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Déjantés du ciné
15 janvier 2024

L'invasion des morts-vivants de John Gilling (critique film + blu ray)

linvasiondesmv0Titre du film : L'invasion des morts-vivants

Réalisateur : John Gilling

Année : 1966

Origine : Royaume-Uni

Durée : 1h30

Avec : André Morell, Diane Clare, Brook Williams, John Carson, Jacqueline Pearce etc.

Editeur : Tamasa Distribution

Film disponible uniquement dans le coffret Hammer tome 1, 1966-1969 l'âge d'or, édition 7 films en Combo Blu-ray & DVD limitée à 2000 exemplaires numérotés. En vente depuis le 31 octobre 2023

Synopsis : Dans un village des Cornouailles au XIXème siècle, une présence maléfique rôde à l'heure du diable, un fléau mystérieux qui tue inlassablement. Incapable de trouver la cause de ce phénomène, le docteur Peter Tompson demande de l'aide à son ancien professeur Sir James Forbes.

 

Réalisé en 1966 par le cinéaste britannique John Gilling pour le studio Hammer, L'invasion des morts-vivants a été conçu au départ comme un double programme avec Dracula prince des ténèbres qui en est la locomotive.

Doté d'un budget que l'on devine étriqué, L'invasion des morts-vivants reste malgré tout une oeuvre fort intéressante. A commencer par les nombreux points communs qu'elle possède avec un autre film de John Gilling réalisé juste avant L'invasion des morts-vivants, à savoir La femme reptile.

linvasiondesmv1Dans les deux cas, il est question d'une épidémie de morts mystérieuse dans un petit village. Par ailleurs, la dimension politique est présente avec une critique de  l'empire colonial britannique. La malédiction/vengeance découle des croyances de ces pays exotiques : Bornéo pour La femme reptile et Haïti dans le cas présent. On notera également que l'on retrouve sur les deux films une grande partie de l'équipe technique et même certains acteurs, à commencer par Jacqueline Pearce.

Mais le principal attrait de L'invasion des morts-vivants est qu'il livre une vision moderne du zombie. A l'époque, les films de morts-vivants ne sont pas légion et leur caractérisation est très différente de ce que l'on connaît aujourd'hui. Des films comme White zombie (1932) de Victor Halperin et Vaudou (1943) de Jacques Tourneur ont marqué leur temps plus par leur aspect historique et poétique avec des événements suggérés.

Avec L'invasion des morts-vivants, John Gilling met en scène des morts défigurés sortant de terre ce qui est novateur en 1966. On songe à du Lucio Fulci avant l'heure alors que George Romero n'a pas encore livré son chef-d'oeuvre, La nuit des morts-vivants (1968) qui révolutionnera la figure du zombie.

linvasiondesmv2En l'état, le film de John Gilling est tout à fait plaisant à regarder en dépit de deux faiblesses : un budget limité obligeant à faire preuve de trouvailles visuelles pour masquer ce problème et surtout un rythme plutôt lent au regard d'un scénario trop linéaire. Le cinéaste parvient globalement à compenser ces défauts grâce à une mise en scène dynamique et inventive. Même les néophytes en la matière pourront constater des choix de cadrage audacieux et le recours à nombreuses reprises à des gros plans. La mise en scène est parfaitement au service du récit et elle accroit cette ambiance mortifère.

De la même façon, la musique de James Bernard a un rôle fondamental à jouer. Dans les scènes horrifiques, on entend la musique monter crescendo comme si la peur et la mort se rapprochaient des protagonistes.

Autre élément remarquable : des maquillages très réussis. Les morts-vivants sont vraiment inquiétants avec leur aspect décharné qui en font des zombies modernes. Certaines scènes horrifiques sont remarquables. On peut citer une scène de décapitation étonnante et surtout la célèbre scène du rêve qui constitue la séquence la plus marquante du film. Le réalisateur John Gilling a fait preuve d'un savoir-faire indéniable entre des cadrages surprenants, l'arrivée progressive des morts sortant de leur tombe et des zooms sur leurs visages.

linvasiondesmv3Au niveau de la distribution, ce long métrage peut compter sur un très bon André Morell imposé par John Gilling à la Hammer. Dans un rôle comparable à un Van Helsing, l'acteur interprète parfaitement ce personnage de docteur (donc homme de science), toutefois sensible aux sciences occultes (magie noire, sorcellerie). Jaqueline Pearce joue à nouveau un personnage écorché comme dans La femme reptile. Et que dire de John Carson, excellent dans le rôle de ce trouble châtelain, que l'on pressent comme dangereux.

En fin de compte, en dépit d'un récit attendu et d'un budget limité, le cinéaste John Gilling parvient à capter son auditoire grâce à des scènes chocs et un travail magnifique au niveau de la mise en scène. Cela n'est certes pas un des meilleurs films de la Hammer mais c'est un film important par sa vision novatrice du zombie. A voir.

coffretHammer

Caractéristiques du blu ray édité par Tamasa Distribution :

Une édition remarquable sur le plan technique.

L’image : elle est magnifique. L'édition DVD de Seven7/Metropolitan sortie en octobre 2005 ne tient pas la comparaison. Toute la beauté des images de ce film très esthétique est à mettre au crédit de Tamasa Distribution.

Le son : le son est lui aussi très bon. Le film est disponible uniquement en version originale sous-titrée français, ce qui plaira aux puristes.

Les suppléments : Prémices du zombie moderne par Nicolas Stanzik” (35mn56) constitue un complément idéal au film. Grand spécialiste de la Hammer, Nicolas Stanzik est l'auteur du premier ouvrage consacré en France à ce studio, “Dans les griffes de la Hammer” (2008). ll évoque de manière très intéressante la figure du zombie dans ce film qu'il voit comme un chaînon entre les oeuvres des années 30/40 et La nuit des morts-vivants. Il revient également sur le cinéaste John Gilling, sur la distribution, sur les scènes mémorables du film et sur son aspect anti-colonial. Dans un autre bonus intitulé “Prédateur for ever...par Mélanie Boissonneau” (8mn27), cette autre spécialiste de la Hammer analyse dans le détail une séquence du film. Elle s'intéresse ici au personnage fourbe de Clive Hamilton, le châtelain, qui rend visite à Sylvia, la fille du docteur joué par André Morell. Mélanie Boissonneau montre bien comment Clive Hamilton envahit l'espace de Sylvia. Tout se passe au niveau de la mise en scène et on comprend parfaitement l'aspect chasseur de Hamilton, protagoniste plus ambigu que jamais. Les deux autres suppléments, proposent le film annonce (1mn49) et la restauration (3mn16) du film où plusieurs séquences avant/après montrent l'impressionnant travail de restauration qui a été effectué.

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Commentaires
N
Si vous avez en avez l'occasion, je vous conseille évidemment ce coffret Hammer. Le gain notamment sur la qualité de l'image est impressionnant. On a l'impression de voir un autre film !
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B
Ressorti mon DVD du coup et c'est vrai que c'est une production Hammer réussie qui offre quelques moments saisissants comme le plan sur le cadavre tombé du cercueil et évidemment la scène de cauchemar que n'aurait pas reniée George Romero. Ce film avec JE SUIS UNE LEGENDE version 1964 ont dû être les deux grosses influences qui ont amené à LA NUIT DES MORTS VIVANTS. Les décors sont envoûtants, les maquillages très réussis et Jacqueline Pearce est magnifique.
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