Publicité
Déjantés du ciné
5 janvier 2024

Frankenstein créa la femme de Terence Fisher (critique film + blu ray)

FrankensteincreaafficheTitre du film : Frankenstein créa la femme

Réalisateur : Terence Fisher

Année : 1967

Origine : Royaume-Uni

Durée : 1h32

Avec : Peter Cushing, Susan Denberg, Thorley Walters, Barry Warren, Duncan Lamont, Alan MacNaughtan, etc.

Editeur : Tamasa Distribution

Film disponible uniquement dans le coffret Hammer tome 1, 1966-1969 l'âge d'or, édition 7 films en Combo Blu-ray & DVD limitée à 2000 exemplaires numérotés. En vente depuis le 31 octobre 2023

Synopsis : Au cœur de leur laboratoire secret, le baron Frankenstein et le docteur Hertz travaillent sur une expérience secrète : capturer l'âme d'un mort pour le transférer dans un autre corps.

 

En 1957, le studio Hammer acquiert une reconnaissance internationale avec l'excellent Frankenstein s'est échappé de Terence Fisher. Très logiquement, une suite a vu le jour en 1958, La revanche de Frankenstein, reprenant en grande partie la même équipe de tournage.

Frankenstein créa la femme (1967) constitue donc le troisième Frankenstein mis en scène par Terence Fisher près de dix ans après le premier film. Le cinéaste britannique y retrouve évidemment l'acteur-phare Peter Cushing dans le rôle du baron Frankenstein.

Même si cela peut paraître évident pour un grand nombre, il convient au passage de rappeler que le personnage de Frankenstein est bel et bien ce docteur fou et démiurgique et non sa créature.

Frankensteincrea1Avec Frankenstein créa la femme, on pourrait craindre à une redite en la matière. Pas du tout. Chef de file de la Hammer, Terence Fisher parvient brillamment à se renouveler. On le constate dès le début du film avec le baron Frankenstein, congelé, qui est ramené à la vie. Une façon évidente de signifier au spectateur que le monstre n’est pas forcément celui que l’on imagine.

De manière plus surprenante, le film élude totalement la scène de l’opération avec la création du nouveau monstre. On ne peut raisonnablement pas penser qu’il s’agit d’un oubli. Au contraire ce parti pris montre que les enjeux ont changé. Il est moins question ici de rapport à la chair que de rapport à l’âme.

Le baron Frankenstein est convaincu de pouvoir capturer l’âme juste après la mort avant de la transférer dans un autre corps. On le voit donc à l’oeuvre effectuer ses expériences. L’idée peut paraître farfelue voire ridicule mais dans un film fantastique tout est possible. Rien ne semble arrêter le baron Frankenstein qu’interprète brillamment un Peter Cushing à la fois sérieux et à l’humour typiquement anglais.

Cette nouvelle histoire autour de Frankenstein ne se limite pas à son aspect purement fantastique. Terence Fisher n’a de cesse durant la première partie du film de jouer la carte du mélodrame. Il tient son couple maudit avec Christina, jeune femme défigurée et Hans, jeune homme travaillant pour le baron Frankenstein, marqué à jamais par l'image de la mort de son père guillotiné.

Frankensteincrea2Bien qu’on ne l’attende pas forcément sur ce plan, Fisher en profite pour égratigner le rapport des classes qui se fait toujours au détriment des plus faibles. La parole des uns et des autres n’a clairement pas la même importance. Fisher montre bien ce rapport de domination, qu’il s’agisse de la scène de l'auberge ou lors du procès.

Le film fantastique n’est plus là uniquement pour distraire mais il a également pour but de montrer cette lutte acharnée des classes. Le résultat est implacable avec des répétitions dans le film (scènes d’exécution, suicides) prouvant le côté inexorable des choses et la difficulté de sortir de sa classe laborieuse.

A cet effet, c’est une très bonne idée que d’avoir choisi une femme – de surcroît très belle - pour endosser le rôle du “monstre”. On n’est pas habitué à voir une femme vengeresse et c’est peut-être une façon d’indiquer que la femme a besoin de s’émanciper (sans tuer des gens, évidemment !). D’ailleurs, dans ce Frankenstein créa la femme, il est intéressant de constater que le personnage de Frankenstein est quasiment éclipsé dans la deuxième partie du film par sa “créature”.

N’oublions pas que l’on se situe en 1967 et que la place de la femme dans la société est en train d’évoluer. Elle n’a plus rien à voir avec celle de 1957 qui marquait les débuts de Frankenstein version Hammer.

En somme, même si on ne l’a pas forcément vu arriver, avec Frankenstein créa la femme, Terence Fisher prouve qu’il a su évoluer avec son temps. Les considérations sociales, humanistes, mélodramatiques sont tout aussi importantes que le domaine fantastique. Peter Cushing trouve là un de ses meilleurs rôles et l’actrice Susan Denberg (ex miss Playboy en 1966), à la carrière éphémère, est tout à fait convaincante dans le rôle double face de Christina. Encore une belle réussite de la Hammer !

coffretHammer

Caractéristiques du blu ray édité par Tamasa Distribution :

Une édition remarquable sur le plan technique.


L’image
 : elle est impeccable. La hausse de niveau est impressionnante par rapport au DVD sorti en 2005 par Metropolitan/Seven7. Tamasa Distribution frappe fort.

Le son : le son est lui aussi très bon. Le film est disponible uniquement en version originale sous-titrée français, ce qui plaira aux puristes.

Les suppléments : Et Terence réinventa Fisherpar Nicolas Stanzik” (43mn48) constitue un complément idéal au film. Grand spécialiste de la Hammer, Nicolas Stanzik est l'auteur du premier ouvrage consacré en France à ce studio, “Dans les griffes de la Hammer” (2008). Comme à son habitude, Nicolas Stanzik fait preuve d’une magnifique érudition. On ne voit pas le temps passer pour un bonus durant tout de même près de 45 minutes. Nicolas Stanzik revient sur la place de ce Frankenstein au sein de la Hammer, les nombreuses originalités et thématiques du film. Il voit Terence Fisher comme un rénovateur des mythes. Il évoque également la dimension mélodramatique du film. Dans un autre bonus intitulé “Qu’on leur coupe la tête par Mélanie Boissonneau” (13mn55), cette autre spécialiste de la Hammer analyse dans le détail la scène de l’auberge avec les jeunes dandys. De façon pertinente, elle évoque l’oppression des riches sur les pauvres. Il y a pour elle dans cette scène des rapports de force et une domination sociale et quasi sexuelle. Les suppléments se terminent avec le film annonce (0mn35).

Publicité
Publicité
Commentaires
N
Merci pour votre retour. Je lirai avec plaisir votre critique de Frankenstein et le monstre de l'enfer.
Répondre
B
Revu du coup et c'est vrai que c'est un super film. L'intro avec ce gamin qui voit son père se faire guillotiner est saisissante et elle annonce la tonalité globale du métrage : désenchantée et hantée par la mort. J'adore les Frankenstein réalisés par Terence Fisher, ils exploitent le mythe à chaque fois sous un angle différent mais avec toujours ce goût raffiné pour le morbide. J'avais justement prévu de chroniquer prochainement sur mon blog le dernier opus de la saga : Frankenstein et le monstre de l'enfer.
Répondre
Déjantés du ciné

Site indépendant proposant plus de 700 critiques de films américains, asiatiques et européens, dans tous les genres (action, comédie, documentaire, drame, romance, fantastique et S-F, horreur, policier, politique, thriller, western, etc.)
Voir le profil de Tchopo sur le portail Canalblog

Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité