ladérive3Titre du film : La dérive des continents (au sud)

Réalisateur : Lionel Baier

Année : 2022

Origine : film franco-suisse

Durée : 1h26

Avec : Isabelle Carré, Théodore Pellerin, Tom Villa, Ursina Lardi, Ivan Georgiev, Adama Diop,etc.

Editeur : Blaq Out

En DVD le 7 février 2023

Synopsis : Nathalie Adler est en mission pour l’Union Européenne en Sicile. Elle est notamment chargée d’organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants. Présence à haute valeur symbolique, afin de montrer que tout est sous contrôle. Mais qui a encore envie de croire en cette famille européenne au bord de la crise de nerfs ?


A l’origine de La genèse des continents (au sud), il y ala vision de ces enfants échoués sur les plages italiennes en 2012-2013. On songe notamment aux centaines de migrants décédés ou portés disparus après le naufrage de leur bateau en 2013, sur l’île de Lampedusa, en Italie.

Plutôt que de proposer un énième documentaire sur le sujet, le cinéaste suisse Lionel Baier met en scène une fiction où l’Union européenne est loin d’apparaître sous son meilleur jourpar sa politique migratoire contestable, à commencer la représentation de celle-ci. Isabelle Carré joue le rôle de Nathalie Adler, une femme missionnée par l’Union européenne à Catane, en Sicile, pour que tout se passe bien lors de la visite attendue de Macron et Merkel.

ladérive1Le réalisateur Lionel Baier se moque ouvertement de cette mise en scène grotesque et pathétique dans la représentation des migrants. Le représentant de l’Elysée est ainsi mécontent car il ne voit pas assez de misère. Eh oui, il ne faudrait surtout pas montrer des migrants qui vont bien ! Le top de la crétinerie est atteint lorsque l’on reproche àun figurant de jouer un sénégalais parlant trop bien français !

La dérive des continents se moque (gentiment) de tous ces faux-semblants, d’une Europe peinant à être unie et à gérer de façon cohérente cette question épineuse des migrants. On ne cesse de parler des migrants mais à aucun moment on ne leur demande leur avis, et comment ils ressentent les choses.

Lionel Baier fait le choix d’évoquer la crise migratoire par des ressorts comiques qui ont le mérite de dédramatiser un sujet sensible. D’un côté, on a un personnel administratif ridicule dissimulant la réalité aux yeux du grand public. De l’autre, quelques scènes surréalistes à l’image de cette météorite s’écrasant sur une voiture. Cette séquence, que ne renierait pas Quentin Dupieux (réalisateur de Rubber, Au poste !ou plus récemment de Fumer fait tousser), est totalement absurde, et révélatrice de ce qui se passe.

ladérive2Car sans avoir l’air d’y toucher, La dérive des continents est une œuvre où tout le monde parle plein de langues différentes. On croit se comprendremais en réalité on ne se comprend pas. A commencer par le couple franco-allemand qui établit en permanence un jeu de pouvoirs.

L’incommunicabilité est au cœur de l’intrigue, et trouve sa meilleure caractérisation dans la relation entre Nathalie Adler et son fils. La rencontre est forcément explosive entre deux êtres que tout sépare : une fonctionnaire docile travaillant pour une Union européenne aux méthodes contestables pendant que le fiston est engagé dans une ONG. Leurs retrouvailles seront l’occasion de mettre à plat des années de rancœur et d’incompréhension.

Gageons qu’il en soit de même pour l’Europe et que l’on parvienne enfin à s’entendre autour de la gestion de la crise migratoire. Car derrière ces problèmes économico-politiques, il y a la vie d’êtres humains qui est en jeu.

Avec un sens de l’humour et de la dérision assumée, La dérive des continents se moque de nos dirigeants et de cette politique migratoire. Cela étant, si l’on rit parfois, il manque quelque chose à ce film pour qu’il devienne vraiment marquant. Le constat effectué est tout à fait juste mais il manque un coup de folie, que l’on retrouve par exemple dans le cultissime et ô combien politique To be or not to be d’Ernst Lubitsch.

ladérivejaquette

Caractéristiques du DVD édité par Blaq Out :

L’image : La qualité d’image du DVD est excellente, ce qui est d’autant plus visible que les scènes diurnes et en extérieur sont nombreuses dans le film.

Le son : Un son en dolby digital 5.1 (et en 2.0) bien réparti dans l’espace. Comme souvent chez Blaq Out, on apprécie que des sous-titres soient disponibles pour les sourds et malentendants. Mais aussi l’option offerte de consulter le film en audio-description.

Les suppléments : Un seul bonus, mais tout à fait appréciable, puisqu’il s’agit d’un entretien avec le réalisateur d’une durée de 26 minutes. Le cinéaste suisse est très clair sur ses intentions et par rapport au ressenti de son film. Voilà un excellent complément au film.