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Déjantés du ciné
7 mars 2023

Un beau matin de Mia Hansen-Løve (critique film + DVD)

unbeaumatin1Titre du film : Un beau matin

Réalisatrice : Mia Hansen-Løve

Année : 2022

Origine : France

Durée : 1h49

Avec : Léa Seydoux, Melvil Poupaud, Pascal Greggory, Nicole Garcia, etc.

Editeur : Blaq Out

Date de sortie en DVD : 7 mars 2023

Synopsis : Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu'elle s'engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps...

 

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2022, Un beau matin est sans conteste une des œuvres plus réussies de Mia Hansen-Løve, que l’on peut ranger aux côtés des excellents Le père de mes enfants (2009) et Un amour de jeunesse (2011). Mine de rien, cette jeune cinéaste commence à se faire une belle place au sein de la cinéphilie française, à tel point qu’elle a eu droit en septembre 2022 à une rétrospective à la cinémathèque française.

unbeaumatin2Avec Un beau matin, le spectateur se trouve en face d’une chronique touchante qui évolue au gré des saisons. L’influence de l’un des réalisateurs fétiches de Mia Hansen-Løve, Eric Rohmer, est évidente. D’ailleurs, le casting en est une preuve concrète. On retrouve un probant Melvil Poupaud qui a certes un peu vieilli mais donne tout de même l’impression d’être sorti de Conte d’été. Et puis il y a un acteur récurrent de Rohmer, le très bon Pascal Greggory. Pour rendre la pareille à ces deux acteurs, Mia Hansen-Løve a fait confiance à l’une des actrices actuelles les plus en vue, à savoir Léa Seydoux. On ne l’imagine pas forcément dans un univers rohmerien. Et pourtant, l’actrice est convaincante dans le rôle de Sandra, une jeune femme élevant seule sa fille et s’occupant d’un père de plus en plus dépendant (Pascal Greggory). Le hasard met sur sa route son amour de jeunesse (Melvil Poupaud), clin d’œil évident par son scénario au formidable Conte d’hiver de Rohmer et à son final réjouissant.

Par le cinéma, Mia Hansen-Løve cherche à se rapprocher de la vérité. Elle souhaite faire des films qui parlent de la vie. Et c’est effectivement ce dont parle Un beau matin. C’est un long métrage à l’image de la vie, avec des moments de gaieté (la passion amoureuse) et des moments plus difficiles (aider son père de plus en plus dépendant, symbole du temps qui passe). Avec un talent indéniable, Mia Hansen-Løve parvient à contrebalancer des moments de tristesse avec des instants de joie. A cette occasion, Léa Seydoux tient clairement un de ses meilleurs rôles. Elle est crédible à la fois en mère, fille et amante. Dans le rôle de Sandra, elle est habituée à être au service des autres avec son travail de traductrice/interprète, l’éducation de sa fille et donc l’accompagnement de son père. Sans aucun pathos, le film aborde la maladie neuro-dégénérative du père, enseignant émérite à la retraite, qui a bien conscience de ce qui lui arrive : « Cette maladie me punit dans ce que j’ai de plus cher : la lecture ». Comme à son habitude, Pascal Greggory est excellent. On n’a même pas l’impression qu’il joue un rôle.

unbeaumatin3Dans le même temps, ce beau matin met en avant la passion amoureuse qui gagne Sandra dans la relation qu’elle entretient avec son amoureux. Il faut voir à quel point cette femme irradie lorsqu’elle reçoit le texto tant attendu, alors qu’elle est dans le quotidien des transports en commun. La réalisatrice filme sans fards des scènes d’étreinte, d’excitation. Tout cela remplace des discours qui seraient totalement superflus. Beaucoup de choses ont lieu dans des non-dits.

Par l’ambivalence de son long métrage (alternance des bons côtés et des moments plus douloureux), Mia Hansen-Løve semble signaler au spectateur la nécessité de profiter de la vie et plus généralement de chaque minute de celle-ci, car tout cela est précieux.

Film simple en apparence, Un beau matin constitue une œuvre forte, délicate et à la portée universelle. En cela, la réalisatrice Mia Hansen-Løve continue de tracer son sillon au sein du cinéma français. C’est une digne héritière de Rohmer, à tel point qu’à l’issue de la projection, on a une forte envie de (re)voir Conte d’hiver.

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Caractéristiques du DVD édité par Blaq Out :

L’image : Elle est impeccable et rend justice à la belle photographie de ce film, qu’il s’agisse des scènes en extérieur ou à l’intérieur d’appartements parisiens et d’EHPAD.

Le son : Un son en dolby digital 5.1 (et en 2.0) tout à fait satisfaisant. On louera une nouvelle fois l’excellente initiative de Blaq Out de mettre à disposition des sous-titres pour les sourds et malentendants. Mais aussi l’option offerte de consulter le film en audio-description.

Supplément : Mia Hansen-Løve par Mia Hansen-Løve, une leçon de cinéma, animée par Frédéric Bonnaud et Bernard Benoliel, dans le cadre de la rétrospective Mia Hansen-Løve, à la cinémathèque française du 21 au 26 septembre 2022. Ce bonus permet d’apprendre de nombreuses anecdotes autour de Mia Hansen-Løve la cinéaste et de sa filmographie. Toutefois, ce bonus souffre de deux écueils : il est trop long (1h22) avec une interaction avec le public qu’au bout d’1h14. Par ailleurs, cette « leçon de cinéma » n’est pas en lien direct avec le film. Il eut été plus pertinent de faire un entretien d’une demi-heure avec la cinéaste Mia Hansen-Løve.

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