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Déjantés du ciné
18 juillet 2008

Dimanche 6 juillet (dernier jour du NIFFF)

manhuntManhunt (Patrik Syversen, 2008, Norvège)

Avis de Nicofeel :

Manhunt, qui signifie chasse à l’homme, constitue le premier film du cinéaste norvégien Patrik Syversen.

Il s’agit d’un survival où quatre jeunes, un couple ainsi qu’un frère et une sœur, se retrouvent ensemble en vacances. S’étant arrêtés aux abords d’une forêt suite à un conflit entre les divers membres du groupe, les jeunes sont alors pris à parti par des chasseurs aux allures peu sympathiques.

D’une durée de 78 minutes, Manhunt va droit à l’essentiel : on suit les aventures de nos divers protagonistes qui sont livrés à eux-mêmes et pourchassés dans cette forêt norvégienne.

Instaurant une ambiance bien tendue où la menace peut venir de n’importe où, Manhunt convie le spectateur à regarder les membres du groupes se faire massacrer les uns après les autres.

Dans son dernier tiers, le film s’intéresse à la revanche de la seule survivante, qui est d’ailleurs comme par hasard le personnage qui paraissait le plus effacé au sein du groupe des jeunes. La violence de Manhunt est sèche et jamais complaisante.

S’il n’y a pas vraiment d’originalité dans ce film qui est un pur survival, Manhunt est bien réalisé (pas de montage clippesque, mis à part au tout début du film) et évite tout sens de l’humour qui aurait été bien malvenu. Un film qui est donc à voir.

anticristoL'Antéchrist (Alberto De Martino, 1974, Italie, après cette séance c'est la fin des bisseries !)

Avis de Locktal :

Rip off italien du célèbre L’exorciste de William Friedkin, L’Antéchrist est évidemment un peu plus corsé, se laissant parfois aller à des délires typiquement représentatifs du cinéma d’exploitation italien.

Réalisé en 1974 par Alberto De Martino, soit un an seulement après son illustre prédécesseur, L’Antéchrist reprend grosso modo la même trame de base mais offre un spectacle plus bariolé, moins rigoureux et beaucoup plus bis, même si la mise en scène d’Alberto De Martino est assez soignée et plutôt efficace, tirant le meilleur parti de ses décors imposants. D’ailleurs, la magnificence de Rome et du Vatican, parfaitement mise en valeur, donne un cachet assez réaliste au film, dans le sens où les événements se déroulent véritablement dans la ville sainte.

Saturé de tableaux et d’édifices religieux, L’Antéchrist parvient à distiller une atmosphère pesante, mystérieuse, renforcée par une bande-son étonnante composée par Ennio Morricone et Bruno Nicolai.

Par ailleurs, l’interprétation des acteurs est à la hauteur, notamment Carla Gravina dans le rôle difficile de l’héroïne possédée, qui est particulièrement convaincante et bien épaulée par de solides seconds couteaux comme Mel Ferrer, Arthur Kennedy ou encore Anita Strindberg.

La possession de l’héroïne se fait de manière originale, par l’intermédiaire d’un médecin psychiatre qui fait régresser celle-ci jusqu’à une ancêtre lointaine, sorcière condamnée à être brûlée vive par les autorités pontificales.

Alberto De Martino maintient un suspense constant et se permet même une scène de sabbat assez gratinée, à la limite du surréalisme, où le diable pénètre sexuellement notre héroïne devant un parterre de personnes hystériques, nues et se livrant sans la moindre pudeur à des plaisirs orgiaques, le cinéaste entretenant adroitement la confusion entre rêve et réalité. En tout cas, cette séquence est un clin d’œil évident au sublime Rosemary’s baby de Roman Polanski, mais en beaucoup moins suggestif !

La scène d’exorcisme proprement dite est grandiloquente, grimaçante à souhait, mais ne se démarque guère de son célèbre modèle, L’exorciste. Cependant, le finale se déroulant dans le colossal Colisée de Rome est majestueux, renforcé par une intense et remarquable musique profane composée par Morricone et Nicolai.

Au final, L’Antéchrist ne brille guère par son originalité mais demeure un spectacle réjouissant, où toutes les scènes inspirées de L’exorciste semblent exacerbées et qui culmine dans la délirante scène de sabbat déjà évoquée. Le film est une curiosité à ne pas manquer, surtout pour les amateurs de bisseries italiennes, d’autant qu’il reste d’un bon niveau technique.

TheghostofyotsuyaThe ghost of Yotsuya (Nobuo Nakagawa, 1959, Japon, dernier film du festival pour nous !)

Avis de Locktal :

Superbe histoire de vengeance, ce film marquant de Nakagawa débute (comme souvent chez ce cineaste) dans un cadre très réaliste de chambara (film de sabre japonais).

The ghost of Yotsuya dresse le portrait d’un samouraï modeste et paumé qui n’hésite pas à tuer tous ceux qui l’empêche de parvenir à ses fins, aidé en cela par son vénéneux vassal. La première scène du film, d’une grande sécheresse, est à ce titre impressionnante, où le héros tue de sang-froid le père de sa promise, celui-ci s’opposant à l’union du couple.

