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Déjantés du ciné
9 octobre 2015

Capitaine Achab de Philippe Ramos

capitainea1Titre du film : Capitaine Achab

Réalisateur : Philippe Ramos

Année : 2008

Origine : France

Durée : 1h40

Avec : Denis Lavant, Dominique Blanc, Jean-François Stévenin, Jacques Bonnaffé, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : 1840. Qui aurait bien pu imaginer que ce jeune garçon lisant la Bible dans une cabane de chasse perdue au milieu des bois, deviendrait un jour capitaine de navire baleinier ? Personne. Et pourtant, de mains tendues en coups reçus, Achab grandit et s'empare des océans. Devenu un capitaine redoutable, il rencontre une baleine éblouissante de blancheur... Moby Dick.

 

Réalisé en 2008 par Philippe Ramos, Capitaine Achab constitue une adaptation libre du roman Moby Dick d'Hermann Melville paru en 1851. Capitaine Achab est très différent tant du roman (dont on ne retrouve la trame qu'à la fin du film) que de l'adaptation la plus célèbre de Moby Dick, à savoir celle de John Huston qui date de 1956.

Philippe Ramos s'intéresse dans Capitaine Achab à la vie de celui qui est connu pour avoir combattu la baleine blanche Moby Dick. Il prend comme point de départ la naissance d'Achab pour conclure sur sa mort. Philippe Ramos inscrit Achab dans l'Histoire en décidant de raconter la vie d'Achab par le souvenir. Le film est divisé en 5 chapitres. A chacun des 5 chapitres, une voix off correspond au personnage que va cotoyer Achab, et raconte qui il était. Les 5 chapitres sont intitulés : le père (le père d'Achab, joué par Jean-François Stévenin) ; Rose (qui est la tante d'Achab) ; Mulligan (qui est le pasteur qui le recueille) ; Anna (jouée par Dominique Blanc) et Starbuck (interprété par Jacques Bonnafé, qui interprète le rôle d'un garçon harponnier).

capitainea2Le film de Philippe Ramos inscrit également Achab dans un univers particulier. A la manière d'un Terrence Malick, le cinéaste français magnifie les paysages, censés être ceux des Etats-Unis (mais le film a été tourné entre la France et la Suède). Ce long métrage offre de nombreuses images à couper le souffle. On est d'abord charmé par le paysage forestier qui laisse progressivement place à un paysage maritime. Le cadrage et la mise en scène de Philippe Ramos donnent l'impression que l'on regarde de véritables tableaux, l'aspect pictural de cette oeuvre étant évidente.

Comme chez Malick, Achab, de sa naissance à sa mort, semble être lié à la Nature. Il y a ainsi son rapport avec son père et cette volonté d'être comme un chasseur. Il y a aussi la découverte de la femme avec le personnage de Louise que l'on peut voir comme une nouvelle Eve. Pour faire le lien entre Terre et Mer, Philippe Ramos convoque le récit biblique avec une scène majestueuse où, Achab enfant, se retrouve à errer dans une barque et à être recueilli par le pasteur Mulligan : le lien avec l'histoire de Moïse est alors évident (d'autant qu'Achab gardera toujours sur lui la Bible de sa mère). Le dernier endroit où se rend Achab est Nantucket City (sur l'île de Nantucket), bien connu pour avoir longtemps servi de base aux chasseurs de baleine.

L'histoire d'Achab est également celle d'une vie manquée sur le plan de ses relations avec les femmes (il faut se rappeler que dès le départ il a perdu sa mère, morte à sa naissance) : lorsqu'il est jeune, il aime la belle Louise mais il est trop jeune à l'époque et celle-ci se trouve avec son père et d'autres adultes. Lorsqu'il se retrouve orphelin, il a quelques difficultés avec Rose, sa tante, qui a alors décidé de le recueillir. Enfin, lorsqu'il se trouve à Nantucket City, il est soigné et aimé par Anna mais les choses ne se passent pas comme on pourrait l'imaginer.

Car forcément, Capitaine Achab en vient dans sa dernière partie à s'intéresser à la traque de la baleine blanche Moby Dick. A ce moment, comme dans le film de John Huston, on comprend que si Achab n'a pas réussi à s'établir sur Terre, c'est que cette baleine, qui lui a coûté une jambe, est pour lui une véritable obsession. Cette dernière partie donne lieu à de très belles scènes, lesquelles sont donc racontées par Starbuck, l'harponnier. Cette partie finit d'inscrire le capitaine Achab dans l'Histoire.

capitainea3On notera que Philippe Ramos a réalisé un film atypique, loin du film d'aventures traditionnel auquel on pourrait pu s'attendre. Capitaine Achab comporte de nombreuses zones d'ombre, notamment parce que les exploits d'Achab, qui passe de simple matelot à capitaine (et même un capitaine renommé), ne sont absolument pas montrés à l'écran. C'est un parti pris osé et intéressant. Par ailleurs, plusieurs scènes sont d'une grande poésie, et parfois tout bonnement oniriques, notamment lorsque Achab enfant s'endort et se réveille sous des ossements géants, près de l'océan ; ou encore lorsqu'il est représenté de manière gigantesque avec la mer à ses pieds.

Le film doit aussi sa réussite à son excellente bande son. Très éclectique, elle ne se contente pas de simples morceaux du répertoire classique.

Mais Capitaine Achab ne serait rien sans sa distribution irréprochable qui réunit de très grands acteurs français : Denis Lavant dans le rôle d'un Achab adulte attiré inmanquablement par l'océan et obsédé par Moby Dick ; Jean-François Stévenin dans le rôle d'un père assez rustre et exigeant envers son fils ; Dominique Blanc qui interprète Anna, une femme à jamais éprise d'Achab.

Au final, si Capitaine Achab peut paraître quelque peu austère aux yeux de certains, il n'en reste pas moins un film original quant à son récit et très réussi sur le plan esthétique.

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