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Déjantés du ciné
17 septembre 2022

Alice sweet Alice d'Alfred Sole (critique film + blu ray)

alicesweet00Titre du film : Alice sweet Alice

Réalisateur : Alfred Sole

Année : 1976

Origine : Etats-Unis

Durée : 1h38

Avec : Linda Miller, Mildred Clinton, Paula E. Sheppard, Brooke Shields, etc.

Editeur : Rimini Editions

En édition collector blu ray + DVD + livret le 23 septembre 2022

Synopsis : Alice Spages, 12 ans, vit avec sa mère et sa soeur Karen, à laquelle elle adore faire peur. Karen s'apprête à fêter sa première communion lorsque son corps est retrouvé atrocement mutilé dans l'église. Certains pensent qu'Alice pourrait être à l'origine du meurtre, mais comment une enfant si jeune pourrait-elle commettre une telle abomination ? Pourtant, les meurtres se poursuivent dans l'entourage d'Alice.

Réalisé en 1976, Alice sweet Alice est un film qui s’inscrit dans la longue tradition des enfants démoniaques dont on peut citer Les enfants de Jack Clayton (1961), L’autre de Robert Mulligan (1972) ou encore Les révoltés de l’an 2000 (1976). A la différence près que Alice sweet Alice prend un malin plaisir à brouiller les pistes et peut être considéré aussi bien comme un proto-slasher, qu’un drame familial ou même une œuvre nimbée de fantastique. C’est immanquablement ce qui fait la force de ce film singulier.

alicesweet000Alice sweet Alice commence donc très fort avec le meurtre d’une enfant de 12 ans, jouée par une jeune Brooke Shields, le jour de sa Communion (c’est le titre original du film) dans l’enceinte de l’église. Voilà qui pose déjà une ambiance ! Et la suite ne se démentit pas avec un suspense constant. Et une question que l’on se pose constamment : qui peut bien être à l’origine de ces meurtres sauvages ? La petite Alice, une jeune fille espiègle et que l’on sent tourmentée ou une autre personne ? Les soupçons se portent notamment sur Alice avec le prêtre signalant pour sa part que « Alice a le génie de transformer une mauvaise action en accident ».

L’accoutrement du meurtrier est simple mais très efficace. Dans Halloween (1978), Michael Myers est affublé d’un mythique masque et on ne verra jamais son identité. Dans Alice sweet Alice le tueur est habillé d’un ciré jaune et également affublé d’un masque. Ces deux films ont d’ailleurs un autre point commun évident : ils jouent avant tout sur une atmosphère particulière.

S’il n’est pas John Carpenter, le réalisateur Alfred Sole a effectué un travail solide au niveau de la mise en scène : on constate un gros travail sur la profondeur de champ, sur le découpage des plans, rendant le film encore plus mystérieux et angoissant. Et que dire de la musique inquiétante, entêtante, dans un style rappelant les meilleures œuvres de Bernard Herrmann (le compositeur attitré d’Alfred Hitchcok). Autant d’éléments participant à l’ambiance particulière de ce film, marqué par des crimes réalistes et sanglants.

alicesweet0000Notons que Alice sweet Alice se démarque largement du tout-venant par sa grande richesse thématique. Le film n’y va pas par quatre chemins et critique sans vergogne l’église, et notamment le fanatisme religieux. L’omniprésence du prêtre, des croix et des personnes sous influence sont autant d’éléments à charge contre une religion catholique envahissante.

A cent lieux des codes établis, le film fait complètement exploser le mythe de la famille avec une mère divorcée dépressive, une enfant perturbée à la personnalité complexe (ah le dernier plan du film!) et une sœur également envahissante.

Le seul petit reproche que l’on peut faire à Alice sweet Alice est la découverte de l’identité du tueur alors qu’il reste encore près d’une demi-heure de film. Si la tension redescend d’un cran, le réalisateur compense en partie ce choix scénaristique avec une horreur psychologique accrue.

Du côté des acteurs, ils sont tous crédibles, faisant preuve d’un naturel confondant. Mention spéciale à la jeune Paula Sheppard dans le rôle de la troublante Alice. Elle participe évidemment à l’ambiance du film et à sa réussite.

Disparu des écrans radar depuis un petit moment, Alice sweet Alice est pourtant un film remarquable. On est même proche du chef-d’oeuvre avec cette œuvre angoissante dans la droite lignée d’Hitchcock et précurseur des slashers à venir. A voir et à revoir de toute urgence !

AlicesweetjaquetteCaractéristiques du blu ray édité par Rimini Editions :

L’image : une copie très belle et propre qui surpasse de toutes parts le DVD paru en 2009 chez Bach films. On redécouvre le film.

Le son : un DTS-HD 2.0 de très bonne facture tant en anglais (avec sous-titres français) qu’en français. La version originale est à privilégier, mais le doublage français est tout à fait probant.

Les suppléments : Un seul bonus mais de grande qualité. Gilles Gressard, écrivain et historien du cinéma, effectue une présentation du film pendant près de 24 minutes. L’érudition de cette personne fait plaisir à voir. On obtient moults informations, qu’il s’agisse du tournage du film, de sa typologie dans l’histoire du cinéma (l’enfant-monstre), les thématiques d’Alice sweet Alice et les acteurs. Pour une œuvre méconnue du grand public, on a droit à un bonus très complet qui constitue un complément idéal.

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