Robin des bois de Ridley Scott
Réalisé par Ridley Scott
Année : 2010
Origine : Etats-Unis
Durée : 140 minutes
Avec : Russell Crowe (Robin Longstride), Cate Blanchett
(Marianne Loxley), Max von Sydow (Walter Loxley), William Hurt (William
Marshal), Mark Strong (Godefroy), Oscar Isaac (le prince Jean), Léa Seydoux
(Isabelle d’Angoulême), etc.
FICHE IMDB
Résumé : L'histoire de Robin Longstride, revenu en Angleterre de croisade, et ce avant qu'il ne devienne le célèbre Robin des bois.
Auteur de plusieurs chefs d'oeuvre au début de sa
carrière (Alien, Blade runner, Legend ou encore Thelma et Louise), Ridley Scott
a vu depuis sa filmographie sévèrement pérécliter au niveau qualitatif. Alors,
l'idée de tourner un film sur Robin des bois allait-elle permettre de redorer
le blason de sir Ridley ?
Eh bien malheureusement non. Si le film contient
quelques bonnes idées, principalement au niveau scénaristique, le film souffre
de problèmes de toutes sortes (mise en scène épileptique, acteur principal
pataud, dialogues parfois ridicules, etc.) qui le plombent et en font presque
un nanar.
Mais commençons par les qualités du film car il
n'en n'est pas dénué. La grande force du film, s'il ne fallait en conserver
qu'une, est son conteste son approche du mythe Robin des bois. Depuis le début
du film jusqu'à sa fin, Robin des bois est en fait une préquelle de ce que nous
connaissons du plus célèbre des hors-la-loi. On débute avec la fin de la
croisade du roi Richard qui a ruiné l'Angleterre et le retour du roi dans son
pays. Le roi ayant été tué dans une embuscade, c'est Jean qui prend la relève.
Avant d'asseoir sa domination, il va devoir réussir à fédérer les différents
comtés. C'est à cet égard qu'intervient Robin car au départ il n'est pas
spécifiquement un ennemi de Jean. Au contraire, il devient un allié important.
Et puis on va assister à la rencontre entre Robin et Marianne, cette dernière
représentant une femme qui a déjà bien vécu. Pour diverses raisons
scénaristiques sur lesquelles je ne reviendrai pas (eh oui il faut bien un
degré minimal de surprise pour ceux n'ayant pas vu le film, Robin est alors
présenté comme son époux aux yeux de tous. Et comme on peut s'en douter, on va
assister à une romance d'abord contrariée pour ensuite constater que ces
deux-là sont faits pour s'aimer.
Très riche sur le plan scénaristique et très
original, le Robin des bois de Ridley Scott présente une facette non connu de
notre célèbre archer.
On appréciera également dans le film les diverses
intrigues qui se trament sur le plan politique. On comprend aisément
l'importance pour certains d'approcher, sinon d'obtenir le pouvoir. Les
tractations politiques, les luttes de pouvoir et les traîtrises diverses (le
personnage de Godefroy est de ce point de vue plutôt bien senti) sont au coeur
du film.
Mais c'est aussi bien évidemment une belle histoire
d'amour entre Robin et Marianne. C'est également un film qui parle de la
paternité ; du rapport père-fils ; de valeurs nobles telles que l'entraide ou
l'égalité entre les hommes (au 12ème siècle on était encore loin d'un système
démocratique). En somme, de nombreuses scènes intimistes (si l'on fait
abstraction de certains dialogues) en font un film intéressant.
Mais malheureusement il n'y a pas d'autres qualités dans ce film. Et là
où le bas blesse c''est déjà par le fait que les scènes d'action sont
complètement ratées. C'est tout de même dommage pour un film qui joue avant
tout la carte de l'action ! Il est dommageable de constater que les scènes
d'action sont très brouillonnes. Dans cette affaire, la mise en scène pure du
réalisateur est à mettre en cause. Ridley Scott offre, si l'on peut dire ainsi,
à son spectateur un montage épileptique. Le nombre de plans dans le film est
effarant et les tics visuels adoptés dans les scène d'action sont assez
agaçantes (processus de ralentis ou d'accélérés pour donner un pseudo rythme au
film).
Et ce n'est pas tout. Robin des bois se voudrait
un film épique ou à tout le moins un film d'aventures mais on obtient jamais le
résultat escompté. La musique du film, particulièrement, insipide, peu inspiré
et surtout qui ne colle pas du tout aux images que l'on voit à l'écran, est une
des raisons de cet échec.
Mais que dire de l'acteur principal, ce bon vieux
Russell Crowe. Déjà particulièrement mauvais dans la comédie romantique ratée
de Ridley Scott (Une grande année), l'acteur récidive avec Robin des bois.
N'est pas Errol Flynn (l'acteur le plus célèbre ayant joué le rôle de Robin des
bois dans Les aventures de Robin des bois de Michael Curtiz, l’auteur de
Casablanca, en 1938) ou Kevin Costner qui veut. Russell Crowe n'arrive jamais à
faire penser au spectateur qu'il est Robin des bois. L'acteur fait pataud et à
cheval il est même assez ridicule ! On se croirait presque dans un gag des
Monty Python du type de Sacré Graal.
Mais c'est loin d'être le pire au niveau des
défauts du film. Un peu malgré lui, Robin des bois devient même par moments un
film comique. Les phrases débitées par les personnages principaux sont parfois
d'une incroyable bêtise. A ranger dans les phrases cultes, on a le droit à
« Je vous aime Marianne » (Robin à Marianne, qui donne l'impression
de dire son texte sans émotion, et cela arrive comme un cheveu sur la soupe)
mais surtout au sublime « Tant pis rentrons » (le roi de France, qui
décide de se retirer en deux temps trois mouvements dès qu'il voit que le
débarquement en Angleterre ne se passe pas comme prévu). Toujours au niveau
comique, on a droit à des scènes involontairement drôles avec notamment des
flèches décochées qui réussissent dans un cas à faire brûler comme par hasard
un pont-levis (quelle précision cet archer !) ou dans un autre à tuer un homme
en mouvement, sur un cheval (trop fort ce Robin des bois !). Cette dernière
scène obtiendrait sans souci la palme de la sobriété (rires) avec une mise en
scène qui adopte le point de vue de la flèche.
Un des derniers gros problèmes consiste d'ailleurs
en l'incapacité de Ridley Scott à adopter un point de vue. On passe de Robin
des bois au prince Jean en passant par Godefroy sans que l'un des personnages
ait plus d'importance que l'autre. Le spectateur a besoin de s'identifier à un
personnage mais la tâche est rendue difficile par un réalisateur qui ne sait
pas trop comment s'en sortir. Du coup, le film comporte immanquablement
certaines longueurs.
Au final, je ne saurai que trop conseiller de
rester prudent quant à la volonté de voir cette nouvelle version de Robin des
bois. Par contre, pour assister à un vrai bon film sur le mythe de Robin des
bois, je vous invite à regarder le sublime La rose et la flèche (1976) de
Richard Lester avec Sean Connery et Audrey Hepburn.