Si la culpabilité ronge notre héros après ce premier assassinat, son égoïsme et sa soif de reconnaissance vont le conduire à récidiver, d’autant qu’après avoir obtenu ce qu’il désirait, en l’occurrence la main de sa dulcinée (après le meurtre du père de celle-ci, qui ignore d’ailleurs que c’est la propre main de son époux qui a tué son père). Le protagoniste semble constamment guidé vers d’autres horizons, n’hésitant pas à devenir adultérin, tandis que la vengeance qu’il a à accomplir (alors qu’il est lui-même coupable) est sans cesse repoussée, notre héros orientant les soupçons sur un samouraï innocent.

Nakagawa profite de son postulat de départ pour faire le portrait saisissant d’un homme dont la condition sociale de samouraï errant lui déplaît et qui essaie de gravir les échelons en se servant des autres, n’hésitant pas à sacrifier ses proches. Tous les moyens sont bons pour arriver au sommet de la hiérarchie, d’autant que notre héros est manipulé par son vassal, personnage ambigu doté de la même dévorante ambition que son maître.

Fable désenchantée sur l’ambition en même temps que puissant récit de vengeance surréaliste, The ghost of Yotsuya s’orient progressivement vers le film d’horreur dans sa deuxième partie ; alros que le protagoniste a froidement empoisonné (mortellement) sa pure épouse au nom de sa réussite sociale. La femme défunte, telle la mauvaise conscience de son époux, revient alors le hanter et lui rappeler ses crimes.

Les teintes froides du début du film, symbole de l’inhumanité de notre héros, laissent place à des explosions de couleurs macabres qui viennent progressivement contaminer le samouraï. Par de savants effets d’éclairage, Nakagawa crée un climat oppressant, où le fantôme de l’épouse morte peut apparaître à tout moment, accompagné du fantôme d’un deuxième individu également sacrifié par notre héros.

Non dénué de poésie macabre, The ghost of Yotsuya regarde alors la chute de ce samouraï cupide sans aucun code d’honneur, sombrant au fur et à mesure dans la folie paranoïaque, donnant naissance à l’une des scènes les plus remarquables du film, dans laquelle notre héros harcelé par les fantômes de sa femme et de l’homme qu’il a également assassiné croit les voir partout et cherche à les sabrer, tuant de ce fait de nombreux innocents, dont sa nouvelle femme et le père très influent de celle-ci.

Les visions terrifiantes de notre samouraï finissent par prendre complètement possession de lui, agissant dès lors comme un châtiment divin et conduisant notre héros vers l’expiation et la mort.

Si la trame peut faire penser à un classique récit de vengeance d’outre-tombe, la puissance phénoménale de Nakagawa et son invention visuelle constante transforment le film en un opéra sanglant, macabre et tragique, d’autant que le cinéaste japonais a pris soin de définir de manière précise les caractères de ses protagonistes. En outre, les apparitions des fantômes pourraient être fantasmées par notre héros, symbolant sa culpabilité, Nakagawa laissant imaginer ce qu’il veut au spectateur.

The ghost of Yotsuya est une nouvelle preuve du talent singulier de Nakagawa. Il est incroyable qu’un tel cinéaste soit quasi-inconnu en France, alors que les histoires qu’il narre sont universelles, renforcées par une esthétique très élaborée qui utilise admirablement toutes les palettes de couleurs et qui rapproche les films de Nakagawa de la peinture. Formidable mélange de chambara et de film d’épouvante, The ghost of Yotsuya a sans nul doute eu une influence déterminante sur le cinéma horrifique japonais, Hideo Nakata (l’auteur des célèbres Ring ou encore Dark water, présent dans la salle lors de la projection du film) reconnaissant d’ailleurs ouvertement son tribut à Nakagawa qu’il considère comme l’un de ses maîtres. Un film à voir absolument…

Avis de Nicofeel :

Réalisé en 1959 par Nobuo Nakagawa, The ghost of Yotsuya est un film de chambara (film de samouraï) mâtiné de fantastique.

Comme souvent chez Nakagawa, le départ de son film est très réaliste.

Mais progressivement le fantastique s’immisce dans le quotidien. Ici, on suit un samouraï et son vassal qui se livrent à des actes répréhensibles, bien loin du code de l’honneur du samouraï : meurtres (par le sabre, par empoisonnement), trahisons, mensonges sont notamment au programme. Tout ceci est fait dans le but de s’enrichir et de fréquenter d’autres femmes.

Le fantastique débute lorsque le fantôme de la première épouse (laquelle meurt dans des conditions atroces, dans ce qui constitue une scène-clé du film) de ce samouraï amoral vient le hanter. Les apparitions du fantôme sont d’autant plus remarquables que l’esthétique du film est très travaillée, laissant la part belle à une profusion de couleurs.

La fin du film, qui joue tant sur le duel au sabre que sur la folie du samouraï, est très réussie.

En somme, ce film de Nobuo Nakagawa vaut vraiment le coup.

Suite et fin de l'article (le bilan)

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