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Déjantés du ciné
26 juin 2014

La nostra vita de Daniele Luchetti

lanostravita1Titre du film : La nostra vita

Réalisateur
: Daniele Luchetti

Année : 2011

Origine : Italie

Durée du film
: 1h33

Date de sortie au cinéma : 6 avril 2011

Avec : Elio Germani (Claudio), Raoul Bova (Piero), Isabella Ragonese (Elena), Luca Zingaretti (Ari), Stefania Montorsi (Loredana), etc.

FICHE IMDB

Synopsis : La descente aux enfers sur le plan personnel et professionnel de Claudio, peintre en bâtiment.

 

Après le très intéressant Mon frère est fils unique (2007), beau drame mâtiné d'histoire, Daniele Luchetti fait son retour au cinéma avec son nouveau film, La nostra vita, auréolé en 2010 à Cannes du prix d'interprétation masculine pour son acteur principal, Elio Germani.
Les premières minutes du film rappellent La chambre du fils n'est pas étonnant dans le sens où Luchetti est un quasi disciple de Moretti.
Ainsi, au bonheur familial de deux parents et de leurs deux enfants, succède le drame du décès de la jeune mère suite à l'accouchement de son troisième enfant, qui s'est mal déroulé.

Daniele Luchetti évoque parfaitement la détresse de cet homme, Claudio (Elio Germani) lors des obsèques de sa femme. Sur la très belle chanson Anima fragile de Vasco Rossi qu'il avait naguère chanté paisiblement en complicité avec sa femme (c'était leur chanson), il crie cette fois sa douleur. La scène est forte et est certainement l'une des meilleures du film.
Il est bien difficile de se remettre du décès d'un être proche. La chose est d'autant plus vraie pour Claudio (Elio Germani) qui se retrouve seul avec ses trois enfants et dans une situation économique pour le moins tendue.

lanostravita2Claudio, qui travaille dans le bâtiment, fait alors le choix de rentrer dans un système de magouilles pour augmenter ses revenus. Une bonne partie du film va alors consister pour Daniele Luchetti à présenter cette descente aux enfers d'un Claudio devenu aussi peu scrupuleux que son désespoir sur le plan moral est grand. Claudio ne déclare par le décès d'un travailleur immigré sur un chantier pour pouvoir mieux obtenir des faveurs de son patron véreux ; il demande de l'argent à un de ses copains qui fait du business dans le milieu de la drogue et de la prostitution. Et puis, il confie son nouveau-né à une prostituée, en l’occurrence l'épouse du dealer qui lui prête de l'argent. En outre, lorsqu'il a pour lui un chantier, Claudio n'hésite pas à faire travailler au noir de nombreux travailleurs immigrés.

Dans un style proche du documentaire, Daniele Luchetti livre un portrait saisissant du milieu du BTP où les magouilles semblent légion et où le nombre de travailleurs sans papiers est conséquent.
En parallèle, le réalisateur évoque le racisme d'Italiens qui ne supportent pas le fait de voir débarquer dans leur pays des Roumains, des Marocains, ou tout simplement des Africains. Les patrons peu scrupuleux que l'on voit dans le film sont pour autant bien contents d'embaucher de la main-d’œuvre à bon marché.

Évidemment, comme on peut s'en douter, le fait de rentrer dans l'illégalité finit bien souvent par se retourner contre soi. Ainsi, le cinéaste étaye bien l'engrenage infernal dans lequel est rentré Claudio. Entre les difficultés à boucler dans les temps le chantier dont il s'occupe, le manque de moyens financiers pour payer ses ouvriers qui travaillent de nombreuses heures, Claudio est complètement dépassé par les événements. Il est rentré dans un jeu dangereux dont les enjeux le dépassent complètement. A un drame personnel (la perte de l'être aimé), succède un drame économique pour un Claudio qui ne sait plus quoi faire.
Le cinéaste Daniele Luchetti fait un constat pour le moins amer d'une Italie actuelle où les petites gens ont du mal à s'en sortir et où les valeurs morales semblent en perte de vitesse.

lanostravita3La seule solution semble être donc de s'en référer à la famille, valeur ancestrale et toujours fondamentale. Les belles scènes de fin avec la famille, qui évoquent la rédemption d'un Claudio qui comprend les fautes qu'il a commises, font écho à l'émotion véhiculée au début du film.
Le problème est que dans La nostra vita, l'émotion n'est pas toujours présente. Le milieu du BTP qui est décrit est intéressant pour se faire une idée de la société actuelle, mais pour autant le spectateur ne peut se retrouver dans ces moments en situation d'empathie avec le personnage principal.

Daniele Luchetti n'a pas réussi à faire l'alchimie entre drame personnel, chronique sociale et description économique de son pays. Du coup, il s'est pris un peu les pieds dans le tapis. On regrettera particulièrement que l'émotion soit branchée sur courant alternatif et se limite à quelques (très) belles scènes intimes.
C'est d'autant plus dommageable que les acteurs, en particulier un excellent Elio Germani qui a mérité son prix d'interprétation masculine à Cannes, sont tous très bons et ne sont pas à mettre en cause.
Au final, La nostra vita est un film qui est certes largement regardable mais qui s'avère assez décevant d'un Daniele Luchetti qui nous avait habitué à bien mieux, notamment lors de son précédent long métrage (Mon frère est fils unique).

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