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Déjantés du ciné
21 novembre 2011

Drive de Nicolas Winding Refn

driveTitre du film : Drive

Réalisateur : Nicolas Winding Refn

Année : 2011

Origine : Etats-Unis

Durée du film : 100 minutes

Avec : Ryan Gosling (le chauffeur), Carey Mulligan (Irene), Bryan Cranston (Shannon), Albert Brooks (Bernie Rose), Oscar Isaac (Standard Guzman), Christina Hendricks (Blanche), Ron Perlman (Nino), etc.

FICHE IMDB

Résumé : Un homme qui travaille en tant que cascadeur le jour et tant que chauffeur pour des malfrats la nuit, va être amené à prendre des risques, pour l'amour d'une femme.

 

Après deux films maîtrisés sur le plan technique mais où l'on ne savait pas bien où le réalisateur voulait en venir, le danois Nicolas Winding Refn est de retour. Et le moins que l'on puisse dire est qu'avec Drive ce jeune cinéaste (il est né en 1970) rend une copie très propre avec un polar d'excellente facture.

Pourtant, en soi, le film n'a rien d'exceptionnel au niveau de son histoire. On suit un homme, dont on ne connaît pas l'identité, qui est cascadeur anonyme le jour et chauffeur pour la mafia la nuit. Sa vie va être amené à prendre un tournant décisif lorsqu'il fait connaissance avec sa voisine de palier. Avec ce scénario simple en apparence, le réalisateur Nicolas Winding Refn réussit à transcender le genre du polar, au point d'être à deux doigts du chef-d’œuvre.

Il faut dire que le réalisateur cumule les bons points dans ce film. D'abord, il y a une mise en scène fluide et extrêmement stylisée qui prouve que l'on a affaire à quelqu'un qui sait parfaitement filmer. Nicolas Winding Refn n'a absolument pas volé le prix de la mise en scène qu'il a remporté cette année au festival de Cannes. En filmant Los Angeles quasi uniquement de nuit avec de très beaux plans en plongée qui insistent sur le côté gigantesque de la ville, ou encore avec des scènes de course-poursuite qui sont très bien découpées, Nicolas Winding Refn rend hommage aux films de Michael Mann (on pense notamment à Collateral), de William Friedkin (Police Fédérale Los Angeles) mais aussi des polars hong-kongais de Johnnie To et Ringo Lam. Cependant, le film ne croule pas sous les références et prend rapidement de lui-même son envol.

Il faut dire qu'à peine le film débute que l'on est happé par la beauté des images et par la musique planante. Dans ce film plus que dans de nombreux autres, la musique tient une place prépondérante. Le premier morceau du film, Nightcall de Kavinsky (featuring Lovefoxxx) donne un côté hypnotique au film qui ne lâchera jamais le spectateur. La bande son du film, signée Cliff Martinez, est toujours agréable à écouter. Elle est entraînante tout en étant douce. Elle accompagne à merveille les trajets – notamment en voiture – du principal protagoniste du film. Donnant l'impression d'être sortie tout droit des années 80 (sauf que l'on a droit ici au meilleur, pas à des synthétiseurs ridicules), la période dont fait référence le film, la musique propose quelques morceaux de grande qualité qui continuent de trotter dans la tête du spectateur à la fin du film. On pense ainsi à l'excellent Under your spell de Desire qui fait penser à du Blondie ou encore à A real hero de College (featuring Electric youth) qui finit de nous achever sur le plan émotionnel par son électro-pop envoutante.

Mais ce n'est pas tout. La photographie du film est également superbe. Elle met à plusieurs reprises en valeur Ryan Gosling, l'acteur principal du film, en insistant sur son visage, laissant transparaître la détermination et les sentiments de ce dernier. La photographie est lumineuse en de rares occasions, correspondant lors de ces moments aux scènes de joie du principal protagoniste. La plupart du temps, la photographie du film joue sur un clair-obscur, la plupart du film se déroulant d'ailleurs de nuit. Dans ces conditions, la photographie accroît le côté intrigant de l’œuvre.

Car Drive est loin d'être une sinécure. C'est avant tout un polar bien noir où le cinéaste livre une vision désenchantée de notre société. Dans ce monde, les honnêtes gens sont rares alors que les bandits, les truands, les profiteurs, sont légion. Dans Drive, le danger peut venir de n'importe où et à n'importe quel moment. Les scènes d'action sont d'une grande violence, une violence sèche et abrupte. Certaines scènes du film sont de ce point de vue difficilement supportables pour les âmes sensibles, tant les effusions de sang sont importantes. On pense ainsi aux coups de fusil dans le motel qui donne lieu à un véritable carnage ou à la scène dans l'ascenseur qui montre la violence intérieure qui habite notre « héros ».

A cet égard, la performance de Ryan Gosling, acteur très en vue actuellement, est tout bonnement bluffante dans ce film. L'acteur réussit selon les scènes à faire preuve d'une grande sensibilité (on le voit quelquefois au bord des larmes) ou au contraire d'une incroyable violence. L'acteur, qui joue un personnage plutôt taciturne, se révèle étonnamment charismatique. Mais il n'est pas le seul à tirer son épingle du jeu dans ce film. Carey Mulligan interprète brillamment le rôle d'une jeune femme amoureuse qui refuse de faire partie de cette société violente. Aux côtés de ces deux acteurs, on trouve toute une ribambelle de sacrées trognes – Bryan Cranston, Albert Brooks et bien évidemment Ron Perlman – qu'on croirait sortis d'un film de Tarantino.

Enfin, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, Drive parvient aisément à se démarquer du polar tel qu'on l'imagine. En effet, s'il est bien question dans cette histoire de femme fatale (le personnage joué par Carey Mulligan est celui qui amène le chauffeur à prendre de gros risques, quitte à y laisser sa vie) ou tout simplement d'histoire d'amour, tout cela prend une tournure bien particulière. Ainsi, cette histoire d'amour restera toujours en pointillés. Jamais il n'y aura de relation effective entre cette femme et le chauffeur mais on voit bien pertinemment qu'ils sont attirés l'un vers l'autre. Le réalisateur Nicolas Winding Refn conçoit aussi un polar original dans le sens où son personnage principal est très énigmatique et peu prolixe. Notre héros préfère agir plutôt que parler. Ses choix révèlent in fine sa personnalité et ses motivations : le chauffeur agit comme un ange exterminateur, cherchant à protéger la femme qu'il aime et l'enfant de celle-ci, comme s'il s'agissait de sa propre famille.

En somme, Drive accumule les qualités. Entre une musique eighties de grande classe et un héros à la présence magnétique qui semble sorti tout droit de cette époque (jean moulant, blouson orné d'un scorpion), Nicolas Winding Refn fournit son film le plus abouti et sans aucun doute un des meilleurs films de l'année 2011.


Et en bonus ci-joint l'excellente chanson Nightcall qu'on entend au tout début du film :
 
Kavinsky - Nightcall (Drive Original Movie Soundtrack)

 

 Allez, un autre bonus, la chanson A real hero de College :


A Real Hero - College feat Electric Youth (Drive original soundtrack)

 

Et puis jamais deux sans trois, ci-joint l'excellente chanson Tick of the clock du groupe The chromatics :


The Chromatics - Tick Of The Clock ( Drive Original Movie Soundtrack)


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