In bed with Madonna d'Alek Keshishian (critique film + blu ray)
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Titre du film : In bed with Madonna
Réalisateur : Alek Keshishian
Date de sortie au cinéma : 1991
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h59
Editeur : Bubbelpop
En édition collection “essentiel” 1 blu ray + 1 DVD et un livret exclusif de 28 pages depuis le 14 mai 2025 (une édition collector spéciale Fnac disponible le 28 mai, comprend l’édition “essentiel” + 1 affiche + le dossier de presse de l’époque + 4 photos collector + 4 croquis signés Jean-Paul Gaultier)
Synopsis : En 1990, pendant le "Blond Ambition Tour", Alek Keshishian suit Madonna du début de la tournée à Tokyo jusqu'au dernier concert à Nice en passant par les Etats-Unis. Le réalisateur filme tout. Toute la vie de l'artiste que ce soit sur scène, en répétition et en coulisses. Madonna se livre comme elle est, à la fois chanteuse et danseuse, femmes d'affaires, figure de mère, enfant inconsolable, mais aussi bourreau de travail et icône glamour... Un documentaire incontournable pour cerner la personnalité de la plus grande star de la musique.
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En 1990, Madonna est au sommet de sa gloire. Ses albums Like a virgin (1984) et True blue (1986) se sont vendus à plus de 20 millions d'exemplaires et le plus récent Like a prayer (1989) à environ 15 millions d'exemplaires. La queen of the pop est au top. Avec In bed with Madonna, qui retrace sa deuxième tournée internationale, elle entend asseoir sa notoriété.
Madonna a cherché en vain à recruter David Fincher, réalisateur du clip Express yourself. Elle s’est alors tournée pour ce documentaire vers Alek Keshishian. Principalement connu pour les clips de Bobby Brown (My prerogative, Don't be cruel, Every little step), Keshishian s’est vite rendu compte que le plus intéressant dans ce qu'il filme n'est pas le concert en lui-même mais le côté backstage.
En effet, avec sa personnalité sulfureuse, excessive, volontairement frivole et éprise de liberté, Madonna s'en donne à coeur joie. Entre son célèbre mime d’une fellation sur une bouteille d’eau d’Evian, sa possible arrestation par la police de Toronto si elle ne cède pas sur certains choix artistiques, ou encore d’autres frasques, on ne s’ennuie pas une minute. C'est ce qui fait tout le sel de ce documentaire hors du commun.
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Car le spectateur a vraiment l'impression de se retrouver dans l'intimité de Madonna. Il faut dire que celle-ci paraît très proche de ses danseurs, mais aussi de ses choristes. Lors d’une tournée, il se crée immanquablement une proximité. On est ici aux premières loges des coulisses de la tournée. Une Madonna (sans doute) un brin manipulatrice se plait à souffler le chaud et le froid avec son entourage. Tantôt elle s'amuse à insulter et à vanner, tantôt elle cherche au contraire à rassurer et à mettre en confiance. Elle va jusqu’à se confier à ses danseurs et à s’intéresser à leur vie personnelle.
Par ailleurs, dans de nombreuses soirées elle apparaît avec les membres de son équipe mais surtout avec des stars comme Warren Beatty (son petit ami de l'époque), Kevin Costner, Al Pacino, Pedro Almodovar ou encore Antonio Bandera. Une façon de rappeler qu’il y a Madonna et les autres.
Dans In bed with Madonna, la star c'est cette chanteuse iconique, qu’elle soit avec son équipe (choristes, danseurs, coiffeuses, etc.), les membres de sa famille (son frère, son père) ou quelques amis. La madone gouverne son monde. C'est elle qui décide qui elle voit et à quel moment, quand elle se repose, etc. Elle est maligne car elle joue clairement avec l'affect des gens. Ainsi, avant le début de chaque concert, elle motive comme jamais ses troupes et elle fait tout (en tout cas c'est ce qui apparaît à l'écran)pour créer du lien entre chacun. Elle agit comme une mère avec ses enfants.
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La chanteuse pop recherche constamment la lumière. “Executive producer” de ce documentaire, elle a donné ses directives au réalisateur Alek Keshishian pour obtenir ce qu'elle souhaitait : un subtil mélange d'intime et de sentimental, avec toujours un parfum de scandale puisque cela fait vendre. Même si elle paraît sans filtres, Madonna a forcément eu le contrôle total de ce documentaire, lui permettant de révéler ce qu'elle souhaitait.
