Dans un futur proche, un gouvernement totalitaire fait arrêter les citoyens considérés comme déviants et les interne dans de terribles camps de rééducation où se pratiquent humiliations, sévices, tortures. Le directeur de l’un des camps décide d’organiser une chasse à l’homme : quelques prisonniers seront lâchés dans une forêt proche et serviront de gibier.
Les traqués de l’an 2000 est une série B australienne tout à fait sympathique qui a pourtant connu dès sa pré-production un sérieux problème. Deux semaines avant le début du tournage, son budget a été revu drastiquement à la baisse, passant de 3,2 millions de dollars à 2,5 millions de dollars. Le réalisateur Brian Trenchard-Smith a donc été contraint d’abandonner une partie de son scénario. Dans ce film de science-fiction, toute la première partie devait décrire le régime totalitaire. Faute de financements suffisants, le film débute directement avec les principaux protagonistes rejoignant un camp de « rééducation ».
Malgré son budget contraint, Les traqués de l’an 2000 apparaît aujourd’hui encore un film d’action et d’aventures enlevé, caractéristique du cinéma australien décomplexé de cette époque, à l’image des très fun Razorback (1984) et Fair game (1986).
Il faut dire que le film ne fait pas dans la demi-mesure tout en ciblant un public majoritairement masculin. Les traqués de l’an 2000 propose ainsi des scènes de douche totalement gratuites avec une mixité hommes / femmes assez étonnante. Mais cela n’est rien à comparer des nombreuses scènes de violence qui émaillent le film : explosion d’une personne, mains coupées ou encore intervention d’un monstre tout droit sorti de l’île du docteur Moreau, sont quelques-unes des joyeusetés de ce long métrage. Il va sans dire qu’une œuvre comme celle-ci serait inconcevable de nos jours !
Cela étant, Les traqués de l’an 2000 ne s’embarrasse pas avec des réflexions politico-philosophiques. Le propos reste simpliste de bout en bout : « La liberté c’est l’obéissance. L’obéissance c’est le travail. Le travail c’est la vie. » Voilà un joyeux programme de rééducation à l’heure du totalitarisme. Il est clair que l’on n’a pas affaire à un ersatz du 1984 de George Orwell. Le cinéaste Brian Trenchard-Smith se concentre sur de l’action, encore de l’action et toujours de l’action. Le spectateur n’a pas le temps de s’ennuyer une minute dans ce film d’aventures qui convoque largement Les chasses du comte Zaroff (1932) avec une touche de science-fiction bienvenue...même si le futur qui a lieu en 1995 fait bien sourire à l’heure actuelle.
Autre point positif du film, son utilisation judicieuse des magnifiques décors tropicaux. Cela apporte clairement un côté à la fois dépaysant et authentique à ce film de chasse à l’homme.
Quant à la musique, elle est signée Brian May (homonyme du guitariste du groupe Queen), qui compose ici une bande originale efficace, totalement en phase avec le film.
Tout n’est cependant pas parfait dans cette série B. Loin s’en faut. La qualité de la distribution est très variable. Certains des méchants sont très amusants, à l’image d’une Carmen Duncan bien sadique dans le rôle d’une chasseuse complètement investie à sa tâche. A l’inverse, l’actrice principale, Olivia Hussey, révélée en 1968 par le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli semble complètement perdue à l’écran du début à la fin. Elle a bien du mal à convaincre et ne brille pas par le talent de son jeu d’actrice. Bon, en étant un peu taquin, on pourrait dire que cela ajoute à l’aspect bis de l’ensemble.
En définitive, Les traqués de l’an 2000 compense son budget étriqué et la simplicité de son scénario par une mise en images fun et décomplexée, qui devrait ravir les amateurs du genre.
Caractéristiques du blu ray édité par Rimini Editions :
L’image : une copie très belle et propre qui enterre celle du DVD paru en 2005 avec le magazine Mad Movies.
Le son : un DTS-HD 2.0 de bonne facture tant en anglais (avec sous-titres français) qu’en français. La version originale est à privilégier, car le doublage français est loin d’être convaincant. Mais bon il pourrait plaire aux nostalgiques des années 80 par son aspect vintage.
Les suppléments : Le DVD paru en 2005 comportait une interview du réalisateur (10 minutes) des mémoires de tournage (23 minutes), et le film annonce. Le blu ray sorti par Rimini reprend ces trois bonus. Dans l’interview qui lui est dédiée, le réalisateur déplore le manque de moyens alloués. L’autre bonus de 23 minutes, désormais intitulé Un tournage sanglant : entretien avec Lynda Stoner, Roger Ward et Michael Craig, met à l’honneur les acteurs qui ne sont pas toujours tendres avec le film. Un nouveau bonus apparaît, La renaissance du cinéma de genre australien (26 minutes), tourné en 2015. Il s’agit d’un entretien avec le réalisateur, un producteur de l’époque et un directeur photo. Ils reviennent sur le cinéma australien des années 70-80, sur le financement des films et leur succès.