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Déjantés du ciné
24 mai 2008

Croix de fer de Sam Peckinpah

CroixdeferaffCroix de fer de Sam PECKINPAH
Film anglo-germano-yougoslave, 1977
Durée : 113 minutes
Acteurs principaux : Steiner (James Coburn), Stransky (Maximilien Schell), Brandt (James Manson), Kiesel (David Warner)...
FICHE IMDB

Résumé : En 1943 sur le front russe, pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de la retraite de la péninsule de Kouban. L'histoire raconte le conflit entre un officier prussien fraîchement débarqué convoitant la croix de fer, et un chef de peloton aguerri, cynique mais compatissant et apprécié de ses hommes. L'histoire se déroule plus spécifiquement peu après Stalingrad lors de la retraite allemande de la péninsule du Kouban vers la Crimée.

Nous sommes en 1978 et Peckinpah est au soir de sa carrière ; après Croix de fer, son dernier grand film, le réalisateur ne tournera plus que 2 films.
Évidemment, il y a 30 ans, tourner un film du côté nazi n'enchantait pas les studios hollywoodiens pourtant toujours (avec un peu de retard) présent pour dénoncer les guerres (les sentiers de la gloire). Donc, après avoir trouvé un financement en Europe, Peckinpah va réaliser son film en ex-Yougoslavie avec un budget assez mince mais suffisant au vu du résultat.

Dès le départ, le générique nous assome un uppercut et prévient le spectateur que ce film sera différent des autres. Ce générique fait défiler des images de guerres d'archives en noir et blanc avec en musique des sons oscillant entre des chants d'enfants en allemand et la fureur des bruits de canon. D'ailleurs, le sigle "directed by Sam Peckinpah" est inscrit lors d'un arrêt sur image où une bombe explose dans un chant. En un plan, tout est dit : Peckinpah va donner sa version radicale du film de guerre.

Sûrement pour troubler le spectateur, Peckinpah a choisi de faire ce film du côté nazi. Il est encore plus déroutant quand on voit l'absence d'exactions commis par les nazis, surtout lorsque l'on sait que la Wechmact a commis les pires atrocités en URSS. En fait, il choisit de montrer des soldats de base bataillant seulement pour survivre, voire même n'être né que pour ça car, le héros du film (Steiner), après un court passage à l'hôpital militaire, revient aussitôt rejoindre ses camarades "de jeux".

Comme d'habitude avec Peckinpah, une violence graphique et visuelle éclate à l'écran. La guerre est filmée comme un ballet avec quelques effets classiques (ralenti principalement, isolement de sons comme une mitrailleuse...). On est surpris par la rapidité du montage ; les images s'enchaînent, on passe d'un combat aux corps à corps à une explosion puis retour à une discussion radio etc.... le tout sous une musique assourdissante d'explosion et de bruits de balles. Ces scènes de guerres, très intenses, peuvent durer plusieurs minutes. De récents films de guerre comme Indigènes ont encore beaucoup à apprendre de Croix de fer sur comment on filme des scènes de combat.
Le souci d'authenticité est poussé à l'extrême : beaucoup d'acteurs sont allemands ou yougoslaves. Il y a un grand soin porté aux détails (armes et chars d'époque....) et certains combats sont filmés caméra à l'épaule comme si on y était.

L'histoire est relativement simple : Stransky, capitaine de famille aristocrate prussienne et non membre du parti nazi, veut sa croix de fer (distinction suprême dans l'armée allemande depuis 1813) par tous les moyens, même les plus détestables (mensonges, faire tuer ses camarades). 
A son opposé, Steiner, caporal et véritable chien de guerre, est le héros du film. Tout au long du métrage, on suit sa survie d'abord lors des attaques russes contre les positions allemandes puis lors de la bataille en retraite (véritable débandade). Steiner est un soldat respecté par ses pairs et qui ne commettra pas d'exactions, contrairement à ses amis qui n'attendent que cela (tuer l'enfant russe au début ou violer les jeunes russes).
Steiner permet au réalisateur de faire un film anarchique. Le héros est antimiliaire ("je dégueule sur touts les officiers"), anticlérical ("Dieu est un sadique"), révolutionnaire (anti-aristocrate) et même anti-nazi. Évidemment et heureusement, la guerre n'est nullement glorifié à la différence de nombreux films de l'époque, les soldats ne font que survivre.
Le réalisateur est également pessimiste sur l'avenir avec cette réponse à "qu'est ce que nous ferons quand on sera vaincu ?",  "on préparera la prochaine guerre".

Radical par son réalisme et sans concessions dans ses propos, Peckinpah a signé un grand film de guerre, un peu oublié aujourd'hui. Comme l'avait dit Samuel Fuller (ancien soldat et grand réalisateur américain), dans ses mémoires "tout bon film de guerre doit être antimilitaire" et, à ce titre, Croix de film est un excellent film de guerre.
Depuis, peu de réalisateurs ont osé filmer la guerre côté allemand, à l'exception du méconnu  Stalingrad de Joseph Vilsmaier qui montre un aspect encore plus désespéré de la débâcle allemande sur le front russe.

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Commentaires
A
concernant la musique du générique, je n'arrive pas à savoir s'il s'agit d'un véritable chant allemand de l'époque (Peckinpah étant suffisamment provoc' pour le faire...).<br /> <br /> <br /> <br /> et puis, on ne dit pas "anarchique" mais plutôt "anarchisant"...
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