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Déjantés du ciné
17 septembre 2020

Never rarely sometimes always d'Eliza Hittman

NeverrarelyTitre du film : Never rarely sometimes always

Réalisatrice : Eliza Hittman

Année : 2020

Origine : Etats-Unis

Durée : 1h42

Avec : Sidney Flanigan, Talia Ryder, Théodore Pellerin, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Deux adolescentes, Autumn et sa cousine Skylar, résident au sein d'une zone rurale de Pennsylvanie. Autumn doit faire face à une grossesse non désirée. Ne bénéficiant d'aucun soutien de la part de sa famille et de la communauté locale, les deux jeunes femmes se lancent dans un périple semé d'embûches jusqu'à New York.

 

En 2020, on pourrait croire que la liberté est de mise avec internet, le smartphone, la 4G, etc. Ces technologies montrent bien une évolution de notre société. Encore que, tout le monde n’a pas forcément fait le choix de l’ouverture l’esprit que laisseraient ces changements…

La cinéaste américaine Eliza Hittman a choisi un sujet très clivant aux Etats-Unis : le droit à l’avortement. Dans Never rarely sometimes always on suit la jeune Autumn, âgée de 17 ans, qui découvre fortuitement qu’elle est enceinte en se rendant dans un genre de planning familial. La jeune femme n’est pas franchement aidée et on est estomaqué par le manque d’objectivité du personnel médical. Entre des informations mensongères et une vidéo condamnant de façon très crue l’avortement, Autumn voit l’étau se resserrer autour d’elle.

 

Neverrarely2Que faire quand on a en outre la malchance de vivre dans une petite ville de Pennsylvanie où tout le monde se connaît et tout finit par se savoir ? Le choix de la Pennsylvannie est tout sauf anodin. C’est un des Etats les plus conservateurs sur le sujet de l’avortement. L’IVG doit être pratiqué par un médecin agréé. Quant aux mineures, elles doivent obtenir le consentement de leurs parents.

Rappelons que la majorité aux Etats-Unis est fixée à 21 ans. Autumn est donc loin du compte. Le film montre de façon très directe qu’une femme résidant dans cet Etat ne peut pas librement disposer de son corps. Cette démonstration de la cinéaste Eliza Hittman n’est pas seulement un fait de société, c’est également un argument politique fort. Notons que Donald Trump, briguant un deuxième mandat de président, est un farouche opposant à l’IVG et compte bien en fin d’année sur le vote des conservateurs. En faisant un film sur ce sujet, Eliza Hittman effectue un geste politique et une dénonciation sans ambages d’une société plus rétrograde que jamais.

Dans Never rarely sometimes always, la jeune Autumn, assistée par sa cousine qui l'aide dans ce moment difficile, n’a d’autre choix que de rejoindre New York pour tenter de se faire avorter. Evidemment, pour des gens vivant dans une petite ville rurale, on comprend aisément que ce voyage prend des allures de parcours du combattant. Surtout que l’argent ne coule pas à flots.

Arrivée à New York, Autumn est prise en charge par des gens qui s’occupent d’elle sans a priori. On va rapidement avoir droit à une des scènes les plus fortes sur le plan émotionnel, dont est tiré le titre du film. Une assistante sociale interroge Autumn par le biais d’un questionnaire où il convient de répondre si le cas évoqué s’est retrouvé jamais (never), rarement (rarely), sometimes (quelquefois), toujours (always). La caméra en gros plan sur le visage d’Autumn en dit long sur le vécu de la jeune fille, alors qu’elle éclate en sanglots sur les questions sensibles ayant trait à des abus subis. Le film d’Eliza Hittman, forcément orienté, invite tout de même le spectateur – même le plus conservateur - à se poser les bonnes questions. Un avortement est un acte fort mais que connaît-on du vécu des gens ? L’enfant est-il désiré, est-il le résultat d’un acte d’amour ? Il est évident que le film d’Eliza Hittman apporte une réponse très tranchée, qui est à la mesure de la douleur intérieure que supporte Autumn.

 

Neverrarely3Par ailleurs, le film amène à nous questionner sur une autre évolution : celle du sexe. La banalisation des relations sexuelles et la consommation excessive du porno fait perdre leurs repères aux jeunes. Tout cela n’est pas anodin et c’est sur ces dérives que l’on devrait travailler, plutôt que s’attaquer de façon brutale à l’IVG.

La réussite de ce drame vaut pour beaucoup à l’interprétation de Sidney Flanigan dans le rôle principal. Cette jeune actrice est épatante de naturel. On croirait vraiment qu’elle a vécu les événements supposés par ses longs silences et parfois son apparent détachement. Avec une économie de moyens, l’actrice fait parfaitement passer toutes les émotions qu’elle vit et la plongent dans une douleur insondable. On a vraiment de la peine pour elle. Preuve que son rôle est joué de façon remarquable.

Grand prix du jury de Berlin, Never rarely sometimes always est un film nécessaire sur le droit de toute femme à librement disposer de son corps. C’est aussi la description d’une jeune adolescente qui ne souhaite finalement qu’une chose : vivre tranquillement comme tout le monde, à l’abri de la violence du monde. Gageons que ce film amène à un changement salvateur des mentalités.

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