La tour du diable de Jim O'Connolly (critique film + blu ray)
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Titre du film : La tour du diable
Réalisateur : Jim O'Connolly
Date de sortie au cinéma : 1972
Origine : Royaume-Uni
Durée : 1h30
Avec : Bryant Haliday, Jill Haworth, Mark Edwards, Jack Watson, Anna Palk
Synopsis : Accostant Snape Island, un îlot au large de l'Écosse, deux pêcheurs découvrent les corps de trois jeunes gens sauvagement assassinés. Penny, l'unique survivante, dans un état second, tue l'un des pêcheurs. Admise dans un hôpital, elle va raconter ce qu'elle a vu. Peu après, des archéologues débarquent sur l'îlot à la recherche de la tombe d'un roi phénicien...
En édition collector limitée combo blu ray + DVD + livret de 24 pages "Massacre sur l'île au trésor" écrit par Marc Toullec le 6 juin 2025
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Au début des années 70, la célèbre firme britannique Hammer (Le cauchemar de Dracula, Frankenstein s'est échappé, etc.) est sur le déclin. Elle ne réussit pas particulièrement bien le passage post-68 et la libération sexuelle qui en découle. C'est durant cette période que le film La tour du diable, réalisé au sein des studios Shepperton en Angleterre, entend notamment concurrencer les films produits par la Hammer.
Pour arriver à ses fins, son réalisateur, Jim O'Connolly, joue la carte de la violence et appuie (un peu) au niveau de l'érotisme. On ne sera donc pas surpris de croiser dans ce film des hippies songeant avant tout à faire l'amour. Ce long métrage se veut évidemment d'une certaine façon une critique du puritanisme anglais. D'ailleurs, pour contourner la censure, Jim O'Connolly avait fait exprès de tourner plus de scènes que prévu afin d'obtenir un accord sur ce qu'il considérait comme l'essentiel.
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Quelque part, La tour du diable peut être considéré à son niveau comme un film charnière. Le gothique est sur la fin tandis que les slashers ne se développeront que quelques années plus tard. On perçoit bien ici cet entre deux. Le côté gothique est évident avec son décor principal, le phare et son île. Sans compter d'étonnantes galeries souterraines qui entretiennent l'aspect mystérieux de l'ensemble. Le côté slasher est présent avec ces jeunes gens se faisant tuer les uns après les autres par un tueur dont l'identité reste secrète pendant la majeure partie de l'intrigue.
Si elle n'est pas d'une folle originalité, La tour du diable est une œuvre appréciable qui en donne pour son argent au spectateur. Les scènes horrifiques sont réussies et assez marquantes, qu'il s'agisse par exemple d'une main ou d'une tête coupée. On ne s'ennuie jamais devant ce film qui entretient constamment une part de mystère. Mais qui est cette personne jouant de la flûte à l'extérieur du phare ?
Ainsi, le scénario multiplie les (fausses) pistes concernant le meurtrier. On a même droit à un rebondissement à la toute fin, qui n'est pas sans rappeler l'excellent film de Roger Corman, La chute de la maison Usher. Une inspiration prouvant que le côté gothique est bien vivace.
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Qui dit film anglais dit humour anglais. Et sur ce plan on n'est pas déçu. L'actrice Anna Palk notamment s'en donne à cœur joie avec des répliques faisant mouche. Deux morceaux choisis : « C'est là que la fille a perdu la tête. Ça arrive à un tas de filles dans une chambre, ma chère Rose. » Ou encore : « Qu'est-ce que tu as fait [à manger] » lui demande un des protagonistes ? Réponse d'Anna Palk : « De la nourriture pour chiens. Cela te fera aboyer plus fort. » Précisons qu'Anna Palk interprète le rôle d'une femme libérée, qui n'a pas froid aux yeux. A travers son personnage, on perçoit une guerre des sexes, voire même un aspect féministe. Bien vu !
Toujours concernant le casting, notons qu'il comprend de jeunes acteurs, pour la plupart inconnus. Il n'empêche, ils remplissent chacun très bien leurs rôles, alors que généralement ce type de série B souffre d'une distribution de qualité erratique.
En somme, La tour du diable est une belle (re)découverte, alliant généreusement scènes horrifiques, érotisme (léger), thriller, le tout avec une pincée de fantastique. Voilà donc une série B agréable à regarder, permettant de passer un bon moment.
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Caractéristiques du blu ray édité par Rimini Editions :
L’image : un master HD qui enterre de toutes parts le DVD sorti naguère chez Artus Films. Un régal pour les yeux.
Le son : le film est disponible en version française ou en version originale sous-titrée français. Les deux langues proposées se révèlent d'excellente facture. Aucun écho et aucun son renfermé.
Supplément : Rimini Editions reprend le bonus de 2016 figurant sur le DVD d'Artus Films. Avec « Derrière la brume par Eric Peretti » (25mn24), ce programmateur des festivals Hallucinations collectives (à Lyon) et du LUFF (à Lausanne) revient sur le film et son réalisateur. Il évoque ainsi la genèse de La tour du diable, les jeunes acteurs présents ou encore les qualités intrinsèques du film (l'alliance entre nudité et violence). Fourmillant d'anecdotes, ce bonus est intéressant à visionner. On se demande comment Eric Peretti sait tout ça !