Publicité
Déjantés du ciné
29 avril 2024

Le coeur fou de Jean-Gabriel Albicocco

Titre du film : Le cœur fou

 

Réalisateur : Jean-Gabriel Albicocco

 

Année : 1970 (vu dans le cadre du festival Hallucinations collectives le 29 mars 2024 à Lyon)

 

Origine : France

 

Durée : 1h41

 

Avec : Eva Swann, Michel Auclair, Madeleine Robinson, etc.

 

FICHE IMDB

 

Synopsis : Serge Menessier, réalise un reportage photographique ayant pour sujet son ex-épouse Clara, une actrice célèbre terrassée par une dépression et internée dans un service psychiatrique. L'agitation causée par la présence de Clara dans la clinique provoque la jalousie de Clo, une patiente égocentrique. Elle réagit en tentant de séduire Serge et en mettant le feu à l'établissement de soins.

 

Assistant réalisateur de Jules Dassin sur Celui qui doit mourir (1957), Jean-Gabriel Albicocco met en scène en 1961 son premier long métrage, La fille aux yeux d'or, pour lequel il obtient le lion d'argent à la Mostra de Venise. Ce cinéaste français connaît en 1967 un succès public important avec l'adaptation d'un classique de la littérature, Le grand Meaulnes d'Alain-Fournier.

Le cœur fou (1970) constitue son quatrième long métrage et se distingue déjà par un scénario original qu'Albicocco a lui-même conçu. Le film s'inscrit dans le contexte d’œuvres dénonçant les méthodes employées en matière de psychiatrie, dont le meilleur représentant en la matière est Family life (1971) de Ken Loach.

Dans le prolongement des films de Marcel Carné, Le cœur fou est une sorte de réalisme poétique mais avec un côté plus exacerbé. Les deux principaux protagonistes sont Serge Menessier, un homme au bout du rouleau et Clo, une femme considérée comme folle. La rencontre de Clo va redonner goût à la vie à Serge. Le film montre parfaitement que la folie de la jeune femme finit par contaminer Serge et lui ouvrir de nouveaux horizons.

Cette jeune femme, bourrée de médicaments, est certes folle mais elle n'en est pas moins attachante. Clo franche et agit selon ses pulsions. Elle est totalement sans filtre. Elle critique les gens sans détour et si quelque chose lui déplaît, elle se rebelle, quitte à jouer parfois la pyromane de service.

Par son côté électron libre, Clo est révélatrice d'une société bien pensante où chacun est censé avoir sa place. Elle sert de dynamiteur (cf la scène du restaurant, très drôle au demeurant). C'est une personne que l'on apprécie suivre, même si on sait qu'elle est dangereuse par son côté schizophrène. Il n'empêche, elle fait (parfois) preuve de lucidité et dégage une émotion vraie : “J'suis pas malade. J'ai besoin qu'on m'aime un peu.”

Comme son titre l'indique très justement, il s'agit ici d'un amour fou. Nos deux protagonistes, finissant par s'aimer d'un amour pur, font face à tout : la famille, les amis, la police, les journalistes. Ils assument leurs actes, quitte à en subir les conséquences, allant jusqu'à faire table rase du passé.

En somme, Clo et Serge bravent la société pour vivre leur amour. A un moment donné, ils reviennent même à un paradis originel où leur souhait est simplement de vivre et s'aimer. En cela, Le cœur fou est celui de Clo et de Serge.

Si le film est passionnant à regarder, il le doit tant à son histoire qu'à la qualité de sa réalisation. Au départ, la caméra est posée, à la façon d'un film de Douglas Sirk. Elle devient ensuite frénétique et même heurtée, épousant les sentiments des deux protagonistes. Jean-Gabriel Albicocco effectue sur Le cœur fou un énorme travail sur la profondeur de champ. L'image est par moments floutée, en particulier dans les scènes en forêt. Cela permet d'entourer les deux personnages principaux dans une bulle, comme s'ils vivaient en dehors du monde.

D'ailleurs la photographie, signée Quinto Albicocco, le père du réalisateur, est particulièrement soignée.

Évidemment, la qualité de l'interprétation est une des grandes qualités du film. On sent Michel Auclair très impliqué et crédible dans le rôle de Serge. Quant à Eva Swann, elle est tout bonnement impressionnante en Clo. Elle joue parfaitement cette femme entière, qui a une sorte de candeur dans sa folie. On sent son personnage en manque d'affection.

A noter que le film critique ouvertement les journalistes à scandale, véritables vautours prêts à tout pour un scoop. Tout se monnaye et on le voit clairement au début du long métrage et même plus tard dans le déroulement de l'histoire.

Film diablement romantique au sens le plus noble du terme, Le cœur fou est une œuvre magnifique. Sa sortie prochaine en blu ray chez l'éditeur Le chat qui fume devrait lui permettre de sortir légitimement de l'ombre et d'être connu par un nouveau public. A découvrir de toute urgence.

Publicité
Publicité
Commentaires
Déjantés du ciné

Site indépendant proposant plus de 700 critiques de films américains, asiatiques et européens, dans tous les genres (action, comédie, documentaire, drame, romance, fantastique et S-F, horreur, policier, politique, thriller, western, etc.)
Voir le profil de Tchopo sur le portail Canalblog

Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité