Prison de cristal d'Agustin Villaronga
Titre du film : Prison de cristal
Réalisateur : Agustin Villaronga
Année : 1986
Origine : Espagne
Durée : 1h50
Avec : Gunter Meisner, David Sust, Marisa Paredes, etc.
Synopsis : Un docteur nazi obsédé par les jeunes garçons est rongé par ce sentiment coupable et se jette dans le vide du haut d'un toit. Quelques années plus tard, alors qu'il est réduit à vivre attaché à un appareil respiratoire, une de ses victimes apparaît dans l'habit d'un infirmier...
Datant de 1986, Prison de cristal d'Agustin Villaronga est un film purement horrifique, dans toute sa splendeur. Ce long métrage est à réserver à un public hautement averti car son contenu est particulièrement dérangeant.
Il n'y a qu'à voir le synopsis du film avec un ancien bourreau nazi, le docteur Klaus, qui est enfermé dans une prison de cristal, suite à une tentative de suicide, qui l'a rendue fortement handicapée. Un jeune homme décide de l'assister pour ses soins quotidiens, alors que ses desseins sont très différents...
Tout le film est basé sur la confrontation perverse entre le docteur Klaus et Angelo, ange exterminateur surgi du passé qui va le placer en face de sa monstruosité.
Si ce long métrage utilise par moments les codes du thriller à la Hitchcock et à la Argento, il devient de plus en plus oppressant et complexe. En dehors de rares scènes en extérieurs, le film est un huis-clos malsain.
Le réalisateur Agustin Villaronga connaît visiblement très bien ses classiques et, comme Michael Powell, il place constamment le spectateur dans une position de voyeur pour le moins inconfortable. Et ce d'autant plus que les horreurs perpétrées par les deux hommes impliquent des enfants. La dimension pédophile est très prégnante, et nullement dissimulée. A la différence d'un film de Michael Haneke, il n'y a pas de refuge moralisateur et les terrifiantes scènes ne sont pas filmées en hors champ.
La thématique principale du film est très lourde puisqu'il s'agit ni plus ni moins que d'une réflexion sur la transmission du Mal, ainsi que la fascination de la mise à mort. Le film pose bien l'horreur du mimétisme du Mal et non d'une thématique vengeresse tel que évoqué dans La jeune fille et la mort de Polanski. Les différents meurtres commis répondent à un rituel évident, et à ce plaisir qu'ont ces bourreaux de jouir de la mort d'autrui. Quelque part, ce film est encore plus malaisant puisqu'il confronte le spectateur à la part la plus sombre de son âme.
Le film ne comporte pas tellement d'images chocs mais il frappe par la dureté de ces situations.
Prison de cristal prend d'ailleurs une résonance particulière, puisqu'il traite sous couvert du nazisme, des ravages du régime franquiste, thème souvent relaté par les cinéastes espagnols.
Ce long métrage reste méconnu du grand public. A tort car c'est œuvre forte qui mérite d'être découverte. A regarder toutefois en connaissance de cause, dans la mesure où Prison de cristal est aussi marquant qu'un Martyrs de Pascal Laugier.