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Déjantés du ciné
15 mai 2011

Threads de Mick Jackson

threadsTitre : Threads

Réalisateur : Mick Jackson

Année : 1984

Origine : Royaume-Uni

Durée : 110 minutes

FICHE IMDB

Résumé : Des hommes et des femmes tentent de survivre après la survenance de la bombe atomique au Royaume-Uni.

 

Produit par la BBC en 1984, Threads est un téléfilm de Mick Jackson. Ce cinéaste, qui a beaucoup œuvré pour la télévision, a connu son heure de gloire au cinéma en 1992 avec le très superficiel Bodyguard (souvenez-vous Kevin Costner et Whitney Houston avec son tube planétaire I will always love you).

De superficialité il n'est pas question dans Threads. Bien au contraire. Ce téléfilm, qui a bénéficié de l'appui de scientifiques, traite des conséquences de la bombe atomique sur notre environnement. Si bien entendu il s'agit d'une fiction, le traitement minutieux de ce quasi documentaire lui donne un aspect réaliste. On est très loin des films catastrophes des films hollywoodiens à la 2012 où, à grands coups d'effets spéciaux, on nous montre un divertissement qui se termine par un gentil happy end.

Sur Threads, le film se déroule à Sheffield, ville industrielle du Royaume-Uni. Il y a une tension grandissante qui nait en raison des affrontements entre la Russie et les Etats-Unis en Iran. Les gens ont peur et se ruent dans les magasins pour faire des provisions. Il y en a qui décident même de partir à la campagne, se sentant plus en sécurité.

Le téléfilm évoque bien ce sentiment d'angoisse qui s'élève progressivement dans la population britannique. Et à juste titre puisque les anglais vont devoir faire face à deux bombes atomiques, suite aux tensions entre la Russie et les Etats-Unis qui aboutissent à l'échange de missiles à tête nucléaire, pour un total de 3000 mégatonnes. Sur ce total, 210 mégatonnes sont envoyés au Royaume-Uni.

C'est rapidement le chaos dans le pays. La ville de Sheffield est en partie détruite, ses systèmes de communication sont coupés et les gens restent pour la plupart reclus chez eux.

Il y a d'abord les gens qui meurent directement suite au souffle des bombes (entre 2 et 9,5 millions d'habitants au Royaume-Uni). Et puis dix jours après l'arrivé de la bombe, il y a les gens qui tentent de survivre mais se retrouvent contaminés car l'eau est bien entendue infectée. Le téléfilm n'a certes pas pu se targuer de moyens qui sont donnés à des grandes productions, pour autant dans un ton grisâtre particulièrement adapté à la situation, il souligne bien l'état de désolation de la ville. Avec ces images en noir et blanc qui donnent un aspect historique à Threads, on pense à ce moment à Allemagne année zéro de Roberto Rossellini (1948) avec son principal protagoniste, un garçon de 12 ans, confronté aux conséquences de la deuxième guerre mondiale. Dans Threads, des millions d'enfants sont morts à cause des deux bombes. En outre, de nombreux enfants naissent avec des malformations.

Threads est d'autant plus réaliste qu'il est présenté sous la forme d'un journal de bord. On voit d'abord ce qui se passe juste avant la bombe, puis le jour où arrive à la bombe. Ensuite, les jours qui nous sont indiqués s'espacent, pour arriver jusqu'à nous dresser un portrait de la situation dans les mois suivants puis dans les années suivantes.

Comme on peut s'en douter, les choses ne font que s'aggraver. Au bout de quelques années, on apprend que la quasi totalité des gens sont morts, victimes de malnutritions et d'épidémies (choléra, dysenterie, leucémie). Le téléfilm devient de plus en plus difficile à regarder.

Il montre par exemple que les morts, de plus en plus nombreux, ne sont plus enterrés. Il y a des pillards et des violeurs. Il n'est plus question de vivre mais plutôt de survivre. Le ciel assombri par les poussières des bombes est symbolique de ce monde qui a sombré dans les ténèbres.

Pour les survivants, le monde se transforme en une sorte de loi de jungle, faisant disparaître les fils (threads en anglais) sociaux de notre société. L'homme revient quasiment à l'âge de pierre. Sur ce point, on notera que l'homme a de plus en plus de mal à parler anglais. Un des moyens essentiels pour communiquer est donc en train de disparaître.

Les personnages qui sont les référents du spectateur ne prêtent pas non plus à une quelconque joie, dans la mesure où ils sont victimes de la dislocation de la société et ont à subir entre autres des malnutritions, décès et viols. Threads propose à cet égard une conclusion sans concession, à des années-lumière des happy-end hollywoodiens, avec notre dernière héroïne qui donne naissance à un enfant qui est aussitôt mort-né.

Aussi bien par une image grisâtre que par une thématique très alarmiste, ponctuée d'images-chocs, Threads est un téléfilm très difficile à regarder. Il faut vraiment avoir le cœur bien accroché, et voir cette fiction aux allures de documentaire de fin du monde, en toute connaissance de cause.

Dans tous les cas, même si ce n'est pas franchement une partie de plaisir de voir un tel téléfilm, il n'empêche qu'il faut bien constater qu'il s'agit d'une œuvre forte, au propos très adulte, qui pose de vraies questions sur notre monde et la façon dont on le gère. La bombe atomique reste sans conteste un danger permanent. Le téléfilm prend une résonance particulière à l'heure actuelle, quand on voit ce qui arrive au Japon avec le danger du nucléaire.

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