La belle verte de Coline Serreau (critique film + blu ray)

Titre du film : La belle verte

Réalisatrice : Coline Serreau

Année : 1996

Origine : France

Durée : 1h34

Avec : Coline Serreau, Vincent Lindon, Philippine Leroy-Beaulieu, Marion Cotillard, Claire Keim, etc.

Editeur : Tamasa Distribution

Date de sortie en blu ray et en DVD : 2 mai 2023

FICHE IMDB

Synopsis : Une extra-terrestre à moitié humaine atterrit à Paris. Elle a pour délicate mission d'user de ses pouvoirs spirituels pour combattre le stress et le surmenage de ses amis terriens...

Pour le grand public, la cinéaste Coline Serreau est principalement connue pour Trois hommes et un couffin, succès majeur de l’année 1985 avec plus de 10 millions d’entrées dans les salles de cinéma. Mais Coline Serreau est avant tout une cinéaste engagée qui s’attaque à notre mode de vie contemporain avec la comédie satirique La crise (1992) mais aussi avec la fable humaniste La belle verte (1996).

Ce qui frappe quand on regarde La belle verte, c’est l’incroyable modernité de son propos. En utilisant le genre de la comédie, Coline Serreau en profite pour égratigner notre société et ses nombreux travers. Pour ce faire, à la manière du Candide de Voltaire, elle interprète le rôle de Mila, une extra-terrestre qui a accepté de se rendre sur Terre pour étudier comment évoluent les humains.

La belle verte, qui donne son titre au film, n’est absolument pas la Terre (que l’on nomme d’ailleurs la planète bleue) mais la planète sur laquelle vivent les congénères de Mila. C’est une sorte de paradis perdu, où l’on vit de manière très simple en harmonie avec la nature. Les gens vivent près de magnifiques lacs et consomment les fruits de leur labeur. Pas de société hiérarchisée, pas d’asservissement de l’homme par l’homme. Pas de destruction de la nature (il n’y a pas de maison) et pas de consommation de viande. Avec de nombreuses années d’avance, Coline Serreau livre une fable écologiste où un autre mode de vie est envisagé. Ces extra-terrestres vivent d’ailleurs bien plus longtemps que les êtres humains. Et ils sont bien plus évolués car ils font marcher au maximum leurs sens au lieu de s’en remettre à des machines, à des ordinateurs, etc. Ces êtres peuvent communiquer par télépathie.

A l’opposé de ces gens, il y a donc les Terriens. Comme Candide, Mila est choquée par ce qu’elle découvre sur Terre. A travers son personnage, la réalisatrice et actrice principale Coline Serreau en profite pour mettre en avant les nombreuses plaies de notre société : pollution de nos villes, matérialisme des gens, société hiérarchisée où le but est d’être au-dessus des autres. Et puis en bonne humaniste, la cinéaste met en avant difficulté de communiquer les uns avec les autres.

Mila ne se contente pas d’observer les choses, elle souhaite les changer. C’est la raison pour laquelle elle « déconnecte » certaines personnes pour les remettre sur le droit chemin. Mila souhaite réveiller les consciences des êtres humains qu’elle croise pour les amener à réaliser ce qui est vraiment important.

Sous son apparente futilité de comédie drôle et décalée, voire loufoque par moments, La belle verte est avant tout un plaidoyer pour une société qui se doit de changer vers plus d’écologie, plus de partage, plus d’amour...car sinon elle va à sa propre perte. Le propos peut paraître utopique mais il a du sens. L’être humain doit être au cœur de nos réflexions. Et tout n’est pas encore perdu, le film via Mila faisant preuve d’optimisme : « Mon programme ne peut pas donner la bonté, ça vous l’aviez déjà avant. »

On constatera que la distribution du film comprend une belle brochette d’acteurs dont plusieurs ont explosé depuis. Vincent Lindon est excellent en chef de service d’un hôpital qui va redéfinir complètement son mode de vie et sa relation avec les autres grâce à la fameuse « déconnexion ». C’est le principal personnage du film avec Mila. A leurs côtés, on retrouve de jeunes Marion Cotillard et Claire Keim, alors à l’aube de carrières prometteuses. On compte aussi des personnages savoureux joués par Yolande Moreau, Patrick Timsit et Francis Perrin. Ce dernier est à l’origine de l’une des séquences les plus amusantes, avec une belle réflexion autour de notre société matérialiste.

La belle verte est une fable toujours d'actualité en 2023. Elle mériterait d’être projetée à l’école tant sa portée pédagogique est évidente. Elle vaut tous les discours du monde au sujet de l’écologie, de l’altruisme, de la communication entre les hommes. A voir et revoir de toute urgence !

Caractéristiques du blu ray édité par Tamasa Distribution :

L’image : L’image est très belle, que ce soit dans les séquences filmées en extérieur ou dans les appartements parisiens. L’image du film n’a jamais été aussi belle et la nouvelle restauration 4K est évidente.

Le son : il est très bien réparti dans l’espace et on entend très distinctement les acteurs et la musique ambiante du film. A noter que la bande originale est due à Coline Serreau elle-même.

Les compléments : L’éditeur Tamasa Distribution nous a gâté. Il y a pléthore de bonus. Dans L’histoire de la belle verte par Coline Serreau (25 mn20), la cinéaste revient sur La belle verte plus de 25 ans après le tournage de son film. On apprend notamment qu’elle avait commencé l’écriture de ce film en 1993 et qu’elle s’était beaucoup documentée avant de tourner. Le tournage a d’ailleurs été compliqué car il fallait gérer de nombreux acteurs et plusieurs lieux. On comprend que ce film est sans doute son plus personnel. Coline Serreau note que la conscience écologique a évolué depuis. Elle apprécie que les jeunes générations souhaitent le voir et l’apprécient.

Le second gros bonus de ce blu ray est un entretien avec Vincent Lindon (34 minutes 42) datant de 2003. Il évoque sa rencontre avec Coline Serreau et comment il a travaillé avec elle. Evoquant son métier d’acteur et la façon dont il l’appréhende, Vincent Lindon formille d’anecdotes et fait preuve de beaucoup d’humour.

Les fans de La belle verte seront également ravis d’avoir un bonus dédié à 9 scènes coupées (22 mn 55) et un making-of exclusif (15 mn 28) contenant les seules archives du tournage. Ces compléments s’achèvent avec les films-annonces de plusieurs films de Coline Serreau édités par Tamasa.