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Déjantés du ciné
3 avril 2010

Soul kitchen de Fatih Akin

soulkitchen2Réalisé par Fatih Akin
Année :
2010
Origine : Allemagne
Durée : 99 minutes

Avec : Adam Bousdoukos (Zinos), Moritz Bleibtreu (Illias), Birol Unel (Shayn), Anna Bederke (Lucia), Pheline Roggan (Nadine), Demir Gokgol (Sokrates), Wotan Wilke Möhring (Neumann), etc.

FICHE IMDB

Résumé : Les déboires d'un jeune restaurateur allemand qui va tout faire pour s'en sortir et garder son restaurant.


Le réalisateur allemand d'origine turque, Fatih Akin (Head on, De l'autre côté), nous revient avec une comédie ce qui peut paraître étonnant eu égard à sa filmographie.

Et pourtant, dès le départ, on est amusé par ce que l'on voit dans le film. Le cinéaste allemand a parfaitement rempli son contrat dans le genre de la tragi-comédie. A tel point que ce « feel good movie » donne une sacrée pêche une fois que l'on a fini de le voir.

Le synopsis raconte l'histoire de Zinos, un propriétaire de restaurant, le fameux Soul kitchen, qui va cumuler les malchances. D'abord, sa copine va quitter l'Allemagne pour rejoindre la Chine. Ensuite, il va se faire un très méchant mal de dos, problème qui ne va cesser d'augmenter tout au long du film. Enfin, alors que son restaurant est loin d'être au top au niveau du nombre de clients, il voit le retour de son frère, Illias, tout juste sorti de prison (il est en liberté conditionnelle).

Au-delà de ces problèmes qui sont loin d'être anodins, Fatih Akin livre une comédie fraiche, attendrissante, énergique, où l'altruisme est omniprésent. Car le personnage principal, Zinos, est un jeune homme fondamentalement bon. Il n'hésite pas à aider son frère pour lui permettre de se réinsérer, il décide d'embaucher un nouveau cuisinier qui venait tout juste d'être licencié, il permet à un gentil vieil homme, Sokrates, de loger sans contre-partie pécuniaire.

Le comportement de Zinos n'est pas anodin. En effet, il permet au cinéaste Fatih Akin de montrer de façon criante les problèmes économiques et sociaux de notre société actuelle. On est dans une société individualiste où le maître-mot est l'argent. Le personnage de Neumann, un truand de bas étage, que l'on trouve à l'origine de plusieurs combines, fait tout pour récupérer le Soul kitchen afin de se faire de l'argent.

L'Etat en prend aussi pour son grade. Ainsi, on voit à plusieurs reprises le fisc allemand qui est là pour ponctionner les quelques sous qui restent à Zinos. On a d'ailleurs droit vers la fin du film à une scène très drôle entre Neumann et la femme travaillant au fisc. Cela permettra de dire plus tard dans le film que Neumann a baisé le fisc mais le fisc l'a baisé !

La malbouffe en prend également pour son grade. Même si c'est fait avec beaucoup d'humour, Fatih Akin pointe du doigt ces fast-food où la nourriture n'est pas variée et manque cruellement d'équilibre alimentaire. A l'inverse, il se fait l'apôtre d'une nourriture saine et variée. Certains plats qui sont proposés dans le film font vraiment envie (et pas uniquement pour leur côté aphrodisiaque !).

A la manière d'un Capra, Fatih Akin prend fait et cause pour les petites gens, pour ces laissés-pour-compte qui ont bien du mal à joindre les deux bouts à la fin du mois mais qui ont un coeur gros comme ça ! Et c'est ce qui fait tout l'intérêt du film.

Les situations vécues par Zinos sont bien souvent rudes mais la façon dont Fatih Akin les raconte prête à sourire. En outre, le cinéaste montre bien des gens qui sont prêts à s'aider en cas de galère. Ainsi, les amis du frère de Zinos n'hésitent pas à venir à son aide lorsque celui-ci est en difficulté.

Et puis le film porte toujours un regard positif et optimiste envers ses personnages qui ne possèdent rien mais qui sont prêts à donner tout ce qu'ils ont. Lorsque Zinos ou son frère sont dans des situations délicates, le réalisateur leur donne une chance. C'est une façon de dire que la roue tourne et que chacun a droit à sa petite part de bonheur.

Autre fait remarquable du film, sa bande son. Elle se révèle très éclectique avec des morceaux de funk, bien évidemment de soul ou encore d'électro (Quincy Jones, Kool and the gang, Louis Armstrong, Love ravers, etc.) qui donnent un sacré punch au film.

Soul kitchen est une comédie au rythme enlevé qui mélange les genres. On retrouve dans ce film des éléments du drame, de la comédie romantique (la relation entre Zinos et Nadine, celle entre Illias et Lucia, etc.) ou encore de la comédie musicale. Le mélange est parfaitement dosé et on s'amuse des différentes situations cocasses auxquelles on assiste. 

Tous les acteurs sont excellents et participent bien entendu amplement à la réussite du film. On sent d'ailleurs que le cinéaste a pris beaucoup de plaisir à délivrer les rôles à ses divers acteurs, qui bénéficient tous de personnages hauts en couleurs.

Le seul bémol pourrait être une mise en scène un peu fonctionnelle avec un cinéaste qui n'a pas hésité à multiplier les plans. Cela dit, vu le côté outrancier du film, cela n'est pas spécialement gênant.

Au final, on passe un très bon moment à regarder ce film qui est certes une comédie mais n'oublie pas pour autant d'évoquer la situation socio-économique de l'Allemagne.

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