Retour à Séoul de Davy Chou (critique film + DVD)

Titre du film : Retour à Séoul

Réalisateur : Davy Chou

Année : 2023

Origine : France

Durée : 1h39

Avec : Park Ji-Min, Oh Kwang-Rok, Guka Han, Kim Sun-Young, Yoann Zimmer, Louis-Do de Lencquesaing, etc.

Editeur : Blaq Out

En DVD le 6 juin 2023

Synopsis : Sur un coup de tête, Freddie, 25 ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, où elle est née. La jeune femme se lance avec fougue à la recherche de ses origines dans ce pays qui lui est étranger, faisant basculer sa vie dans des directions nouvelles et inattendues.

Remarqué pour son premier long métrage de fiction, Diamond island, le réalisateur franco-cambodgien s’intéresse avec Retour à Séoul à la question des origines et surtout de l’identité. Pour ce faire, il s’est librement inspiré de la vie de Laure Badufle, une amie du réalisateur adoptée à l’âge d’un an en Corée.

Pour interpréter le rôle principal de son film, celui de Freddie, une jeune femme décidant sur un coup de tête d’aller en Corée du Sud, le pays où elle est née, Davy Chou a choisi une actrice non-professionnelle, Park Ji-Min, plasticienne de profession. Cette néo-actrice a forcément été sensible aux thématiques du film. Bien qu'elle n’ait pas été adoptée, elle est née en Corée du Sud puis est arrivée en France avec ses parents à l’âge de huit ans.

Sélectionné à Cannes en 2022 dans la section Un certain regard, Retour à Séoul évoque la situation de Freddie, une jeune femme qui a grandi avec son identité française et ne connaît rien de ses origines sud-coréennes. Le seul lien qui la rapproche à la Corée du Sud est son visage. Mais cela ne l’avance pas beaucoup dans un pays dont elle ignore la langue et les us et coutumes.

Avec Retour à Séoul, on pourrait s’attendre à une trame classique avec Freddie représentant un de ces enfants sud-coréens adoptés en France (dans les années 70 et 80) et décidant de découvrir leur pays d'origine par curiosité. Cela n’est pas du tout le cas. Le réalisateur Davy Chou prend un malin plaisir à prendre le spectateur à contre-pied.

Si Freddie part bien à la recherche de ses parents biologiques, les choses ne se passent absolument pas comme on pourrait s’y attendre. Le spectateur est finalement autant désorienté que Freddie. Cette dernière connaît a une relation contradictoire avec la Corée du Sud faite d’amour et de haine. Ce voyage en Corée n’est pas seulement un voyage dépaysant sur le plan géographique et culturel dans un pays inconnu, c’est aussi un voyage intérieur, susceptible de changer Freddie.

Partie à la recherche de ses parents biologiques, Freddie vit une relation complexe avec son père génétique. Encore une fois, bien malin celui qui pourra deviner la façon dont vont se passer ces « retrouvailles ». Si le film évolue (logiquement) sur un mode sérieux, le cinéaste n’hésite pas à glisser quelques notes humoristiques. Un exemple parmi tant d’autres, la scène du repas avec le père biologique de Freddie où la traduction est notoirement différente des propos véhéments de Freddie.

Retour à Séoul n’en reste pas moins un film sur la question des origines et sur le traumatisme que cela peut engendrer. Freddie est notamment obsédée à l’idée de retrouver sa mère. On sent que cette quête personnelle lui va droit au coeur et génère chez elle des sentiments ambivalents.

La réussite du film tient pour beaucoup à la composition de Park Ji-Min, qui est épatante dans le rôle de Freddie. On sent que cette actrice a donné beaucoup d’elle-même pour rentrer dans le personnage de Freddie. Elle parvient à faire passer toutes sortes d’émotions, à mesure que son personnage est heureux, malheureux, en colère. Sa prestation est d’autant plus remarquable qu’elle doit en plus interpréter son rôle à différentes époques.

Retour à Séoul confirme donc tout le bien que l’on peut penser de Davy Chou, même s’il est clair que cette œuvre est à réserver à un public cinéphile.

Caractéristiques du DVD édité par Blaq Out :

L’image : Elle est impeccable. Aucun défaut constaté.

Le son : Un son en dolby digital 5.1 et en stéréo tout à fait convenable. On appréciera une nouvelle fois que cet éditeur le fait que le film soit disponible en audio-description et qu’il y ait la possibilité de le visionner avec des sous-titres pour sourds et malentendants.

Les suppléments : le principal bonus est un entretien du réalisateur Davy Chou (30 mn07). Plutôt sûr de son fait, le cinéaste évoque ses intentions, ses influences multiples clairement réfléchies, les acteurs de son film mais aussi les différences culturelles entre la France et la Corée du Sud. De façon plus anecdotique, on a droit à deux essais de l’actrice Park Ji-Min (1mn22 et 4 mn51) et à trois répétitions de l’actrice (10 mn44, 1 mn46, 9 mn58) notamment la fameuse scène de danse. Ces essais et répétitions montrent l’évolution (importante) de son jeu d’actrice entre ses premiers pas et les scènes dans Retour à Séoul. Mais un entretien avec Park Ji-Min aurait été tout aussi pertinent.