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Déjantés du ciné
23 janvier 2013

Foxfire, confessions d'un gang de filles

 

FOXFIRETitre du film : Foxfire, confessions d'un gang de filles

 Réalisateur : Laurent Cantet

 Année : 2012

 Origine : France

 Durée : 2h23

Avec : Raven Adamson (Legs), Katie Coseni (Maddy), Madeleine Bisson (Rita), Claire Mazerolle (Goldie), Paige Moyles (Lana), Tamara Hope (Marianne), etc.

FICHE IMDB

Synopsis :  Dans les années 50, aux Etats-Unis, un groupe de filles décide de défendre et venger des adolescentes.

 

Nanti d'une Palme d'Or avec son film sur le milieu scolaire initulé Entre les murs (2008), le cinéaste Laurent Cantet (auteur du brillant Ressources humaines en 1999) revient avec un nouveau long métrage, tiré du roman Confessions d'un gang de filles de Joyce Carol Oates.

Foxfire, confessions d'un gang de filles marque tout à la fois une changement et une certaine permanence chez ce réalisateur français.

Le changement vient du fait que le film a été tourné en langue anglaise uniquement et que l'action se déroule aux Etats-Unis, dans les années 50.

Pour autant, le film ne surprendra pas les amateurs du cinéaste car les thématiques développées sont bien ancrées dans le social, élément déterminant dans la filmographie de Laurent Cantet.

 

foxfire3L'Amérique telle qu'elle nous est dépeinte est celle d'une société où la femme est bien loin d'être considérée comme l'égal de l'homme. A tous les niveaux, et principalement chez les gens modestes, la femme est montrée comme un être inférieur, ce qui donne lieu à certaines pratiques inadmissibles : on voit ainsi une adolescente qui se fait humilier par un professeur ; cette même adolescente se fait plus tard violer en toute impunité par plusieurs de ses camarades de classe. Et la pauvre n'a même pas l'occasion de se rebeller. De manière plus générale, bien souvent la femme est destinée à être une gentille épouse, à s'occuper des enfants qu'elle aura avec son mari et de faire les tâches ménagères qui lui incombent au regard de la société de cette époque.

Evidemment tout cela n'est pas acceptable et le film narre l'histoire de jeunes femmes (la jeunesse, voilà quelque chose qui intéresse beaucoup Laurent Cantet) qui décident de se regrouper au sein d'un gang, le Foxfire, qui n'a à l'origine d'autre but que de défendre les intérêts des femmes dans une société machiste au possible.

L'idée est intéressante et on se demande bien si ces Robin des bois pourfendeurs des hommes mal intentionnés, n'ont pas réellement existé. En effet, il paraît crédible de voir une jeune fille enlevée des griffes d'un oncle bien pervers ou encore la meneuse de Foxfire qui s'émancipe en quittant le foyer parental où elle devait faire face à un père alcoolique.

Affirmant son existence en badigeonnant sur les murs son logo, Foxfire agit illégalement mais en faveur de causes qui sont bonnes puisqu'il s'agit de défendre la femme et de lui permettre de s'émanciper au mieux.

Malheureusement, le film met en exergue que les choses vont rapidement de mal en pis. En effet, si les filles qui composent Foxfire vivent ensemble, peu d'entre elles travaillent. Et c'est là que le bas blesse. Car comment vivre correctement quand on a peu de revenus ? Foxfire entend donc trouver de nouvelles sources de revenus pour faire vivre tout son petit monde féminin.

Et pour cela, les méthodes utilisées sont très loin d'être irréprochables. Ces femmes utilisent de faux prétextes pour raquetter des hommes qui sont certes infidèles auprès de leurs épouses (ce qui en soi est répréhensible sur le plan moral) mais ne commettent pas pour autant de délits. Pire, ces femmes se font passer pour des prostituées ou à tout le moins des filles faciles, ce qui semble aller aux antipodes de leur émancipation.

Ces femmes vont même jusqu'à kidnapper et à torturer un homme très riche pour tenter de récupérer une grosse somme d'argent.

Le film établit clairement qu'entre les idéaux de base et la réalité d'alors, il y a un monde. On pourrait par ailleurs tenter un parallèle entre la vie au sein de Foxfire et la vie en micro-société pônée par Alain Fourier avec son modèle du phalanstère. Dans les deux cas, on constate que ce système, où l'on demande à chacun de participer selon ses moyens, ne marche pas. L'idée était belle, mais la finalité l'est beaucoup moins.

 

foxfire2A fortiori, il convient également de signaler que cette micro-société de femmes n'a pas marché car tout le monde n'était pas d'accord et surtout il y avait aussi un racisme latent de plusieurs de ces membres contre les femmes noires. Eh oui, elles ont beau être des femmes, elles sont pour certaines comme leurs alter ego masculins de l'époque : des gens racistes.

Le réalisateur Laurent Cantet ne se contente pas d'une approche sociale, déjà fort intéressante, dans Foxfire, confessions d'un gang de filles. Il met aussi en cause le détournement de la politique avec notamment le maccarthysme.

Riche sur le plan des idées, le film doit pour beaucoup sa réussite au jeu très naturel de ses actrices. Il faut dire que mis à part Tamara Hope, toutes sont des actrices amateurs. Laurent Cantet a parfaitement su les diriger et leur donner des rôles dans lesquels elles ont su s'affirmer avec brio.

Et puis, quelques mots sur la reconstitution d'époque. Tant les décors que les costumes ou encore les voitures utilisées donnent l'impression que l'on se situe dans les Etats-Unis des années 50. Le travail qui a été effectué sur ce plan est donc remarquable.

Au final, malgré une durée assez longue – plus de 2h20 – Foxfire, confessions d'un gang de filles est un film qui se suit très bien, tant par ses thématiques développées que par ses actrices époustouflantes de réalisme.

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