On la voit raconter en voix off ses états d’âme, comme si on était dans un film noir. Cette impression est en outre renforcée par l’utilisation d’un noir et blanc lors de toutes les séquences hors concert. De là à penser que Madonna se prend pour la nouvelle Rita Hayworth… Dans tous les cas, Madonna a toujours su être en avance sur son temps. C’est lors de ce “Blond ambition tour” qu’elle arbore sa célèbre guêpière couleur chair avec les seins pointus que lui a dessiné Jean-Paul Gaultier. Ses danseurs ont également droit à des tenues extravagantes.
Un fait important est le travail acharné de Madonna et de ses danseurs lors des répétitions. La réussite de ses concerts ne tient pas du hasard. On ressent une exigence certaine, tant au niveau des chants que pour les chorégraphies, extrêmement travaillées. Les shows de Madonna sont un régal pour les yeux et les oreilles.
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D’ailleurs, la musique constitue une part notable de ce documentaire passionnant. In bed with Madonna propose, via des extraits de concerts, un melting-pot de ses plus grands hits d’alors : Express yourself, Like a virgin, Holiday, Vogue, Papa don’t preach, Like a prayer, etc. Chaque chanson a droit à une ambiance particulière. Les décors sont magnifiques, à tel point que l’on a l’impression d’assister à des tableaux vivants. Il se dégage quelque chose de fort lors des concerts de Madonna, que l’on soit fan ou non de cette immense artiste.
Au final, ce documentaire incontournable connaîtra un immense succès. Il renforcera le côté iconique de Madonna. Il aura même droit aux honneurs de Cannes (en hors compétition) avec évidemment la présence de Madonna en personne. Pour terminer, intéressons-nous au titre original de ce documentaire, “Madonna : truth or dare”. Autrement dit “Madonna action ou vérité”. Quelle est la part de vérité dans tout ça ? Difficile à dire tant Madonna sait jouer avec son image et la contrôler.
Dans tous les cas, Madonna apparaît dans ce documentaire comme une star incomparable, et pas seulement pour ses chansons célèbres. On s'en rend compte encore aujourd'hui avec tous ces youtubeurs “stars” maniant avec un talent certain l'art de la vacuité !
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Critique du blu ray édité par Bubbelpop :
L'image : Une image somptueuse sur les séquences de concert et un noir et blanc tout en nuances sur les autres scènes plus intimes.
Le son : Film visionnable en version originale avec sous-titres français (ou italiens !) ou en version française. Je conseillerais de voir le documentaire en VOSTF pour profiter de la véritable voix des protagonistes.
Les suppléments : L'éditeur Bubbelpop voit une nouvelle fois les choses en grand en proposant quatre interviews, les deux premières étant les plus intéressantes. Dans Madonna à l'écran, par Samuel Blumenfeld (23mn05), ce journaliste du Monde revient sur la personnalité de Madonna et l'importance de ce documentaire. S'il reconnaît le côté incontournable de Madonna et l'aspect novateur de In bed with Madonna, il n'est pas toujours tendre avec la madone. Il considère qu'elle n'a jamais existé au cinéma, à la différence d'une Barbra Streisand.
Dans le second bonus, 35 ans après, par Olivier Cachin (31mn03), ce journaliste se révèle bien plus enthousiaste au sujet de Madonna. Il indique que le film dispose au départ de 200 heures de rushes, réduits finalement à 2 heures. On apprend aussi que lors de la première projection chez Warren Beatty, celui-ci a menacé Madonna d'un procès. Des séquences ont donc été coupées à sa demande. Avec In bed with Madonna, Olivier Cachin considère que la chanteuse donne l'image d'une femme libre, indépendante, provocatrice et celle d'une grande artiste.
Le troisième bonus, Retour à Cannes, par Michel Burstein (33mn49) est plus anecdotique. Attaché de presse du film en 1991, Michel Burstein raconte la folie ayant gagné la Croisette lors de la venue de Madonna. Il évoque pour sa part une artiste intelligente et très professionnelle. On apprend que lors de la projection cannoise, la salle était quasiment vide en raison d'un dispositif de sécurité bien trop important.
Le quatrième et dernier bonus, In bed with Madonna, selon Jérôme Brucker (33mn07) est le moins captivant car il est redondant avec les deux premiers. C'est d'autant plus dommage que l'interviewé n'a pas vécu les événements qu'il relate concernant le documentaire. Ce qu'il dit n'est pas pour autant inintéressant. Il indique de façon pertinente que Madonna a inventé la télé-réalité avec 10/15 ans d'avance.